ATATÜRK par Ayten AKGÜRBÜZ

Revue de presse

REVUE DE PRESSE DU 25 AVRIL 2018

Publié le | par Dilek, Pakize | Nombre de visite 1745
REVUE DE PRESSE DU 25 AVRIL 2018

L’équipe tient à souligner que les informations émises dans cette revue de presse ne reflètent pas nécessairement son opinion. Elle s’adresse à un public qui souhaite connaître les sujets traités par les médias francophones relatifs à la Turquie.

Revue de presse du 24 avril 2018
©Turquie-News 2018

REVUE DE PRESSE DU 25 AVRIL 2018

23 Nisan

Lundi 23 avril était un jour férié en Turquie. Les médias francophones n’ont pas mentionné cette date importante pour les Turcs ; c’est regrettable.

Le 23 avril 1920 s’est tenue la première réunion de la grande Assemblée nationale à Ankara après la constitution du gouvernement, pour préparer la guerre d’indépendance. C’est l’acte de fondation de la future république, alors que la monarchie ottomane était toujours en place. Mustafa Kemal Atatürk a dédié cette date cruciale aux enfants qui est devenue la fête de la souveraineté nationale et de l’enfance car il proclamait « la souveraineté appartient aux enfants ».

Chaque année, à cette date les écoliers sont dispensés de cours et font des fêtes au sein des écoles. Des écoliers sont symboliquement élus ministre, député, maire… Les enfants défilent aussi dans les rues, des enfants viennent même de l’étranger pour participer à la fête.

Traduit par notre confrère Özcan Türk sur TURQUIE NEWS, l’historien turc Sinan Meydan dans le journal kémaliste Sözcü, revient sur l’historique de cet évènement. Il explique qu’ « Atatürk n’avait pas oublié les scènes de guerre terribles qui avaient meurtries les enfants ». Durant la première guerre mondiale dans l’empire ottoman, 16 mille enfants auraient été délaissés. A l’issue de la Guerre de libération, plus de 14 mille enfants étaient orphelins en Turquie. Atatürk aurait déclaré «  J’ai instauré la fête de l’Enfant pour que l’on garantisse le respect et la protection aux enfants. Il faut, coûte que coûte, empêcher de nuire aux enfants en profitant de leur vulnérabilité comme cela a été trop longtemps le cas. Les enfants ne doivent plus souffrir, être persécutés, ni subir des traitements inhumains ! Cette mesure que je prends doit être perçue comme un respect, une assurance pour le devenir du peuple turc. ».

L’historien souligne qu’à la suite de la création en 1921 de la Direction générale des services à l’enfance par Atatürk, afin de prendre charge les enfants abandonnés, sans-abris ou orphelins, plusieurs mesures et dispositifs ont été mis en place. La protection des enfants est inscrite dans la loi comme une responsabilité des pouvoirs publics, l’interdiction du travail des enfants dans les mines est désormais posée. Aussi, des écoles rurales, des dispensaires et des maisons de soin de la petite enfance, des maisons d’hébergements pour femmes et enfants, des campagnes d’informations et de sensibilisation dans les maisons du peuple (Halkevi) voient le jour, l’appareil médical est renforcé et la gratuité du système éducatif ainsi que la mixité obligatoire sont instaurés.

En 1938, grâce aux réformes d’Atatürk, le nombre d’écoles primaires a fait un bond de 217%, se réjouit l’auteur. L’accès à l’éducation et à la culture est central pour le héros de guerre et premier président de la république turque.

Mais Sinan Meydan se désole du triste constat actuel concernant la maltraitance des enfants, des mariages, d’une éducation archaïque.

