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M. Talha Çiçek, War and State Formation in Syria : Cemal Pasha’s governorate during World War I, 1914-17, Londres, Routledge, 2014, p. 133 :
"(...) Cemal commença à créer des orphelinats pour les enfants arméniens. Dans un télégramme adressé à Enver [en 1916], il déclara qu’il était sur le point d’achever l’ouverture de deux orphelinats pour les Arméniens à Hama et Homs. Un autre orphelinat a été mis en service à Damas. L’orphelinat ouvert par Cemal le plus connu était l’orphelinat d’Ayntura, qui a été placé sous la présidence de la célèbre Halide Edib quelque temps après sa création. Des orphelins arméniens déportés en Syrie et des orphelins turcs qui avaient immigré d’Erzurum y étaient logés. Un examen plus attentif de cette institution aidera à clarifier la situation dans les orphelinats ottomans.
Ainsi qu’il ressort des mémoires d’Halide Edib , l’éducation à Ayntura n’avait pas pour but de donner aux enfants une conscience religieuse. Les activités de l’institution étaient plutôt laïques. Halide Edib ne décrit aucune cérémonie religieuse organisée dans l’orphelinat. Au contraire, il est évident dans ses mémoires que les enfants connaissaient leur propre identité nationale et religieuse. Parmi les activités menées à Ayntura, elle a mentionné la création d’un groupe de musique, l’amélioration des conditions physiques de l’orphelinat et le traitement des enfants malades. Les enfants n’ont pas été conduits, par exemple, à la mosquée et n’ont pas été circoncis. Le seul acte d’islamisation affectant ces enfants a été leur changement de nom avec des noms musulmans. Il n’y a pas non plus de preuves de la circoncision dans les autres orphelinats ottomans en Syrie. Si une telle action avait été entreprise, les consuls, qui rapportaient presque tous les détails du traitement des Arméniens, auraient envoyé des rapports à ce sujet. De même, les journaux et mémoires qui ont été traités dans la recherche de ce volume n’en ont rien dit. La seule exception à cela, ce sont les rumeurs qui sont parvenues aux oreilles de Dadrian au sujet de la circoncision d’orphelins à Damas et de leur transfert dans une mosquée. Cependant, si une telle action avait eu lieu, elle aurait probablement été signalée par un consul de la capitale provinciale de la Syrie. Par conséquent, il est douteux que ces orphelinats aient vraiment visé la conversion des orphelins arméniens en disciples idéaux de l’islam.
Il est raisonnable de conclure de toutes ces activités que le but ultime de Cemal concernant les déportés arméniens était de les intégrer dans la société syrienne, en les dispersant dans divers districts en tant que "minorités inoffensives". De cette manière, ils deviendraient des citoyens idéaux de l’Etat ottoman et ne mettraient pas en danger la formation d’un appareil gouvernemental unitaire et pleinement accrédité dans le domaine ottoman. Pendant les déportations et les installations , il a activement interféré avec le processus et amélioré les conditions des Arméniens. Dans ce processus, il est entré en conflit avec Talat Pacha , qui a adopté une politique d’ignorance délibérée envers les réfugiés arméniens [c’est rigoureusement faux : les preuves documentaires montrent abondamment que Talat s’est soucié de la sécurité et du ravitaillement des déportés]."
Voir également : Le gouvernorat de Cemal Bey (futur Cemal Paşa) à Adana (1909-1911)
La christianisation-grécisation forcée des enfants turcs musulmans par les stato-nationalistes grecs
Première Guerre mondiale : le problème des orphelins musulmans dans l’Empire ottoman
La gouvernance de Cemal Paşa (Djemal Pacha) en Syrie (1914-1917)
Cemal Paşa (Djemal Pacha), figure majeure de l’arménophilie turque
Les témoignages arméniens sur le "génocidaire" Cemal Paşa (Djemal Pacha)
Ali Fuat Erden et Hüseyin Hüsnü Erkilet : d’une guerre mondiale à l’autre
Première Guerre mondiale : les efforts pour ravitailler et aider les déportés arméniens
L’intégration scolaire et militaire des déportés arméniens
"Les" Arabes ont-ils vraiment "sauvé" les Arméniens ? Les exactions des bandes tribales arabes contre les Arméniens durant la Première Guerre mondiale et peu après Première Guerre mondiale : les épidémies (meurtrières) et les famines (d’origine criminelle) dans les territoires ottomans
Famines du Liban et de la Syrie : le témoignage du grand-père maternel de Walid Joumblatt
Bekir Sami Kunduh : entre racisme anti-arménien et pragmatisme