"La Turquie de l’Est reste encore largement sous estimée des voyageurs. Une réputation sulfureuse dans une zone géographique frontalière à l’Irak, la Syrie ou encore l’Iran rebute encore la plupart des touristes. Alors bien sûr, de nombreux voyageurs ont planifié cet été de se rendre en Turquie. A vous Istanbul, la Cappadoce, les plages ensoleillées du sud-ouest et Pamukkale ! Mais en poussant encore votre voyage à l’Est après la Cappadoce, c’est un tout autre pays qui vous tend les bras…
Statuts mystiques, lacs immenses, cratère volcanique, berceau de la religion musulmane ou encore capitale de la pistache, l’Anatolie vous réserve de nombreuses surprises !
1. Gaziantep : capitale de la pistache et des mosaïques
Arrivé à Gaziantep après la Cappadoce, vous aurez immédiatement l’impression de quitter les terrains « connus ». Ici, les habitants sont bien moins habitués aux touristes et les « tours operators » de Cappadoce semblent bien loin. Arrivé très tôt le matin à la gare routière, j’ai eu l’occasion de voir cette ville marchande se réveiller aux premières lueures. La Bazaar est bien plus authentique et coloré que celui d’Istanbul et les vendeurs bien plus chaleureux. Ici, vous devrez apprendre un mot et un seul : pistache, en turc Fistik. La région est une des plus importantes productrices au niveau mondial et les étalages sont impressionnants. Un vendeur nous a expliqué pendant près d’une heure et demie tous les rouages de son commerce, autour d’un thé, et il exportait des pistaches dans l’Europe entière ! Vous pourrez également goûter à la gastronomie de la ville dans l’un des nombreuses tavernes, réputées dans toute la Turquie.
Un autre aspect fascinant de Gaziantep réside dans sa collection de mosaïques datant de l’époque romaine. Une des plus belles au monde ! La pièce maîtresse de la collection est cette mosaïque représentant une gitane dont le regard est absolument fascinant. Je n’ai beau pas être un fan de vieille pierres, d’archéologie ou de mosaïques, je n’avais jamais rien vu de semblable au cours de mes voyages. Le musée est magnifique, immense et la scénographie très bien pensée, permettant aux visiteurs de se promener au coeur de vestiges romains extrêmement bien conservés ou restaurés. Et dire que toutes ces pièces ont failli disparaître lors de la construction d’un barrage !
2. Sanliurfa : ville pieuse
Gaziantep et Sanliurfa, bien que séparées de quelques dizaines de kilomètres, sont des villes au caractère radicalement opposé. Gaziantep est une ville vivante, marchande, dynamique quand Saniurfa est une ville pieuse, calme, discrète. Toutes deux sont situées à quelques kilomètres de la frontière Syrienne, elles ont cependant des architectures très différentes. Sanliurfa a un caractère moyen oriental bien plus prononcé. C’est un lieu de pèlerinage très fréquenté qui occupe une place particulière dans le coeur des musulmans de la région. Je garderai un souvenir marquant d’un diner pendant le ramadan, au milieu des habitants attendant l’appel du Muezin pour débuter le repas.
3. Mardin : joyaux de l’architecture musulmane au coeur de la plaine de la Mésopotamie
L’arrivée dans Mardin est originale. Bien installé dans un bus long courrier toujours aussi confortable, je trouve malgré tout que le temps est long. Les lignes droites à travers la plaine de Mésopotamie ne finiront donc jamais… Puis d’un coup, un haute colline, des S et l’arrivée dans une ville moderne et sans charme. Quelques minutes plus tard c’est en minibus que je continue de monter la colline. Le minibus finira par me déposer dans la vieille ville, au charme et au décor radicalement différents de ce que j’avais pu voir quelques minutes auparavant. Bien que les rues de Mardin étaient en totale rénovation au moment de mon passage, provocant un chaos sans nom dans la ville, je garde un souvenir ému de cette ville, ses couleurs, son architecture et surtout cette vue à couper le souffle sur les plaines. Les rues ombragées et vivantes du marché débouchent vers la grande mosquée au minaret impressionnant. En plus de cela, vous pourrez séjourner dans de nombreux palaces à un prix dérisoire en hors saison. Bienvenue dans les mille et une nuits !
3. Nemrut Dagi : statuts géantes pour monarque mégalomane
Découvert par hasard en 1881, cet étrange tombeau abrite les dépouilles d’un seigneur local et de toute sa famille. Situé au sommet d’un massif de moyenne montagne (2100 m d’altitude environ), on peut s’y rendre à pied depuis la première barrière du site (dur, dur, prévoir de l’eau) ou mieux en stop. Le site est vraiment magique au lever ou au coucher du soleil (choisir ou faire les deux si vous dormez sur place !). Les statuts sont vraiment mystiques, et plus la lumière décline en fin de journée, plus les couleurs enflamment les statues et les montagnes environnantes. Pour profiter du site à n’importe quelle heure, prévoyez de dormir sur place : la petite pension à l’entrée du site est tenue par une famille très chaleureuse, spécialisée dans l’élevage de …truites ! Cette option vous permettra de profiter autant que vous le souhaitez du site (sans passer par une agence qui vous pressera pour visiter les deux faces du mont).
