LE TABLEAU DU CALIFE OTTOMAN ABDULMECID II
Par Özcan Türk
Ce tableau, peint par le dernier calife ottoman Abdülmecit II, a été vendu aux enchères en 2013 au prix de 1 million 600 mille livres turques, soit un peu plus de 600 mille euros. Même si l’heureux acquéreur a voulu rester anonyme en participant par téléphone aux enchères tenues au Yalı Esman Sultan d’Ortaköy le 6 octobre 2013 , on apprendra plus tard qu’il s’agit de madame Demet Sabancı Çetindoğan, une riche collectionneuse d’art avertie.
La toile est une peinture à l’huile au format 117x177cm et se nomme : « Les femmes dans la cour ». Elle représente des femmes nues autour d’un bassin entouré de colonnes de style grec. Certains des personnages représentés seraient « hermaphrodites » selon l’historien Murat Bardakçı. L’historien écrit que ce n’est pas le seul tableau de nus réalisés par Abdülmecit.
Abdülmecit II a réalisé ce tableau à l’âge de 31 ans lorsqu’il était prince héritier, soit 23 ans avant son accession au titre califal.
Abdlülmecit était polyglotte puisqu’il parlait l’arabe, le persan mais aussi le français, l’allemand et l’anglais.
Il avait une passion particulière pour l’art.
Il jouait notamment du violon et du piano quand il ne composait pas lui-même de la musique.
Formé par le peintre italien Salvatore Valeri, Abdülmecit était épris de peinture et c’est dans ce domaine précis qu’il marquera le domaine artistique.
Sa qualité d’artiste sera notamment saluée au Salon de Paris en 1914 avec sa peinture « Le cours d’histoire ».
En 1916, non seulement il soutiendra la tenue d’une exposition à Galatasaray mais il y participera avec ses propres œuvres.
D’ailleurs, Abdülmecit deviendra le président honoraire de la Société des peintres ottomans fondée en 1909 et lui fournira des financements.
En 1918, le futur calife participera à l’exposition de Vienne consacrée aux peintres turcs avec 4 toiles qu’il réalise dans son atelier de Şişli : « Autoportrait », « Goethe dans le harem », « Beethoven dans le harem » et « Le sultan Selim 1er ».
Après l’abolition du Califat le 3 mars 1924, Abdülmecit partira d’abord en Suisse puis passera en France, à Nice et s’installera à Paris. Il y décédera en août 1944.
Je rends respectueusement hommage à cet homme épris d’art et de musique. Il a été un précurseur brillant dans le domaine artistique et notamment celui de la peinture. Encore aujourd’hui, trop peu de Turcs s’investissent dans la peinture.
Source : Page Facebook de Özcan Turk