Le courrier international a publié sur son site une brève info (1) sur le projet initié par les autorités iraniennes portant sur la construction d’un chemin de fer entre l’Iran et l’Arménie qui permettrait, en cas de réalisation du projet, aux arméniens d’accéder via le réseaux ferroviaire iranien au océan indien. Mais, est-ce que ce projet es réalisable ? Avant de présenter mes arguments sur ce sujet, je veux souligner que le projet n’est juste qu’une initiative proposée par le coté iranien, et il n’y pas d’études de faisabilité en place, ni les plans concrets présentés par les iraniens pour sa construction.
Avant d’étudier le projet, je vous invite à prendre une carte de géographie physique de l’Arménie. Sans cela, vous risquez vous perdre parmi les mots. Alors, en quoi je me base en disant que ce projet serait irréalisable ?
1) Il n’y a jamais eu une voie ferroviaire entre l’Arménie et l’Iran passant par les régions méridionales de l’Arménie. L’ancien chemin de fer entre les deux pays passe par le Nakhtchévan, le territoire azerbaïdjanais, et ne fonctionne plus depuis 20 ans. Donc, si Erevan et Téhéran veulent unifier leur réseaux de chemins de fer, il faudrait partir du zéro en Arménie. Car, depuis Erevan jusqu’à la frontière iranienne, ce qui fait à peu près 500 km, il n’existe pas un kilomètre de voie utilisable.
2) Les régions arméniennes par lesquelles doit passer le chemin de fer souhaité sont des régions hautement montagneuses et pour ça, moins peuplées et avec un climat extrêmement dures. Donc, il faut construire également au moins une dizaines de tunnels, ponts et réaménager la seule principale autoroute qui sera traversée par la voie ferroviaire. Donc, cela demandera aux iraniens de dépenser dix fois plus du montant normal demandé pour une construction de 520 km de chemin de fer.
3) Et d’ailleurs, sera-t-il possible de trouver des sociétés qui seront d’accord pour s’engager dans cette aventure dangereuse avec leurs technologies sophistiqués ? Parce que sans ces dernières, Iran et Arménie ne seront pas capable d’accomplir cette la tâche. Et là, intervient un autre gros soucis ? Les sanctions de l’ONU prises contre l’Iran en 2010 : Aucune société européenne et américaine ne sera dans une situation légale en cas de travailler avec l’Iran. Donc, la réalisation du projet est dépourvu d’une aide financière internationale et d’assistance technique des compagnies occidentales. Je vous rappelle d’ailleurs que "les chemins de fer Arméniens sont gèrés par la Compagnie des Chemins de fer Russes (RZD), mais celle ci ne veux pas financer la ligne".
4) La capitale d’Arménie Erevan se trouve à 2 500 km du port le plus proche de l’Iran de l’océan indien. Par contre, le port le plus proche de la Mer Noire accessible via Géorgie n’est qu’à 500 km. Donc, l’Arménie continuera à importer toujours par les ports de la Mer Noire, et avoir l’accès aux ports indiens n’est pas un enjeux majeur pour le pays, et ne changera pas donne en ce sens. En plus, le système de voie terrestre est en plein fonctionnement avec l’Iran, et l’analyse du contenu du commerce mutuel démontre que l’Iran ne souffre pas du tout l’absence du voie ferroviaire pour exporter quelques produits en Arménie. Au contraire, selon les statistiques du comité des statistiques de l’Arménie, l’Iran cède déjà à la Turquie le marché arménien au dépens de sa part. A l’inverse, l’Arménie attend-t-elle la construction de chemin de fer pour pouvoir exporter à Téhéran quelques produits qui sont en stock ? Pas du tout, de toute façon, 71% des exportations arméniennes sont les minéraux et plus de 15% est les pierres précieuses. Donc, le pays exporte à 80% les matières premières qui sont dans la totalité exporté vers l’UE. Le marché iranien est simplement incapable de transformer les matières premières iraniennes. L’Iran vend à l’Arménie en grande partie de gaz et de pétrole et on n’en a pas forcément besoin de trains pour faire ce genre d’échanges : Il y a déjà sur place une infrastructure destiné à cela.
6) La question de rentabilité ne permet pas à se lancer dans un fou projet. Parce que les premières estimations s’élève à 10 mlrd de dollars, le coût total exigé pour l’achèvement du travail de construction. Vu que le chemin de fer qui relie l’Arménie à la Turquie est fermé, l’Iran n’aura pas la possibilité de rejoindre le marché turc par cette voie ferroviaire. C’est vrai que via l’interconnexion avec des voies en place, l’Iran obtient l’accès en passant par la Géorgie au marché russe. Mais, là, il ne faut pas oublier que l’Azerbaïdjan va dans les années à venir assurer l’interconnexion des voies ferroviaires russes et iraniennes par son territoire. Alors, dans ce cas-là, un homme d’affaires russe préféra la voie azérie à la voie arménienne : 1) Cela est moins cher vu que la voie arménienne passe par aussi par la Géorgie, donc, il fallait payer plus de frais. 2) Le chemin est 1,5 fois plus court et prendra moins de temps pour un voyager. Car, les longues attentes à l’entrée des frontières géorgiennes et passages obligatoires des trains par Tbilissi et Erevan rendent fatigant les voyages des touristes, et moins rentables l’exportations des produits industriels.
En somme, les déclarations des officiels arméniens et iraniens de vouloir construire un chemin de fer entre les deux pays ne sont pas basées sur une étude approfondie, et ne sont guère économique, mais plutôt politique. Une pré-étude de faisabilité de ce projet ne donne pas de résultats heureux, comme ci-dessus.
Elshan Mustafayev
Doctorant en sciences politiques à l’IEP de Lyon