MILLI TAKIM : UN RÉSULTAT TREMPLIN OU TRAMPOLINE ?
Alors que l’équipe nationale de foot turque était déjà qualifiée officiellement pour le prochain Championnat d’Europe des Nations, elle s’est permise le luxe de défier son homologue allemande. Une équipe crainte au niveau international, qu’elle est allée vaincre chez elle au terme d’un match des plus engagés.
Berlin, Samedi 18 novembre 2023, l’Olympstadion berlinois a accueilli dans l’effervescence une affiche entre deux équipes représentant deux nations éloignées géographiquement, mais tellement liées par l’histoire de l’immigration.
Du spectacle. Des buts. Un résultat final en faveur de l’équipe visiteuse, bien que l’équipe receveuse n’ait pas démérité avec ses 55 % de possession de balle.
UN RÉSULTAT MÉRITÉ
La Mannschaft évoluait à domicile. Dans un de ces stades dont l’enceinte contribue à la renommée des infrastructures sportives teutonnes. Le onze germanique a su se hisser à la hauteur de ses responsabilités devant son public.
Ce sont effectivement les locaux qui ont ouvert le score par l’intermédiaire de son arrière Kaï Havertz, suite à un surprenant travail de Leroy Sané. Ce à quoi les Turcs ont répondu de façon calme mais déterminée. Quasi cyniquement au vu des réactions méthodiques dont ils ont fait preuve. C’est ainsi qu’après une pression exercée aussi bien par la circulation de balle au sol que par le jeu aérien, ils sont parvenus à égaliser sous l’impulsion d’un excellent Abulkerim Bardakci. Lequel a su placer idéalement sur orbite l’auteur du but Ferdi Kadioglu. Les Rouges ont même doublé la mise par Kenan Yildiz permettant ainsi de mener 2-1 à la pause.
La seconde mi-temps a montré la combattivité allemande ressurgir par l’égalisation décidée de Niclas Füllkrug.et des actions de Wirtz. Toutefois, cela n’a pas entamé le moral des protégés de Vincenzo Montella. Pour preuve le coup_ franc obtenu à la soixante-dixième minute et débouchant sur un penalty tiré victorieusement par Yusuf Sari.
UNE AMBIANCE PARTICULIÈRE
Savoir gérer la pression et ses émotions tout en prenant conscience de son statut de nation officiellement présente en phase finale. C’était le défi de cette soirée. Ce match amical était programmé idéalement en cas de qualification comme en cas de non qualification. Ceci afin de vérifier certains réglages.
Cette rencontre s’assimilait dès le départ à un match à enjeu tant la motivation dépassait le cadre extra-sportif. D’un côté pour les Germaniques devant le public de leur capitale de l’Allemagne réunifiée, dans une ville qui avait vu tomber son fameux mur un jour de novembre justement (1989). De l’autre, la volonté de faire ressentir de la fierté à sa communauté émigrée chez les Ottomans.
En dehors de cela, les deux équipes tenaient à faire bonne figure. L’une en tant qu’organisatrice de l’Euro. L’autre en tant que revenante qui a su faire douter et reculer les Allemands ne pensant plus à construire et en posant problème à un joueur du calibre d’Antonio Rüdiger.
LE PROFIL TURC POUR L’EURO
Cela fait plusieurs matchs que la Milli Takim montre un visage intéressant, bien que variable donc toujours source d’une petite circonspection ambiante.
Il s’agit d’une équipe qui ne gagne plus par hasard.
Il s’agit d’une formation qui est très à l’aise dans le 4-3-3 et pouvant compter sur A. Bardakci pour lancer en profondeur en complément ou en absence de Hakan Calhanoglu. En parallèle, si on additionne tous les matches, des jeunes sont intéressants à prendre en compte (Arda Güler, Kerem Akturkoglu). D’autres membres du groupe confirment (Calhanoglu, Under). Certains se découvrent une instructive polyvalence (I. Kahveci très bon dans l’animation offensive tout en décrochant intelligemment pour gêner Wirtz ou Brandt samedi dernier).
L’équipe turque sait répondre à qui la mène au score. Mais il doit se perfectionner dans le jeu aérien et surtout tout faire pour ne pas prendre de but en premier en match à élimination directe.
Cette opposition où l’Allemagne a reçu la Turquie a fait valoir que cette dernière possédait des arguments. Peut-être se trouve-t-elle sur la voie d’une autocritique qui lui rendra bien service, en particulier avisée par les conseils d’un entraîneur comme l’Italien V. Montella, qui justement fait partie d’une nation qui a été éliminée de fois de suite de la course à la participation en Coupe du Monde.
L’Euro pourra se présenter comme une scène de choix pour la Turquie du Football. Mais attention, la concurrence sera âpre. Avec l’Allemagne à domicile, une Hollande renaissante et une France conquérante. Et, à condition qu’elle se qualifie, une Italie revancharde détentrice du dernier titre continental. Quatre équipe qui pourraient contenir le futur meilleur passeur du tournoi ou de la coupe du monde à venir Leroy Sané, Dumfries, Giroud ou Mbappé. Alors, le meilleur buteur sera-t-il un Turc ?
Gianguglielmo / Jean-Guillaume LOZATO, auteur de recherches sur le Football Italien, enseignant en langue et civilisation italiennes (ENSG Université Paris Gustave Eiffel, SKEMA Business School, PSB, Université ARIM Melun),tuteur académique d’étudiants en alternance(My Sup Formasup) ; chroniqueur ; essayiste auteur de « Free Uyghur »