Elections anticipées en Turquie

Un an après le référendum sur la réforme constitutionnelle, les électeurs turcs ont eu la surprise d’apprendre mercredi dernier que le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdoğan anticipait les élections présidentielles et législatives au 24 juin, normalement prévues pour novembre 2019. LA RTBF revient sur le référendum d’avril 2017. Le texte présente une révision de la constitution en dix-huit amendements : la suppression du poste de Premier Ministre, la nomination des juges et des procureurs par le président et la prolongation du mandat présidentiel de quatre à cinq ans. Après une campagne acharnée et de nombreuses irrégularités, 51% des Turcs votent oui, 49% non, souligne-t-elle.

Les médias francophones s’emparent de l’annonce présidentielle. Ils cherchent à comprendre et spéculent sur les raisons de cette convocation électorale. Malgré le démenti des dirigeants, des rumeurs d’élections anticipées circulaient, indique LE PROGRES, le journal régional lyonnais.

Après une rencontre avec le chef du parti ultranationaliste MHP, Devlet Bahçeli son allié électoral, le président a pris cette décision, explique RADIO CANADA. Le politicien Bahçeli, 70 ans, était autrefois très critique envers Erdoğan, se remémore LE NOUVEL OBS.

Cette annonce survient alors que la Turquie est confrontée à un contexte régional difficile, avec le débordement du conflit en Syrie, et à une situation économique délicate, avec des signes de surchauffe malgré une forte croissance précise LE MONDE. Ainsi la décision serait guidée par la peur estime LES INROCKS.

La presse turque affiche également son étonnement signale RFI, comme titre le journal de gauche Evrensel « panik atak » ou bien le journal kémaliste Sözcü, qui estime que le chef de l’État « se soucie de son fauteuil plutôt que de redresser l’économie ». Pour Cumhuriyet, ce sera un « vote sans démocratie ». Contrairement à la presse pro-Erdoğan qui se réjouit de la nouvelle comme Yeni Şafak, Star et tant d’autres.

LE POINT détaille les 5 raisons pour lesquelles le président turc a pris une décision « hâtive ». Il souhaiterait changer le système présidentiel au plus vite. Les sondages l’inquiéteraient. Il anticiperait un fléchissement de l’économie. Il prendrait de court l’opposition. Il mettrait à mal IYI parti, fondé il y a quelques mois par Meral Akşener, ancienne ministre de l’intérieur, pouvant être une rivale redoutable pour Erdoğan. Analyse partagée par l’ensemble de la presse francophone.

LA RTBF se demande si les élections sont gagnées d’avance. Le journaliste Mehmet Koksal affirme que « l’AKP n’a jamais fait 50% et donc pour la première fois Erdoğan doit faire 50 % + 1 voix. Ce n’est pas encore gagné surtout que l’opposition se prépare à grands pas." Et le dirigeant turc connaitrait une baisse de popularité, ajoute LIBERATION.

Mais, Soner Cağaptay, chercheur au Washington Institut est d’avis contraire dans CHALLENGES. Il estime qu’Erdoğan "a tous les atouts de son côté : la croissance économique, l’état d’urgence qu’il a utilisé pour réprimer l’opposition et un contrôle presque intégral de la presse". Le spécialiste de la Turquie, Didier Billion, chercheur à l’IRIS renchérit sur RFI. Il affirme que le chef d’état surfe sur cette mystique nationaliste. L’opposition, quant à elle, n’a pas d’alternative, elle a aussi du mal à faire front commun. Le journaliste Guillaume Perrier déclare que « le président ne peut pas perdre ces élections et que les scrutins ne peuvent plus être comme réguliers en Turquie. Si Erdoğan venait à être potentiellement menacé dans ces élections, ils auraient une réponse tout appropriée pour remporter ces élections. Il les remportera à n’importe quel prix ». Elles sont vitales pour l’avenir politique du dirigeant, insiste SLATE.FR.

Dans ce contexte d’état d’urgence en particulier, la plupart des médias prévoit la victoire d’Erdoğan qui lui offrirait un pouvoir presque sans précédent depuis la création de la République turque, il y a près d’un siècle, déplore CHALLENGES.

