Les membres et le mandat du « groupe de réflexion », créé à l’initiative de Nicolas Sarkozy afin de réfléchir à l’avenir de l’Union Européenne à l’horizon 2020 – 2030, se précisent petit à petit.

Ainsi Felipe Gonzalez, ancien Président espagnol, a été désigné pour présider le « groupe de réflexion ». Partisan d’une UE fédéraliste et opposé à l’adhésion de la Turquie, Gonzalez sera secondé par l’ex-présidente lettone Vaira Vike-Freiberga, ainsi que Jorma Ollila, président du fabricant de téléphones portables Nokia, tous deux choisis à la vice-présidence du « groupe ». Les six autres membres seront connus lors du Conseil européen de mars 2008.

Les « sages » auront pour mission de réfléchir sur les défis - économiques, politiques, sociaux, de sécurité, écologiques - à venir de l’Union Européenne et anticiper le visage de l’UE à l’horizon 2020 – 2030. Néanmoins la réflexion sur l’avenir de l’UE évitera la question des frontières, et donc celle de l’adhésion de la Turquie, sujet qui fâche et divise les pays européens. Les conclusions des travaux du « groupe » devraient être rendues à la mi-2010.

Ces conclusions ne seront pas contraignantes pour les dirigeants de l’UE, et constitueront donc des points de vue théoriques pouvant servir à des orientations politiques futures. Néanmoins dans un monde qui évolue rapidement, on peut douter de la pertinence d’un travail de réflexion ponctuel et destiné à éclairer un futur éloigné. A moins que dans cette réflexion sur « l’avenir de l’UE », la question importante sera le « présent de l’UE », et donc « l’identité » sur laquelle l’Europe va justement construire un futur – en effet avant de parler d’avenir, il faut bien d’abord parler de quoi ou de qui il est question, s’accorder sur une identité admise. Si bien que finalement on parlera tout de même de la Turquie, et même qu’on ne parlera sans doute que d’elle…

Aujourd’hui deux visions s’affrontent au sein de l’UE quant à son identité, d’un côté les tenants de ce qu’on pourrait appeler une UE comme zone de libre-échange, de l’autre ceux qui voient en l’UE une union d’Etats partageant une « histoire », une « civilisation » communes, et particulièrement un passé « chrétien ». Dans tous les cas, l’Union Européenne ne pourra pas faire longtemps l’économie d’un débat sur son identité. Concernant l’adhésion de la Turquie, elle agit ici comme un révélateur. De son issue dépend le regard que l’Europe porte sur elle-même.