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REVUE DE PRESSE DU 20 SEPTEMBRE

Publié le | par Dilek, Pakize | Nombre de visite 400
REVUE DE PRESSE DU 20 SEPTEMBRE

Par Dilek

Toute la presse francophone se réjouit de la libération du journaliste français Loup Bureau, incarcéré en Turquie depuis le 26 juillet dernier. Il est rentré à Paris dimanche 17 septembre, accueilli à Roissy CDG par sa famille, sa compagne et le ministre de la Culture Françoise Nyssen.

LE PARISIEN recueille les paroles de Loup Bureau à son arrivée à Roissy « Je suis très fatigué, mais content d’être là ». Néanmoins Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) rappelle "qu’il fait toujours l’objet de poursuites " et une éventuelle condamnation conduirait à un mandat d’arrêt d’Interpol et l’empêcherait de travailler dans le reste du monde.

Le journal régional SUD OUEST rapporte également les déclarations du journaliste, son entretien téléphonique avec le président E. Macron et le traitement qu’il a reçu en Turquie « Je n’ai pas été maltraité physiquement mais il y a eu des menaces, des intimidations. J’ai été en garde à vue pendant 6 jours avant d’aller en prison. C’est à ce moment là où ça a été plus compliqué », tandis que son père, Loic Bureau donne une version différente des faits « La semaine de garde à vue, il a été traité comme les prisonniers kurdes, donc il a subi des sévices physiques et psychologiques. A partir du moment où il était en prison, les choses se sont normalisées".

Sur RTBF , la radio belge, les avocats du journaliste, Martin Pradel, Rusen Aytac estiment que le combat doit se poursuivre car l’accusation de terrorisme n’a pas été levée. "Nous saluons l’action de la France, et des personnes qui dans l’ombre (ou non) agissent en son nom", ajoute Martin Pradel.

LA CROIX attribue l’arrêt de la détention à la visite à Ankara du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, jeudi 14 septembre. Cependant, la Turquie n’a pas clos le dossier, l’accusation de terrorisme demeure se désole le journal. Il est toujours soupçonné d’appartenance au YPD. LA CROIX rappelle que la Turquie "reste 155ème au classement RSF sur la liberté de la presse, avec près de 170 journalistes encore détenus, parmi lesquels les 17 journalistes du quotidien Cumhuriyet, dont le procès, a repris le 11 septembre."

LIBERATION donne aussi cette information. Selon le site internet P24, spécialisé dans la liberté de la presse, quelques 170 journalistes sont détenus en Turquie. Il précise que le procès de 31 personnes travaillant pour le journal Zaman, fermé pour être le media pro Fetullah Gulen accusé d’être l’instigateur du putsch manqué de juillet 2016 a débuté ce lundi à Silivri, près d’Istanbul.

Inscrit sur la liste de l’Europe, des Etats Unis et de la Turquie comme organisation terroriste, force est de constater que les médias francophones n’emploient jamais le terme terroriste pour qualifier le PKK.

LE FIGARO nous informe que les forces armées turques ont commencé ce lundi 18 septembre des manœuvres à la frontière de l’Irak, en soulignant que dans une semaine se tiendra le referendum pour l’indépendance du Kurdistan irakien. Redoutant l’effet contagieux, Ankara n’est absolument pas rassurée par ces élections. Elle craint pour la sécurité nationale du pays. En Turquie se trouve la population kurde la plus importante de la région d’où ses inquiétudes quant à des tensions éventuelles et des violences intensives du PKK en fonction des résultats du scrutin. De même, les Etats Unis ne seraient pas en faveur et demandent aussi de renoncer à ce référendum.

L’ORIENT LE JOUR , le site francophone libanais rappelle les 40 000 victimes du PKK depuis 1984 date à laquelle le PKK a commencé ses attentats. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a estimé par ailleurs que le référendum sur l’indépendance du kurdistan irakien serait une "très mauvaise chose". Malgré tout la Turquie entretient de bons rapports commerciaux avec Erbil.