Ce contexte particulier inquiète également les parlementaires du Conseil de l’Europe informe BOURSORAMA. La commission chargée de veiller au respect des valeurs démocratiques a jugé que ces élections ne seront pas démocratiques sous l’état d’urgence, dans un climat "défavorable". Elle invite la Turquie à les reporter souligne le journal.

Malgré une vision pessimiste, l’opposition turque tente de se mobiliser tant bien que mal afin de faire front commun contre le président signale RFI. Pour permette à la formation politique de Meral Akşener de se présenter aux élections, quinze députés du principal parti d’opposition, le CHP, ont changé d’allégeance dimanche, devenant membres du Bon Parti (IYI parti) souligne la chaine.

La Turquie selon Erdoğan

Annoncé par LE FIGARO, France 5 a diffusé dimanche dernier, un documentaire d’Anne-Fleur Delaistre et d’Olivier Joulie. Il relate les débuts démocratiques du président turc Erdoğan jusqu’à sa dérive autoritaire à travers notamment de témoignage de ses proches, de journalistes, d’hommes politiques. Il apparaît que pour se défaire de l’emprise militaire ultra laïque, Erdoğan se rapproche de l’union européenne qui pourrait être un bon allié pour concrétiser ses ambitions politiques. Il change son champ lexical qui était très religieux afin de toucher plus de personnes explique son conseiller Hüseyin Besli. Erdoğan gagnant plus de pouvoir en réduisant le pouvoir de l’opposition, en contrôlant les médias et avec une très forte popularité, s’impose et rêve d’un pouvoir absolu. Le putsch raté de juillet 2016 donne l’occasion au chef d’état d’effectuer un purge sans précédent au sein de l’armée, des médias, de l’enseignement, d’emprisonner des artistes, des intellectuels, des militants de droits de l’homme.

Le quotidien a noté quelques inexactitudes vers la fin du film. Le film serait, selon l’article, « trop manichéen, ne contribue pas à la réflexion et laisse, in fine, le téléspectateur otage d’une lecture simpliste et anachronique ».

Atatürk ou comment lutter contre la radicalisation

Depuis mars, vous pouvez trouver dans toutes les librairies de France et de Navarre la bd « Le père Turc, à la recherche de Mustafa Kemal », parue aux éditions Glénat, illustrée par Lelio Bonaccorso et scénarisée par Loulou Dedola. Singulière, intéressante, poignante, efficace qualifie FRANCE NET INFO.

Afife, femme turque, libre, intellectuelle, chamane, d’un certain âge retrouve une partie de sa famille en France, dont son petit neveu. Ce dernier de 15 ans, déscolarisé, trainant avec des voyous, s’enferme dans un fanatisme religieux. A travers la vie romancée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République de Turquie, contée par Afife, l’adolescent découvre l’histoire de son pays d’origine et du peuple turc. La bd articule la grande histoire de la Turquie avec l’histoire d’un gamin issu de l’immigration turque en France, risquant d’être pris dans le piège de l’islamisme radical. Mustafa Kemal, par son œuvre, sera un antidote à la radicalisation. C’est pourquoi RFI se demande si la diaspora turque en Europe n’est pas trop sensible aux discours nationalistes et islamistes ?

Ce conte met en lumière ce qu’a été la Turquie, ce qu’a apporté Mustafa Kemal Atatürk, à savoir la volonté de se moderniser, la laïcité, les droits attribués aux femmes, un système égalitaire.

Dans l’émission Social Club de Fréderic Taddei sur EUROPE 1, le scénariste Loulou Dedola affirme que le général De Gaulle a été aussi influencé par Mustafa Kemal. Il reste avant tout un « entertainer », il explique néanmoins que la bd est « le regard porté de cette femme, l’héroïne, sur ce que représente le kémalisme pour les gens qui veulent s’émanciper ou ne veulent pas voir leurs droits reculer. Le kémalisme c’est l’humanisme ».

SOURCES :


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