Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a mis en garde vendredi la chancelière allemande Angela Merkel contre toute velléité de bloquer l’ouverture d’un nouveau chapitre des négociations d’adhésion d’Ankara à l’Union européenne (UE).
Adhésion à l’UE : la Turquie met l’Allemagne en garde
« J’espère qu’elle va corriger l’erreur qu’elle a commise lundi (...) ou cela donnera lieu à des réactions », a déclaré M. Bagis devant la presse, faisant allusion aux déclarations de Mme Merkel déplorant la répression « beaucoup trop dure », selon elle, des manifestations antigouvernementales en Turquie.
« La Turquie n’est pas n’importe quel pays », a encore dit M. Bagis, cité par les médias turcs, déplorant une « manœuvre électoraliste facile » de la part de Mme Merkel à l’approche des élections législatives en Allemagne.
M. Bagis avait déjà mis en garde l’Allemagne jeudi en des termes particulièrement fermes. « Si Mme Merkel se cherche de la matière destinée à la politique intérieure pour ses élections, cette matière ne doit pas être la Turquie », avait-il déclaré, faisant allusion aux élections prévues le 22 septembre en Allemagne.
Berlin a convoqué vendredi l’ambassadeur de Turquie en Allemagne pour protester contre les propos jeudi de M. Bagis, et Ankara devait faire de même, par mesure de réciprocité.
Dans une déclaration publiée vendredi soir, le ministre turc des Affaires européennes a « regretté » la réaction de Berlin et s’est déclaré « déçu » par son attitude.
« Nous avons été déçus par la décision de l’Allemagne d’empêcher l’ouverture de ce (nouveau) chapitre des négociations », a déclaré M. Bagis, « nous estimons que notre sincérité nous impose d’exprimer notre déception ».
« Nous regrettons également de constater l’intolérance et la mauvaise interprétation de nos rappels sincères par nos amis allemands, qui critiquent injustement la Turquie en matière de liberté d’expression », a-t-il ajouté, avant de plaider pour que les deux pays dépassent leur différend.
A Odessa (Russie), où il se trouve en visite de travail, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a fait part de son « malaise ».
« Nous avons eu connaissance d’un blocage d’inspiration politique sous le prétexte d’arguments techniques », a indiqué M. Davutoglu à la presse turque qui l’accompagnait.
Le chef de la diplomatie turque a lui aussi brandi la menace d’une détérioration des relations euro-turques si Berlin persistait dans son refus. « Nous (...) prendrons les mesures nécessaires contre les pays qui feront en sorte d’interrompre les relations entre la Turquie et l’Union » européenne, a-t-il dit.
La chancelière a toujours affiché son scepticisme quant à l’aboutissement des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, entamées en 2005 et qui n’avancent que très lentement depuis, mais elle s’était montrée favorable en début d’année à l’ouverture d’un nouveau chapitre de négociations.
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