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Chômage : notions et réalités

Publié le | par TN-pige | Nombre de visite 324
Chômage : notions et réalités

"Sur une planète dont les dimensions et les richesses sont finies, tout processus exponentiel ne peut qu’être éphémère. La croissance de la consommation est en réalité l’équivalent d’une drogue ; la première dose crée l’euphorie, mais les suivantes mènent inévitablement à la catastrophe. Prétendre résoudre un problème, par exemple le chômage, par la croissance, c’est s’enfoncer délibérément dans une impasse." Cette longue phrase fut prononcée par Albert Jacquard. Il explique que s’attaquer aux symptômes du chômage n’est pas la meilleure solution, il faut plutôt emmagasiner l’énergie nécessaire pour découvrir les origines de ce mal. Selon le Bureau international du Travail, le chômage est une situation dans laquelle un individu recherche un emploi rémunéré, est en capacité d’exercer un emploi, mais ne peut pas entrer sur le marché du travail. En d’autres termes, l’individu se voit confronter à divers blocages malgré sa volonté de travailler. Aujourd’hui encore on fait référence aux théories keynésiennes et néo-classiques pour discuter des solutions concernant le chômage. Néanmoins, dans le contexte de crise actuel, il est difficile de déterminer la meilleure politique à adopter. Dans cet article, je vais vous éclairer sur les notions théoriques et l’évolution du chômage en Europe et en Turquie.

Notions théoriques

La situation de chômage est analysée par deux écoles. Chez les néo-classiques (libéraux), il s’agit de montrer que le chômage résulte d’un déséquilibre entre l’offre de travail et la demande d’emploi. Le marché du travail ne fonctionne pas de manière optimale, car des acteurs exogènes (extérieur) interviennent. En France par exemple plusieurs éléments sont à prendre en compte chez les libéraux pour justifier le chômage :

Tout d’abord, il y a le salaire minimum qui oblige les chefs d’entreprises à ne pas payer en déca de ce revenu (le SMIC en France).

Puis la pression des syndicats ne permet pas réellement aux entreprises d’adopter une flexibilité, élément qui leur permettrait de s’adapter plus facilement aux changements de conjonctures économiques.

Enfin, l’idée phare des néoclassiques est de dire que le chômage est volontaire, car un individu ne travaillera pas s’il estime que son travail ne vaut pas une certaine quantité d’argent.

Ainsi, dans cette école de pensée, on parle de chômage classique. La solution pour éviter ce type de situation serait qu’aucun acteur extérieur ne vienne se greffer au mécanisme du marché du travail. En ce sens, d’après les libéraux, il convient de laisser le marcher s’auto équilibrer jusqu’à parvenir à une situation de plein emploi.

La seconde vision du travail est keynésienne. À la différence des libéraux, Keynes dit que le travail n’est pas un coût pour l’entreprise, mais un revenu. En d’autres termes, il développe l’idée selon laquelle le travail permet à l’entreprise et aux salariés de survivre. D’après cette pensée, les entreprises vont embaucher s’ils estiment que la demande sera durable (c’est la demande effective). À ce titre, plus la demande effective sera élevée et plus l’entreprise sera enclin à embaucher. En effet, cette demande effective apporte des prévisions optimistes pour les entreprises qui vont embaucher satisfaire la demande. En matière de chômage, Keynes parle de chômage de sous-emploi. A cet effet, il va à l’encontre de la théorie néoclassique en disant que dans le cas présent, les individus veulent travailler, sont en capacité d’exercer une activité, mais ne peuvent pas entrer sur le marché du travail. La solution apportée par Keynes correspond à l’intervention de l’État. Il s’agit alors de déployer deux leviers. Le premier levier utilisé par l’État sera de permettre aux entreprises d’investir plus facilement et influer ainsi directement sur la production et l’emploi. Le deuxième levier consiste à favoriser la consommation des ménages pour permettre à la consommation de progresser au même titre que l’emploi. Si ces deux théories sont encore valables aujourd’hui, aucune n’a pris d’ascendance sur l’autre. Et dans nos sociétés contemporaines, ces deux types de chômages existent, mais il n’est pas aisé de prendre les bonnes décisions pour les contrer. Car bien souvent, les maux à l’origine du chômage sont encrés profondément dans la société, au point de ne plus pouvoir libérer le malade (la France) de cette douleur. C’est par exemple le cas du SMIC en France.