Le quotidien belge LE SOIR nous apprend que la Turquie a convoqué l’ambassadeur d’Allemagne suite à une manifestation de sympathisants du PKK organisée à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré à ce propos : « Nous condamnons l’autorisation donnée à l’organisation d’un événement par les antennes en Allemagne du groupe terroriste PKK, et leur propagande de la terreur aujourd’hui à Cologne ».
Le journal souligne que les relations entre Berlin et Ankara ne cessent de souffrir depuis le putsch raté de juillet 2016.

LA TRIBUNE DE GENEVE , le quotidien suisse ajoute que « selon l’agence de presse turque Anadolu, environ 3000 sympathisants du PKK ont défilé à Cologne samedi pour réclamer la libération du chef du PKK Abdullah Öcalan, toujours emprisonné au large d’Istanbul. Les Turcs désapprouvent cette manifestation en déclarant « l’approche déséquilibrée adoptée par l’Allemagne vis-à-vis de la lutte mondiale contre le terrorisme est préoccupante. Nous appelons l’Allemagne à afficher une position de principe face à tous les types de terrorisme ».

Procès et arrestations continuent en Turquie

L’EXPRESS rend compte du maintien en détention de deux enseignants, grévistes de la faim. Nuriye Gülmen, une universitaire de 35 ans, et Semih Özakça, un enseignant de 28 ans font partie des plus de 140.000 personnes limogées par des décrets-lois émis dans le cadre de l’état d’urgence instauré après le putsch avorté du 15 juillet 2016. Ils sont accusés d’appartenir à un groupuscule terroriste, le DHKP-C, classé terroriste en Turquie et aussi par l’Union européenne et les Etats-Unis. Les accusés ne pouvaient être présents pour leur procès en raison de leur santé déplorable. Néanmoins des personnes se sont rassemblées pour exprimer leur soutien et leur solidarité envers les deux enseignants. "Ces gens tentent de nous faire croire qu’ils s’occupent de Nuriye et Semih en prison, mais ils ont peur que l’on puisse voir leur véritable état", affirme Yasemin Barlas, l’une des manifestantes.

RFI reprend aussi cette information et précise qu’une partie des avocats des accusés a été arrêtée aussi. L’universitaire et l’instituteur ont entamé une grève de la faim en mai dernier en pleine rue de la capitale turque pour contester leur radiation de l’Education nationale.

Dans LE FIGARO , on apprend que Celal Çelik, l’avocat du Kemal Kılıçdaroğlu, leader du CHP, principal parti de l’opposition turc, a été arrêté le 15 septembre dernier à Ankara selon l’agence progouvernementale Anadolu. Ancien juge, Mr Çelik serait proche de de Fatih Gürsul, l’un des principaux conseillers du leader du CHP, lui-même arrêté en décembre car soupçonné d’appartenir au réseau du prédicateur Fethullah Gülen. M Kılıçdaroğlu qualifie les purges du président turc de "coup d’Etat civil". « Une disgrâce pour la démocratie », « une éclipse de la raison », propos de M. Kılıçdaroğlu, recueillis sur la station française RFI .

L’avocat a démissionné de son poste à la Cour de cassation en 2011 avant de rejoindre le comité de discipline du CHP et a déclaré que le droit était « mort » en Turquie, précise la radio. Elle ajoute que ces pratiques sont devenues quotidiennes avec les arrestations de plus de 50 000 personnes et le limogeage de près de 110.000 fonctionnaires cette année.

