Nationalistes arméniens vs. Jack Lang dans la pressse turque (Arménie/France/Turquie)
Les regrets de Jack Lang concernant le lobbying des nationalistes arméniens autour de leur thèse de "génocide" sont repris dans la presse turque qui fait état des nouvelles positions de l’ancien ministre de la Culture. Le plus grand quotidien turc, Hurriyet, fait également un rappel du pan des événements de 1914-1922 élidées par l’historiographie arménienne. Cette historiographie incomplète fut d’ailleurs la base prise en compte pour la loi pro-arménienne votée en France en 2001. Jack Lang a critiqué cette loi tant par son contenu que par sa forme tout particulièrement en ce qui concerne la portée clientéliste de celle-ci car votée dans le seul et unique but de satisfaire un électorat arménien fort de 450.000 personnes.
Turquie News vous invite à lire la traduction de cet article en anglais publié sur le site du quotidien turc Hurriyet.
Un ancien ministre français regrette d’avoir soutenu la loi pro-arménienne sur le "génocide"
ANKARA - Un ancien ministre français a déclaré qu’il se sentait coupable et regrettait d’avoir voté en faveur d’une loi décrétant les incidents de 1915 comme étant un "génocide" en 2001. Ses remarques ont suscité des réactions violentes parmi les Arméniens de la diaspora en France.
"A l’époque, je pensais que c’était un acte de réparation morale et historique. Mais je ne suis pas sûr aujourd’hui que je referai la même chose" a déclaré Jack Lang, ancien ministre de la culture en France.
La vidéo de la conférence de Lang n’a été que récemment accessible dans le pays.
La question des incidents de 1915 est un sujet très sensible pour la Turquie et pour l’Arménie. Près de 300 000 Arméniens et au moins autant de Turcs sont morts lors d’une guerre civile qui a eu lieu lorsque les Arméniens ont pris les armes, soutenus par la Russie, pour instaurer un Etat arménien en Anatolie orientale.
Cependant, l’Arménie soutenue par la diaspora [[NDLR : Il s’agit surtout des organisations de lobbying actives au sein de la diaspora, car toute la communauté ne partage pas forcément cette opinion. Les plus violentes et actives de ces organisations sont pilotées par la FRA Dashaktsoutioun, le parti national-socialiste arménien, profondément turcophobe. ] affirme que 1.5 million des leurs ont été tués au cours de massacres organisés en 1915. La question n’est toujours pas résolue puisque l’Arménie traîne des pieds à accepter la proposition de la Turquie de former une commission pour enquêter sur les événements.
Lang a affirmé qu’il avait voté contre la loi controversée adoptée par le Parlement, qui criminalisait la contestation de la reconnaissance des incidents de 1915 comme étant un "génocide", car cette action relevait d’intérêts électoraux.
"La loi a été adoptée en raison de préoccupations électorales et non parce qu’ils comprenaient la douleur des Arméniens. Par conséquent, il est dangereux que l’histoire soit faite par des hommes politiques", a-t-il dit.
Lang, âgé de 69 ans, a été l’un des plus ardents supporters de la loi de 2001 au Parlement français, et lorsqu’il était responsable du Comité parlementaire des Affaires étrangères, il a fait pression sur le Sénat français pour que la loi soit adoptée immédiatement. Il s’est présenté comme candidat présidentiel du Parti socialiste aux élections de 2007.
La diaspora arménienne de France s’en est violemment pris à Lang pour ses récentes déclarations. Les organisations arméniennes de France ont envoyé des lettres de protestations à divers responsables du Parti socialiste, anciens et actuels, et elles ont accusé Lang d’ "insulter la France et ses valeurs humanitaires".
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.
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