Au moins 14 membres d’un clan kurde ont été interpellés, soupçonnés d’avoir mis en place un vaste système d’escroqueries et fraudes aux prestations sociales dans le secteur du bâtiment en Alsace pour un préjudice d’environ 10 millions d’euros, a-t-on appris jeudi de sources proches de l’enquête.
C’est ce qu’affirme l’AFP, l’enquête, initiée par la sécurité publique du Bas-Rhin il y a plusieurs mois, a permis d’identifier une société basée dans la périphérie de Strasbourg, dirigée par « un gérant de paille », et qui employait les membres du clan.
Ces derniers négociaient des contrats de démolition de structures métalliques auprès de grands groupes, qu’ils sous-traitaient ensuite à des structures éphémères.
Ces sociétés sous-traitantes s’abstenaient de régler les charges et cotisations sociales, puis étaient vidées de leurs actifs et mises en liquidation judiciaire, selon un enquêteur. Comme les salariés avaient bénéficié, juste avant la liquidation, d’importantes hausses de salaire, ils pouvaient ensuite bénéficier d’indemnités conséquentes, versées par l’AGS, l’agence chargée de garantir les rémunérations des employés en cas de défaillance de l’entreprise.
« Le préjudice global pour les différents organismes dépasse les 10 millions d’euros », selon un enquêteur.
Un vaste coup de filet impliquant plus d’une centaine de policiers a permis lundi l’interpellation de 14 membres du clan à Strasbourg et dans l’est de la France, ainsi que du « patriarche » à Kehl (ville allemande limitrophe de Strasbourg), dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen, selon ces sources.
Un porte-parole du parquet d’Offenbourg (sud de l’Allemagne) a confirmé à l’AFP qu’un entrepreneur d’origine kurde de nationalité turque, âgé de 56 ans, avait été interpellé lundi à Kehl et écroué en attendant son extradition.
Plusieurs suspects devaient être présentés jeudi dans la journée à la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Nancy.
Plus de 60.000 euros, 5.000 francs suisses, des bijoux et des véhicules ont été saisis, ainsi que des comptes bancaires bloqués en Allemagne.
AFP