Une jeune française d’origine turque poursuit le maire de Villeurbanne qui l’avait spécifiquement convoquée lors de la campagne municipale de 2008, où elle était candidate, afin de s’assurer de sa position sur le "génocide arménien".
Le différend qui opposa Sirma Oran-Martz à Jean-Paul Bret, lors des élections municipales de 2008, se réglera donc sur le terrain judiciaire. Le maire de Villeurbanne comparaissait mardi 3 novembre 2009 pour discrimination.
En janvier 2008, alors qu’une liste d’union vient à peine d’être décidée entre le PS, le PC et les Verts, Jean-Paul Bret, tête de liste, convoque immédiatement Sirma Oran-Martz, candidate des Verts pour s’assurer que sa position « soit claire vis-à-vis du génocide arménien ».
« Poser la question à une personne d’origine turque et appartenant à une association franco-turque est la moindre des choses. », a-t-il expliqué hier dans une salle d’audience bondée de militants arméniens qui avaient répondu à l’appel lancée par les organiastions de lobbying arméniennes de France
Jean-Paul Bret reprend à son compte les propos des groupuscules arméniens et déclare, « certaines associations turques sont le bras armé du consulat turc pour ne pas reconnaître le génocide arménien de 1915 (officiellement reconnu par la France en 2001 » (NDLR:suite à de vastes campagnes de lobbying menées par les groupes arméniens en France auprès des élus). Le sujet qui lui tient à cœur, c’est principalement la communauté arménienne qui lui a assuré son arrivée au pouvoir.
Béatrice Vessiller, à l’époque chef de file des Verts, vient dire à la barre comment Sirma a vécu cette demande « stigmatisant ses origines », formulée à sa seule encontre sur 54 colistiers. La candidate a fini par "reconnaître le génocide arménien" au cours d’une réunion privée à laquelle participait Jean-Paul Bret.
Quelques jours plus tard, la candidate jetait l’éponge et se retirait de la liste des Verts.
A la barre, Sirma Oran-Martz se défend des propos racistes et diffamatoires dont elle est la cible : « Les associations dans lesquelles je milite œuvrent pour l’intégration et ne sont pas liées à l’Etat turc ». Et tient à dire à quel point cette affaire l’a traumatisé : « Je suis sortie de six mois de dépression le jour où j’ai déposé plainte ».
Son avocat, Me Morel, après une longue plaidoirie, a demandé « la reconnaissance de la culpabilité de Jean-Paul Bret dans cette discrimination en matière électorale ».
Fidèle aux pratiques nationalistes arméniennes et sans aucun scrupule, l’avocat de la défense a plaidé la relaxe et même demandé une condamnation pour constitution de partie civile abusive.
Le jugement a été mis en délibéré au 5 janvier prochain.