Serge Sarkissian, nommé premier ministre après dix années passées à la présidence, a annoncé lundi sa démission après plusieurs jours de manifestations anti-gouvernementales.

Après huit jours de manifestations hostiles, le premier ministre arménien, Serge Sarkissian, a présenté sa démission lundi alors que des milliers de jeunes étudiants continuaient à défiler dans la capitale Erevan, réclamant son départ.

« Je m’adresse à vous pour la dernière fois comme chef de l’État. Je quitte le poste de premier ministre. Le mouvement de la rue est contre moi. Je fais suite à vos exigences », a déclaré ce dernier dans un communiqué publié sur le site de la présidence. Peu avant, les autorités arméniennes avaient libéré le leader de la contestation, Nikol Pachinian.

Ce député d’opposition, un ancien journaliste de 42 ans, avait été arrêté la veille après avoir brièvement rencontré son adversaire dans un palace d’Erevan et lui avoir signifié qu’il n’avait plus la confiance du peuple. Le tête-à-tête avait tourné court, conduisant Sarkissian à faire procéder à de multiples arrestations. « Nikol Pachininan avait raison. J’avais tort », a finalement reconnu, vingt-quatre heures plus tard, l’ex-homme fort du pays.

Au pouvoir suprême depuis 2008 en tant que président de la République, ce dernier doit sa disgrâce à sa tentative de changer la constitution faisant de l’Arménie une république parlementaire avec à sa tête un premier ministre récupérant tous les pouvoirs autrefois dévolus au chef de l’État. La fonction présidentielle est actuellement occupée par Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec Serge. Dans la foulée, Serge Sarkissian s’était fait élire par le parlement le 17 avril, catalysant la colère de la rue et parmi elle de nombreux étudiants. Lundi, des jeunes militaires s’étaient même joints à la contestation, s’attirant des mises en garde de la part de l’État-major. Néanmoins, « le pouvoir n’a pas la possibilité d’utiliser la force. Sarkissian est devenu un facteur d’instabilité. Il n’a pas d’autre choix que partir » expliquait lundi matin au Figaro, Grant Mikaelian, analyste à l’Institut du Caucase.

Dans la foulée de la démission du premier ministre, les différentes fractions au parlement devront présenter leur candidat dans un délai de sept jours au poste de chef du gouvernement. Serge Sarkissian était le candidat de la majorité.

Source : Le Figaro