La ministre de l’Intégration se heurte à des réticences dans les milieux politiques comme dans la communauté turque pour imposer sa réforme

Elle est discrète. Peu d’apparitions, peu de déclarations… Aydan Özoguz a pourtant tout pour faire parler d’elle. À 46 ans, elle est ministre d’État en charge de l’Intégration, installée directement dans le bâtiment de la Chancellerie. Elle est la première personnalité d’origine turque à intégrer un gouvernement allemand. C’est une nomination « historique », s’étaient félicitées les associations turques en Allemagne. Et c’est à elle qu’est revenue la charge de mettre en œuvre la réforme de la double nationalité : une autre concession arrachée par la gauche à Angela Merkel lors des négociations de coalition. « Nous avons brisé un tabou », avait déclaré le président du SPD, Sigmar Gabriel, après avoir signé l’accord avec la chancelière.

Alors que Recep Tayyip Erdogan était reçu mardi à Berlin, le résultat est encore loin d’être acquis. Le sujet est sensible dans l’opinion. Côté conservateur, mais aussi au sein de la communauté turque. Le premier ministre turc avait déclenché un tollé en 2011 en dénonçant la « politique d’assimilation » allemande, comparée à un « crime contre l’humanité ». Il avait exhorté la communauté turque à apprendre d’abord le turc et ensuite l’allemand. Les conservateurs avaient répliqué sur le même ton. Aydan Özoguz sait qu’elle a encore beaucoup de batailles à mener pour faire aboutir son projet.

Depuis la réforme du Code de la nationalité, en 2000, les enfants d’immigrés bénéficient de la double nationalité jusqu’à 23 ans. À ce moment-là, ils doivent choisir s’ils conservent la nationalité allemande ou celle de leurs parents. C’est cette obligation que la gauche allemande voudrait abolir. Durant les négociations, c’est Aydan Özoguz qui a mené les discussions sur le sujet pour le SPD. La chancelière a cédé. Mais pas totalement… Dans le contrat de coalition, il est écrit que seuls les enfants qui « sont nés et qui ont grandi en Allemagne » pourront bénéficier de la double nationalité. Pour la frange la plus conservatrice de la CDU-CSU, un nouveau critère doit être introduit pour permettre l’obtention d’une double nationalité : celui du temps de scolarisation. Au SPD, on regrette que « de nouvelles barrières soient érigées ».

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