Pour faire écho au succès du Printemps Français 2006 en Turquie, les Présidents de la République des deux pays ont décidé que 2009 verrait l’organisation d’une saison culturelle turque en France. Ce rendez-vous fera donc suite à la saison consacrée à l’Europe pendant la présidence française et précédera Istanbul 2010, capitale européenne de la culture.
Les relations entre les deux pays remontent au 16e siècle avec l’alliance entre François 1er et Soliman le Magnifique. L’ambassade de France en Turquie fut alors la première mission diplomatique permanente dans le monde et c’est à Istanbul que fut inventée la vie diplomatique telle que nous la connaissons encore aujourd’hui. La modernisation de l’empire ottoman, dès le début du 19e siècle, a largement puisé son inspiration dans l’exemple français. Les bibliothèques des Sultans, comme plus tard celle de Mustapha Kemal, père fondateur de la République, regorgent de livres en français. Les témoignages de l’ancienneté et de la force des relations entre les deux pays sont encore bien présents et visibles en Turquie, que ce soit dans l’architecture, les arts, la littérature ou dans l’éducation, avec des établissements bilingues plus que centenaires, tels que le Lycée Galatasaray, qui continuent à former les élites francophones de Turquie.
Au-delà de ce riche passé patrimonial, l’objectif de la saison culturelle 2009 est de faire mieux connaître au public français la vitalité et la diversité créatrice de la Turquie contemporaine. Elle a également pour ambition d’encourager les échanges à tous les niveaux et la reprise du dialogue entre les deux pays, non seulement dans le domaine culturel, mais aussi éducatif, scientifique, universitaire, commercial, touristique et gastronomique. La programmation débutera le 14 mars 2009 avec le lancement des manifestations organisées par Lille 3000 sur le thème d’Istanbul et l’Europe. Elle sera ponctuée par deux grandes expositions, au Louvre en avril, sur les textiles et les caftans du palais de Topkapi, en septembre aux Galeries Nationales du Grand Palais, sur l’histoire et la vie culturelle d’Istanbul. Dans l’intervalle, artistes et écrivains turcs seront présents dans nombre de festivals, centres d’art et institutions culturelles à travers toute la France. Cette riche programmation ne sera pas simplement une vitrine de la Turquie, mais fera largement appel aux coproductions et s’appuiera sur les collaborations de plus en plus nourries entre les communautés artistiques des deux pays. C’est sans doute là ce qui fera l’originalité de cette saison, et le public français pourra ainsi mieux comprendre la proximité des relations entretenues depuis des siècles par les deux pays, ainsi que l’intensité et la diversité de leur coopération aujourd’hui. Pour prendre, entre bien d’autres, des exemples extrêmes : qui sait que les musiques baroque et ottomane du 17e siècle peuvent être interprétées de concert, que les chorégraphes français recrutent des danseurs et des danseuses en Turquie ou que les compagnies d’assurance françaises y figurent parmi les toutes premières ? L’action concertée des deux commissaires généraux visera ainsi à mettre en lumière pour le plus large public qu’il n’existe pas de choc des civilisations entre la Turquie et l’Europe, que les deux sphères culturelles ne s’opposent pas comme l’Orient et l’Occident, mais ont toujours communiqué et continuent de le faire à travers d’innombrables échanges, que ce soit par la route des Balkans ou par celles de la Méditerranée. Par-delà son intérêt culturel et artistique, la saison turque 2009 en France est donc résolument tournée vers l’avenir et entend contribuer au dynamisme et à l’ouverture dans les relations entre les deux pays.
Stanislas Pierret
Arnaud Littardi
Commissariat général de la saison turque 2009