L’équipe de Regard sur les Ouïghour-e-s a l’honneur de vous présenter la première revue bilingue franco-ouïghoure. Soutenue par l’association a-politique, a-religieuse et a-syndicale Oghouz, notre revue vous propose un regard à la fois singulier et pluriel sur l’actualité de la culture – au sens large – du peuple ouïghour. Mais peut-être avant d’introduire la revue et son premier numéro pourrions-nous présenter celles et ceux qui seront au centre de nos questionnements : les Ouïghour-e-s. Ceux et celles-ci sont un peuple résidant au Nord-Ouest de la Chine, dans une région qu’on nommera Xinjiang ou Sin-Kiang du côté chinois et Ouïghourie ou encore Région Ouïghoure du coté ouïghour (l’article de Stéphane de Tapia nous éclairera sur les enjeux de ces différentes dénominations). Bien que vivant dans l’Empire du Milieu, les Ouïghour-e-s ont une tradition bien plus proche de celle des pays d’Asie centrale que de la Chine. Turcophones et musulman-ne-s, utilisant un alphabet arabe, ils et elles habitent les oasis entourant le désert du Taklamakan, étape incontournable de ce qui fut la Route de la Soie.
Objets de multiples convoitises, ces oasis furent, tout au long d’une tumultueuse histoire, au centre de nombreuses conquêtes et de non moins importantes migrations. La culture ouïghoure est le fruit d’un brassage ethnique, culturel et religieux pluriels. Le plus souvent méconnue par le public français alors même qu’elle occupe une place centrale dans l’histoire de l’Asie, aujourd’hui menacée par la déculturation, c’est de son exceptionnelle richesse que nous aimerions rendre compte dans ce trimestriel naissant.
Notre ligne éditoriale se veut le reflet de cet éclectisme. Organisée en plusieurs rubriques, la revue Regard sur les Ouïghour-e-s se lit de gauche à droite en français et de droite à gauche en ouïghour. Les deux parties, comme les deux cultures, se rejoindront au milieu de la revue sur une œuvre graphique réalisée par un-e artiste ouïghour-e (bande dessinée, manga, etc.). Et plutôt qu’un premier numéro introductif et généraliste, nous avons choisi de rentrer immédiatement dans le vif du sujet : vous proposer les premiers morceaux d’une mosaïque d’articles à la croisée des domaines de recherche.
En effet, les contributions naviguent entre passé et présent, architecture et littérature, grande Histoire et petites histoires, articles sur la culture ouïghoure et productions culturelles (extraits du travail du mangaka Rahmanjan proposant un certain regard sur l’histoire ouïghoure ou encore extraits du manuel d’apprentissage de l’ouïghour à destination d’un public francophone). L’un des objectifs de Regard sur les Ouïghour-e-s réside en effet dans l’actualisation contemporaine de ce qui a fait et fait encore la richesse culturelle ouïghoure : résider au carrefour d’influences multiples et permettre leur rencontre. A cet égard, le choix du bilinguisme n’est pas neutre : notre revue se veut à la fois être le vecteur d’une meilleure connaissance des Ouïghour-e-s à l’égard d’un public francophone mais aussi une mise à disposition du travail de chercheurs et chercheurses français-e-s sur les Ouïghour-e-s à destination de celles-ci et ceux-ci. En effet, la recherche sur les Ouïghour-e-s en France comporte peu de publications alors qu’elle intéresse, outre les spécialistes, les étudiant-e-s turcophones, les chercheur-euse-s ayant pour objet général l’Asie centrale et la Chine ainsi que les Ouïghour-e-s de la diaspora. En ce sens, cette publication vise à combler un réel manque dans le champ des publications françaises et internationales.
A l’aube d’une nouvelle aventure franco-ouïghoure que nous sommes fiers et fières de partager avec vous, nous vous souhaitons une excellente lecture.
par Dilnur Polat
La rédaction de Regard sur les Ouïghour-e-s