UN PETIT AIR TURCISANT DANS LE CALCIO.
Roma-Juventus 1-2. Une grosse affiche du championnat italien qui s’est conclue par une victoire turinoise au terme d’une rencontre très disputée. L’occasion de contempler les prouesses de joueurs internationaux de très haut niveau. Parmi ceux-ci, des patronymes rappelant la Turquie : Emre Can et Merih Demiral côté bianconero, Cengiz Under dans les rangs giallorossi. Avec notre attention retenue tout particulièrement par les deux derniers cités, tous deux internationaux turcs (Emre Can ayant opté pour l’Allemagne et sa ’’ manschafft ’’).
Rome, dimanche soir, Stadio Olimpico. L’A. S Roma a défié à domicile une Juventus peu impressionnée si l’on établit un bilan sommaire. Mais quand même bousculée par moments et rendue plus méfiante, malgré sa victoire et d’incontestables phases de jeu pertinentes. Une constante pour les deux équipes : l’apport spécifique du joueur turc.
Ce gros match, cette ’’ partitissima ’’, tout le monde l’attendait au pays de la mandoline et du catenaccio.
Deux grosses écuries du Calcio se sont vivement affrontées. Deux clubs qui font partie de l’histoire des champions d’Italie. La Juventus, sûre d’elle, a ouvert le score en terre romaine. Pour doubler la mise un peu plus tard sur un penalty de Cristiano Ronaldo. Mais le premier but n’aura pas échappé aux supporters turcs puisqu’il s’agit de l’œuvre de Merih Demiral. Un but plein de sang froid. De maîtrise. De talent. L’arrière central international turc a eu la vista et le placement nécessaires. Du vrai travail de pro aux abords des six mètres adverses. De l’offensif au défensif, Demiral a su y passer avec fulgurances quelques instants plus tard, stoppant à lui tout seul une attaque soudaine de Dzeko pourtant en bonne position pour créer ou lancer une égalisation romanista. Tout cela dans le premier quart d’heure de jeu. Hélas pour le bianconero ottoman, une mauvaise chute sur une action au cours de laquelle il s’est impliqué judicieusement mais dangereusement (une montée et un duel aérien dans la défense giallorossa) l’a fait sortir prématurément du terrain après la torsion de sa cheville gauche.Une blessure qui a fait un peu claudiquer la Juventus, tant l’apport du turc a été constant.
En face, dans le camp de l’équipe receveuse, est entré en jeu Cengiz Under. Là aussi nous avons assisté à une représentation de qualité, tant ce joueur est capable de s’adapter à différentes situations ou faits de jeu qu’il soit aligné d’entrée de match ou non.Outre ses indéniables qualités techniques, il a surgit parfois ou’ on ne l’attendait pas, parfois avec une simplicité éclairée.Un investissement qui s’est traduit dès les premières minutes d’exercice par des chevauchées succédant à des appels.Donc une alternance judicieuse de courses avec ballon et de jeu sans ballon.Sans forcément céder à l’attention de son habituelle facilité à effectuer des courses latérales, le jeune pensionnaire de la Roma nous a gratifié d’échanges intelligents avec Florenzi en dynamisant le plus souvent le coté droit. Cengiz Under a montré qu’il pouvait désormais agir aussi bien en tant qu’animateur que créateur. Pour preuve ses actions ponctuées de tirs(dont un très dangereux en fin de match) ou de passes à destination ses partenaires. Le meilleur aboutissement en a été son action personnelle illustrée par deux tentatives de but successives amenant le penalty transformé par Perotti. Et par là la réduction du score pour une équipe romaine reprenant espoir. Défaite quand même mais défaite avec les honneurs, grâce en partie à son joueur turc qui n’a jamais baissé les bras.
Le défenseur et l’attaquant de la Milli Takim ont apporté une très intéressante contribution à un match italien de premier plan. Tout en étant adversaires, ils ont finalement été unis pour prouver que les dernières prestations de l’équipe nationale turque de football ne sont pas le fruit du hasard.
L’Euro 2020 c’est dans un peu moins de six mois. Le temps pour eux de s’aguerrir encore plus. Et pour leurs adversaires de se méfier. C’est justement au Stadio Olimpico qu’Italie et Turquie s’opposeront.Ce stade où Demiral et l’international italien Zaniolo se sont blessés lors de ce match entre A. S Roma et Juventus. Tout un symbole. Tout un programme. Avant que la Turquie ne se mesurent à la Suisse et au Pays de Galles à Bakou, dans un stade dont le public sera certainement favorable. Ce duel entre turcs et italiens promet de donner le tempo de la compétition. Ce sera peut-être la plus grosse affiche du tournoi en ce sens qu’elle sera à la fois initiatrice et annonciatrice. Cengiz Under pourra servir de guide pour ses partenaires dans la Ville Éternelle.
Gianguglielmo /Jean-Guillaume LOZATO, professeur d’italien à L’ENSG et à International Paris School of Business,chargé de cours à l’Université Paris-Est. Auteur de recherches universitaires sur le football italien en tant que phénomène de société