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Lettre ouverte de l’Ambassadrice de l’Azerbaidjan en France

Publié le | par Engin | Nombre de visite 265
Lettre ouverte de l'Ambassadrice de l'Azerbaidjan en France

Lettre ouverte de l’Ambassadrice de l’Azerbaidjan en France en réponse à La Tribune d’élus LR publiée dans le Figaro du 13 Juin 2023

Le Figaro a publié sur son site internet, le lundi 12 juin 2023 à 20h20 et dans l’édition de son journal le mardi 13 juin 2023 une Tribune collective signée par plus de 170 élus LR intitulée « L’appel de la droite LR pour soutenir le Haut-Karabakh ».

Cet article contient des informations inexactes qui portent atteinte à l’honneur de tous les Azerbaïdjanais dont je suis l‘Ambassadrice en France.

Le cri d’alarme lancé par les députés LR repose sur des informations erronées et sert les intérêts de forces marginales et radicales qui entretiennent ces mythes pour empêcher l’établissement d’une paix durable dans la région du Caucase du Sud.

Il est dangereux pour la démocratie et pour la paix que des élus français se soumettent à la pression électorale de certains groupes radicaux et nationalistes au détriment des intérêts vitaux et nationaux du peuple de l’Arménie. Au moment où nous avons une opportunité historique, pour la première fois depuis 30 ans, de pouvoir aboutir à une paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ouvrant un nouveau chapitre vers le développement et la coopération dans toute la région, ces forces radicales optent pour une position destructrice dans le seul but d’assurer leur existence politique.

Je souhaite rappeler qu’au début des années 1990, la République d’Azerbaïdjan, qui venait de restaurer son indépendance, a été confrontée à une agression militaire sans précédent de la part de l’Arménie, à la suite de laquelle 20 % du territoire internationalement reconnu comme appartenant à l’Azerbaïdjan a été occupé.
L’intégrité territoriale et la souveraineté du pays ont été violées et environ un million d’Azerbaïdjanais, victimes d’une épuration ethnique menée par l’Arménie elle-même dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan, sont devenus des réfugiés et des personnes déplacées.
En 1993, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté quatre résolutions, votées par la France qui réaffirment l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et exigent le retrait immédiat complet et inconditionnel des forces d’occupation arméniennes de ses territoires souverains.

À la suite de la guerre de 44 jours, déclenchée en septembre 2020 après de nombreuses provocations militaires de la part des forces armées arméniennes, l’Azerbaïdjan a restauré la justice historique en défendant son territoire et sa population conformément à la Charte des Nations Unies et en application des dispositions des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU. Malgré la destruction totale de ses territoires, après la fin de l’occupation c’est l’Azerbaïdjan qui a tendu la main à l’Arménie en lui proposant de signer un traité de paix. Pour l’établissement d’une paix durable dans la région du Caucase du Sud, il est essentiel que l’Arménie respecte scrupuleusement les normes et les principes du droit international et remplisse de bonne foi les obligations qui lui incombent en vertu des accords internationaux.

La route de Latchine, citée dans cette Tribune, fait partie du territoire souverain de la République d’Azerbaïdjan et se trouve entre le district de Latchine et la ville de Khankendi de la République d’Azerbaïdjan. En vertu de la Déclaration Tripartite du 10 novembre 2020 signée par la République d’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Fédération de Russie, la route de Latchine est envisagée exclusivement à des fins humanitaires.

Or, cette route a été utilisée par l’Arménie à des fins militaires et commerciales illégales, notamment pour la rotation du personnel des forces armées qui continue d’être déployé illégalement sur le territoire de l’Azerbaïdjan et pour le transfert d’armes et de munitions. De plus, des ressortissants des pays tiers, ont emprunté la route de Latchine pour entrer illégalement sur le territoire de la République d’Azerbaïdjan à des fins suspectes, telles que l’entraînement et le recrutement de terroristes.

La référence au prétendu « blocus » de la route de Latchine par l’Azerbaïdjan ne reflète absolument pas la réalité. La République d’Azerbaïdjan a établi un poste de contrôle à la frontière avec l’Arménie, qui fonctionne 24/7 et qui est utilisé par les résidents azerbaïdjanais d’origine arménienne. La circulation libre et sécurisée dans les deux sens est assurée par la partie azerbaïdjanaise, comme en témoignent les nombreuses vidéos et photos qui sont diffusées par les médias. A cet égard, dans son ordonnance du 22 février 2023, la Cour internationale de justice ne fait aucune référence au prétendu « blocus » allégué par la partie arménienne, ce qui prouve que cette fausse accusation est dénuée de tout fondement. Conformément à l’ordonnance de la Cour, l’Azerbaïdjan a établi un poste de contrôle sur son territoire national afin d’assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long de la route de Latchine dans les deux sens.

Au-delà, cet appel des représentants de la droite LR est en contradiction totale même avec la politique actuelle du gouvernement de l’Arménie. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé à plusieurs reprises, notamment lors du Sommet du Conseil de l’Europe qui s’est tenu à Reykjavik les 16-17 mai 2023, reconnaitre la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Karabakh. Cette position a été par ailleurs réaffirmée par la déclaration du Président du Conseil européen M. Charles Michel à l’issue de la réunion à Bruxelles le 14 mai dernier.

Enfin, les signataires de la tribune mentionnent également la nécessité de soutenir la culture chrétienne. A cet égard, nous voudrions rappeler que l’Azerbaïdjan est un pays laïc, multiconfessionnel et multiculturel. C’est un pays qui présente un modèle unique en son genre de vivre-ensemble, où les représentants des différents ethnies, religions et cultures vivent en toute sérénité depuis des siècles. De même, l’Azerbaïdjan œuvre beaucoup par des actions concrètes pour contribuer au dialogue interreligieux et interculturel, notamment en contribuant à la préservation du patrimoine chrétien dans différents pays, y compris en France.

La paix durable est une nécessité absolue pour l’avenir de tous les peuples de la région, y compris du peuple de l’Arménie et seul le respect du droit international et des engagements pris peut nous mener à cet objectif dont nous sommes si proches en ce moment historique.

Afin de permettre aux débats de se dérouler loin des représentations erronées, afin de vous rassurer sur la volonté de l’Azerbaïdjan de construire une paix durable, je vous propose de nous rencontrer pour évoquer de vive voix ces sujets.

Leyla ABDOULLAYEVA

Ambassadrice de la République d’Azerbaïdjan en France


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