Un article d’ Ariane Bonzon, spécialiste de la Turquie sur SLATE.FR , magazine en ligne, est consacré à un intellectuel turc d’origine arménienne, Sevan Nisanyan. Le personnage est atypique, de par son parcours et son caractère. Formé dans les universités américaines de Yale et Columbia, Sevan Nisanyan a plus d’une corde à son arc, il est à la fois informaticien, linguiste (a écrit un dictionnaire étymologique entre autres), auteur de plusieurs guides de voyage, expert en rénovation d’habitat traditionnel et hôtelier.
Mais ce personnage est plus connu ces derniers temps pour s’être évadé de la prison turque vers la Grèce, pays et culture qu’il affectionne ; en lançant sur tweeter « L’oiseau s’est envolé. Souhaitons la même chose aux 80 millions (de Turcs) qui restent  ». Il reconnait néanmoins que les autorités l’ont laissé s’enfuir. Dans son interview, l’intellectuel raconte son parcours de vie et revient sur son expérience dans l’univers carcéral où il a fait des allers retours « Les Kurdes et les gitans sont assez bien organisés mais ce sont les islamistes qui le sont le mieux. Les prisonniers sont encouragés à faire la prière et à suivre les cours de Coran, seule activité proposée. Des profs de religion sont toujours disponibles pour les détenus. Ils constituent les seuls intervenants de l’extérieur autorisés à entrer dans les chambres ou les dortoirs. » Il déplore aussi bien l’islamisation des prisons turques et l’ultra modernisation avec un personnel compétent mais qui les rendent inhumaines "La plupart des prisons turques ont été modernisées. Le personnel est jeune et bien formé. Tout est prévu dans le moindre détail. Ce nouveau système a été mis en place selon les normes européennes. Mais il est psychologiquement bien plus destructeur. Car il n’y a plus de flexibilité : tout est codé, inscrit. Avant, il y avait un espace pour des initiatives personnelles, où s’engouffraient certes du marchandage et de la violence mais qui était préférable à la situation actuelle qui ne laisse aucune place à l’initiative humaine ».

La Turquie doit rester un partenaire privilégié malgré Erdogan

L’éditorial du MONDE suggère que L’UE, malgré les nombreuses provocations du président turc, doit continuer à composer avec car c’est une figure incontournable. Il rappelle que depuis que le putsch avorté de juillet 2016, la Turquie devient de plus en plus répressive, Recep Tayyip Erdoğan réduit au silence toute voix qui s’oppose à lui. Bien qu’il y ait aussi une certaine hypocrisie de la part de certains pays européens reconnait l’éditorialiste, il considère que le dirigeant turc s’éloigne de l’Europe. Cependant l’Europe ne peut et ne doit pas se couper de la Turquie, elle est un partenaire clé. Il poursuit : " Elle compte par la richesse de sa culture l’infinie beauté du pays et la merveilleuse complexité de l’identité turque ». Il met en avant également que 50% de Turcs ont voté non lors dernier référendum sur la constitution.

C’est l’une des raisons, souligne LIBERATION , de la visité diplomatique à Ankara du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, invité par son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu. Il s’est entretenu avec le chef d’Etat et le chef de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu. La diplomatie française souhaite malgré tout maintenir les liens et communications avec la Turquie.

RFI se penche sur un sujet sensible, l’inceste en Turquie, en se référant à une chronique de Melis Alphan, journaliste au quotidien Hurriyet. Célèbre pour écrire régulièrement sur les violences faites aux femmes et aux enfants, elle a soutenu que 40 % des Turcs avaient été victimes d’inceste. Suite à son écrit, la journaliste a reçu des menaces, ce qui indique que le sujet, si douloureux soit-il, est vraisemblablement tabou en Turquie et appelle la société à débattre. Il apparait également qu’il n’y a pas de chiffres officiels mais des études (fédération des associations des femmes de Turquie) sur lesquelles la journaliste s’est appuyée pour son article.

Il est rappelé que le code civil turc interdit le mariage entre membres d’une même famille jusqu’au deuxième degré de parenté. Le Code pénal aggrave la peine des agresseurs sexuels lorsqu’ils ont un lien de parenté avec leur victime. Pour l’instant aucun membre du gouvernement n’a réagi à cette affaire, bien que des députés, même de l’AKP, souhaitent une pénalisation de l’inceste.

Sources :


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