Lac de van : cratères, traversée langoureuse et île mystique
Tatvan (à l’ouest) et Van (à l’est) sont les deux grandes villes qui entourent cet immense lac (plus de 100km séparent les deux rives). En été, la chaleur est intense et les montagnes aux alentours malheureusement peu visibles. Je pense que la meilleure saison pour visiter le lac et les alentours est le printemps pour profiter de paysages plus verdoyants, d’une meilleure visibilité et des nombreux sommets enneigés atteignant facilement les 3000 mètres d’altitude.
Malgré cela, il y a de vraies belles choses à faire dans cette région de la Turquie. J’en ai testé deux : le cratère du volcan Nemrut à Tatvan, magnifique et la traversée du lac en bateau public, une vraie expérience humaine !
Le volcan Nemrut de Tatvan est un des plus grands cratères « complets » du monde...
Assez difficile d’accès, ce cratère offre des paysages sensationnels à la fois lunaires et très verts au bord de deux grands lacs. Un bleu, qui s’étend à perte de vue et qui offre des eaux cristallines (un peu frisquette) et un vert, aux eaux plus chaudes et presque « pétillante » à cause des nombreuses petites fuites de gaz dûes à l’activité volcanique.
Le lendemain matin, après cette expérience inoubliable, rendez-vous sur l’embarcadère pour prendre le ferry qui permet, chose unique au monde, de faire passer des wagons du train qui relie la Turquie à l’Iran. Les wagons sont donc chargés à bord, ainsi que les passagers, et mettront près de 5 heures pour atteindre l’autre rive. Ce jour là, seuls quelques passagers sont à bord, et l’équipage nous a réservé un accueil mémorable, en nous offrant le thé, nous faisant visiter les moindres recoins du bateau, des cabines du personnel en passant par le poste de commandement…
Après avoir débarqué à Van, rendez-vous sur la mystique île d’Akdamar. Ne vous fiez pas aux abords de l’embarcadère, déposé le long d’une 2x 2 voies sans charme et prenez le bateau en direction de cette petite île[**. L’église arménienne a été magnifiquement restaurée et pourra constituer une belle introduction à l’architecture arménienne si vous voyagez peu plus au nord à Ani, où une ville entière compte des vestiges de ce genre*]. L’île d’Akdamar est très agréable et constituera une étape sympathique d’une demie journée. Prévoyez votre pique nique, et isolez vous dans un coin de l’île pour piquer une tête dans les eaux… salées du lac de Van. Ce n’est pas la mer morte, mais vous verrez, le coefficient de flottaison y est incroyable !
Le palais d’ishak pasa : aux confins de la Turquie
Le palais d’Ishak Pasa, un seigneur puissant de la région, constituait pour moi l’un des objectifs majeurs de ce voyage. Je me rappelle avoir parcouru un livre de photo sur la Turquie dans une belle librairie parisienne et m’être dit « un jour j’irai voir le palais d’Ishak Pasa ». M’y voilà donc après plus de deux semaines à parcourir la Turquie de l’Est. Situé à quelques kilomètres seulement de la frontière iranienne, il faudra d’abord vous rendre à Dogubayazit, petite ville sans grand intérêt. Vous pourrez ensuite monter au Palais en Minibus. Bien que la palais soit en rénovation (qui ne met pas forcément en valeur l’architecture originelle du lieu), la décoration intérieure y est absolument magnifique et la vue depuis le palais à couper le souffle (je crois que j’y consacrerai un jour un article à part entière).
Conseils pratiques pour réaliser un voyage en Turquie de l’Est
Sécurité
C’est la question qui brûle les lèvres de tout voyageur qui entreprend un voyage en Turquie de l’Est. Le ministère des affaires français étrangères déconseille à ses ressortissants de se rendre dans l’extrême est du Pays à cause des troubles politiques et militaires récurrents dans cette région, où s’opposent le gouvernement turc et le partie indépendantiste kurde. Nous sommes restés 3 semaines dans cette région, sans sortir des grands axes routiers et des principales régions/intérêts touristiques [**et nous n’avons pas eu le moindre problème*]...
Transports
• En avion : Vol Istanbul ou Ankara pour les villes de Gaziantep, Erzurum ou Van, qui seront de bonnes bases pour partir à la découverte de la région.
• En bus : les bus turcs sont très confortables et le réseau est extrêmement dense. Les tarifs ne sont pas donnés (compter 20 euros pour une nuit de bus par exemple).
• En train : depuis Ankara (la ligne Ankara / Istanbul est encore en rénovation)
Photos : Julien Routil, travel VOX.
Et vous, connaissez-vous la Turquie et cette région en particulier ? Avez-vous voyagé dans d’autres régions turques moins visitées qui méritent le détour ?"
Sources : Travel Vox