Pour le chef de l’Etat, ce déplacement qui succède à celui de François Mitterrand en 1992 et sera son premier à l’étranger depuis l’annonce de sa séparation avec sa compagne Valérie Trierweiler, doit être l’occasion de raviver une relation politique et surtout économique en panne.
D’où la présence à ses côtés de sept ministres, parmi lesquels Laurent Fabius (Affaires étrangères), Arnaud Montebourg (Redressement productif) ou Jean-Yves Le Drian (Défense), et d’une délégation de responsables économiques et d’entreprises d’une quarantaine de membres.
Nicolas Sarkozy avait fait de son hostilité à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne un argument de politique intérieure, provoquant la fureur du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Le vote de lois françaises reconnaissant les incidents de 1915 ou réprimant sa négation a également lourdement pesé sur la relation.
Une période de glaciation s’en est suivie, plombant aussi les échanges commerciaux. La part de marché française en Turquie a chuté de 6 à 3% entre 2009 et 2012 alors que cette puissance émergente a vu son PIB par habitant tripler entre 2002 et 2012. Sur ce point, explique-t-on dans l’entourage du président français, Paris entend donc se livrer à "un travail de rattrapage".
C’est le message que délivrera François Hollande aux milieux d’affaires turcs qu’il rencontrera mardi à Istanbul, à la deuxième journée de sa visite. Après une année 2013 plutôt fructueuse pour les entreprises françaises avec la conclusion de 15 milliards d’euros de contrats en Turquie, une série d’accords seront signés dans les domaines du nucléaire civil, des infrastructures ou de la lutte contre les contrefaçons.
D’autre part, Paris entend privilégier une relation "sincère, claire et directe". Le processus de négociation avec l’Union européenne ne pourra prospérer que si Ankara tient ses engagements "sur l’Etat de droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et le respect des libertés fondamentales", souligne-t-on encore à l’Elysée.
Au-delà de ces questions, nul doute que François Hollande sera interrogé sur sa position de principe à l’égard d’une future adhésion de la Turquie à l’UE. Jusqu’à présent, le président français s’est borné à constater que cette question ne se poserait pas concrètement pendant son quinquennat puisque les Européens ont exclu une adhésion avant 2020.
Membre de l’Otan, la Turquie est concernée au premier chef par les crises régionales et notamment le conflit en Syrie, l’Iran, l’Irak, et plus largement le monde arabe, le Caucase et Chypre, autant de crises dont François Hollande devrait également s’entretenir avec ses interlocuteurs turcs.