Le chômage dans les pays riches

En avril 2013, le bureau européen de statistique Eurostat a publié des chiffres plutôt alarmants. Ainsi, au sein de l’Union européenne le chômage touche 26 millions de personnes. Ces vingtaines de millions représentent près de 10.9% de la population européenne. Ainsi, avoir franchi le seuil psychologique des 10% est un signe de faiblesse politique et économique de l’UE. Cette progression du nombre de chômeurs s’est accélérée entre janvier et avril 2013 puisque le nombre de sans-emploi a crû de 76 000. En 2012, durant la même période le taux de chômage s’élevait à 10.2% et ce petit écart de 0.7 point traduit une hausse de 1.805 millions de chômeurs. Aussi, en janvier 2013, un nouveau record a été battu puisqu’on a atteint 12% de chômeurs dans la zone euro.La France a vu son nombre de chômeurs augmenter durant 24 mois consécutifs et le taux de chômage atteint aujourd’hui 10.8%. Quant à nos amis allemands, le taux de chômage est deux fois moins élevé, soit 5.4%.

Dans cette réalité inquiétante, on note particulièrement une situation de chômage pesante sur les jeunes. On s’aperçoit que 23.5% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. Soit 5,694 millions de jeunes qui recherchent un emploi. De facto, la promiscuité nous guette, car entre 2012 et 2013 le chômage des jeunes n’a cessé d’augmenter.Mais au sein même de l’UE on dénombre des inégalités bien particulières. En Grèce, la situation est plus qu’alarmante, car on compte pas moins de 58.4% de la population qui est au chômage. Et la situation n’est pas meilleure en Espagne avec 55.7%. Néanmoins, l’Allemagne reste le bon élève avec un taux de chômage des moins de 25 ans à 7.7%.

En turquie

L’institut turc de statistique a annoncé il y a une quinzaine de jours que le chômage avait atteint 10.5%, soit une hausse de 0.1% par rapport au premier trimestre 2012. Cette tendance souligne la bonne santé économique de la Turquie alors même que ses voisins européens connaissent une hémorragie. Tout cela dans un optimisme de grandes envergures, car la Banque Mondiale va continuer à soutenir la Turquie dans son évolution. Aussi, la coopération avec la Banque Mondiale entre 2012 et 2015 va permettre à la Turquie de bénéficier de 4.45 milliards de dollars. Cette somme va être déployée au titre de deux emplois. La première va légitimer la volonté de la Turquie de procéder à une hausse des revenus, cela va apporter un nouveau souffle au pouvoir d’achat et inciter les « chômeurs » à travailler. Quant au 2ième élément, il sera avant tout stratégique : la Banque Mondiale va conseiller la Turquie en réalisant des analyses structurelles et conjoncturelles afin d’apporter des conseils techniques en matière d’investissement et de création de richesse. Ces mesures vont apporter à la Turquie un support non négligeable dans le domaine de l’investissement et de l’emploi.

Entre janvier et mars 2013, le nombre d’actifs atteint 24.5 millions et le nombre de personnes à la recherche d’emploi augmente légèrement et s’élève à 2.88 millions. Néanmoins, Turksat ajoute que dans le secteur non agricole, le taux de chômage a atteint 12.9%, soit une hausse de 0.2% par rapport au premier trimestre 2012. Enfin, une dernière statistique optimiste : 51.3% des emplois entre janvier et mars 2013 ont été créé dans le domaine du service, secteur en pleine expansion en Turquie.

Le fil d’Ariane des écoles keynésiennes et néo-classiques est de déterminer les origines du chômage et de proposer des solutions. Cependant, dans un contexte international en évolution permanente certains éléments de ces théories commencent à prendre de l’âge. Aujourd’hui, l’Europe est le berceau du chômage des jeunes et il s’avère difficile de trouver une réelle solution à ce problème. Quand bien même chaque État déciderait d’intervenir de son côté, sans synergie des millions seront dépensés en vain. De plus, on constate que ce sont dans les pays en voie de développement que le chômage recule le plus. C’est le cas de la Turquie. Elle bénéficie à la fois d’une croissance favorable à la baisse du chômage, mais également d’un partenariat privilégié avec la Banque Mondiale. Ce sont deux éléments tributaires de l’émergence d’une économie où le chômage se stabilise.

Chers lecteurs, voici une citation d’Emmanuel Mounier sur laquelle méditer :

"Je n’existe que dans la mesure où j’existe pour autrui, et, à la limite : être, c’est aimer."

Ekinci Ender
Lien/Source : Blog Economie


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