16 avril 2024

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Leçon de tolérance religieuse que la France devrait recevoir de l’Azerbaïdjan

Publié le | par Engin | Nombre de visite 274
Leçon de tolérance religieuse que la France devrait recevoir de l'Azerbaïdjan

Alors que le débat interminable en France autour de 2 prénoms, Pierre et Mohamed, reprend son ardeur, je me souviens de mon village en Azerbaïdjan, un pays que les politicien(ne)s. comme Mme Valérie Boyer accusent d’être un pays « intolérant ou raciste anti-arménien ».

Auteur : Gani DOMBAYLI

Mon voisin d’en face s’appelait Chaumian (prénom arménien), alors que son frère s’appelait Garib (prénom musulman), le voisin un peu plus loin, c’était Achod (prénom arménien), mais son frère portait le prénom de Mussa (la version musulmane de Moise), encore un voisin se prénommait Ivan (prénom russe), tandis que son frère, c’était Younès…

Une dame s’appelait Haikanush dans notre quartier (prénom arménien), mais son frère cadet, Islam, son papa Youssef fils d’Osman.
Mon professeur d’histoire s’appelait Eliot (prénom catholique), il était fils d’Ahmad, fils de Soufi.
J’avais une collègue, Roza, un copain d’enfance Sacha, une amie Sarah (prénom judéo-chrétien).
Ces gens-là, ils étaient tous azerbaidjanais, tous musulmans, tous descendants turco-musulmans.
Leur point commun était le fait qu’un prénom arménien/chrétien et un prénom musulman dans la même famille était une pratique complètement habituelle comme dans l’ensemble du pays.

Quand nous suggérons à Mme Boyer et aux autres politiciens qui ne sont pas irréprochables au sujet de la tolérance envers les autres communautés, sauf celles des arméniens, de s’occuper de leur propre pays au lieu de juger les autres de « racisme », de balayer devant leur porte en ce qui concerne la tolérance vis-à-vis des communautés et minorités, c’est pour cette raison. Un débat qui n’existait pas en Azerbaïdjan, même en XXe siècle, fait un effet incendiaire dans l’opinion publique française, cette semaine : « Pierre versus Mohamed ».

La vérité c’est que c’est la diaspora arménienne en France qui a inventé un soi-disant « racisme » au Caucase, notamment en Azerbaïdjan, pour obtenir un soutien à leur projet expansionniste de « plus grande Arménie » mené avec une violence militaire entre 1992-94, par l’Etat arménien.
Ce sont les membres de la diaspora arménienne qui ont persuadé certains hommes et femmes politiques en France que « l’Azerbaïdjan n’était pas un pays où les arméniens étaient traités de manière égalitaire ».
Ensuite ces mêmes politiciens ont adopté un langage totalement inadapté à l’encontre de ce pays qui se démarquait, au contraire, par une tolérance indéniable envers les arméniens et les autres communautés religieuses.

J’ai passé la moitié de ma vie en Azerbaïdjan, l’autre moitié en France. Mon village d’enfance en Azerbaïdjan qui ne diffère en rien du reste de l’Azerbaïdjan, est un village typiquement azerbaidjanais avait cette tolérance.
Ce niveau de paix avec la minorité arménienne était une norme avant que l’occupation ne soit commise par l’Etat arménien en 1994.
De nos jours, trouvons-nous un « français de souche » sans lien de parenté avec les arméniens porter le nom de Sarkiss, Haik, Tigran ?
Non !
Mais, en Azerbaïdjan, si !
Alors qu’un bon nombre de français sont capables d’appeler « Jeanne, au secours ! », si une personne ouvre le débat sur la possibilité d’utilisation du prénom « Mohamed » par les catholiques (un tel débat était vécu en 2011), ou lorsqu’un enfant dit avoir rencontré le prénom Pierre uniquement dans les livres, en Azerbaïdjan, un tel débat est inexistant depuis des décennies.
Par conséquent, malgré quelques remarques que l’on peut faire au sujet de la démocratie en Azerbaïdjan (à quel pays ne pourrions-nous pas ?), ce pays n’a jamais eu de leçon à recevoir en matière de la tolérance religieuse, surtout vis-à-vis des arméniens.

Peut-on juger un pays de racisme alors que les gens donnait les prénoms arméniens à leurs enfants ?
Evidemment que non.
En Azerbaïdjan, on appelait les arméniens des « kirwa » (c’est l’équivalent musulman de ce que nous appelons « parrain de baptême » chez les catholiques).
Les azerbaidjanais considérait que l’on pourrait confier ce rôle si important au sens religieux à un non-musulman, notamment à un arménien afin de renforcer les liens de parenté non-consanguins.
Cette pratique jouaient un formidable rôle catalyseur des contacts et rapprochement entre les communautés (bien entendu, avant la guerre de 1992-94).

Aujourd’hui, plus d’1% des français sont d’origine arménienne. Il y a des centaines de milliers d’arméniens qui ont adopté les prénoms francophones pour réussir leur intégration à la société française.
Or, ce n’était pas un frein en Azerbaïdjan pour vivre fraternellement comme des citoyens ordinaires, tout en conservant le prénom arménien.

La diaspora arménienne, à défaut de contre-argument à ces faits, cite l’événement de Sumgaït (1988) où 26 personnes d’origine arménienne avaient été victimes d’une attaque terroriste, pour « dénoncer » une soi-disant « haine » anti-arménienne qui n’a jamais existé avant l’Occupation des 20% des territoires de l’Azerbaïdjan, en 1993.
Ce triste événement de Sumgaït dont les auteurs furent punis selon les lois soviétiques (peine capitale) n’a jamais été une volonté collective du peuple azerbaidjanais, ni une politique menée par l’administration locale azerbaidjanaise qui dépendait de Moscou, le centre politique de l’URSS.
C’était un acte terroriste équivalent à ce que le norvégien islamophobe Breivik a commis en Norvège en 2011.
Nous savons tous que la Norvège est une démocratie et le cas de Breivik n’en enlève rien, puisque ce dernier a été condamné, comme les terroristes de Sumgaït qui furent punis plus lourdement que lui.
Or, il est triste de constater que les nationalistes arméniens avaient réussi à manipuler cet événement pour alimenter la haine entre les arméniens et azerbaïdjanais, jusqu’à déclencher une guerre sécessionniste en 1992 qui s’était transformée en conflit gelé jusqu’à l’année dernière.
La phase armée du conflit étant révolue, il est désormais possible de rétablir les mêmes rapports entre les deux communautés et en servir pour donner l’exemple aux divers pays de l’Europe.


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