On se souvient que le « prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix » avait été décerné curieusement, et pour le moins scandaleusement, à François Hollande juste après l’intervention militaire française au Mali qu’il avait ordonné. Ce prix lui a été finalement remis hier. Lenaïg Bredoux a assisté à la cérémonie et en rend compte dans Mediapart. Elle écrit : « En réalité, c’est toute la cérémonie qui rappelait les heures glorieuses de la Françafrique avec laquelle François Hollande avait juré de rompre ».
François Hollande, comme un air de Françafrique
Par Lenaïg Bredoux
Il est 15 heures, au siège de l’Unesco à Paris. D’un côté de la scène, un orchestre joue du Mozart et les chœurs, au balcon, chantent l’Alléluia. De l’autre, François Hollande est assis, entouré de neuf chefs d’État et de gouvernement africains, issus de l’ex-empire colonial français. À sa droite, il y a le Tchadien Idriss Déby, le Béninois Boni Yayi, le Gabonais Ali Bongo, le Malien Dioncounda Traoré, le Nigérien Rafini. À gauche, Blaise Compaoré pour le Burkina Faso, le Mauritanien Ould Abdel Aziz, et finalement l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Sénégalais Macky Sall. Ils ont tous fait le voyage jusqu’à Paris pour assister à la cérémonie.
Mercredi, François Hollande a officiellement reçu le « prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix » de l’Unesco. C’est en février, un peu plus d’un mois après le déclenchement de la guerre au Mali, que le jury présidé par l’ancien président portugais Mario Suares a pris sa décision. « Ayant évalué les dangers et les répercussions de la situation en Afrique, et en particulier au Mali, et dans le reste du monde, le jury a été sensible à la solidarité de la France pour les peuples d’Afrique. Le jury a donc décidé d’attribuer le prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à M. François Hollande, président de la République française, pour sa grande contribution à la promotion et au maintien de la paix en Afrique », expliquait le communiqué officiel. Un prix pour la paix remis à un chef d’État en guerre, décidé quand le jury était bien incapable de prévoir quels seraient les résultats de l’intervention militaire française.
En réalité, c’est toute la cérémonie qui rappelait les heures glorieuses de la Françafrique avec laquelle François Hollande avait juré de rompre. Le créateur du prix, Félix Houphouët-Boigny, est d’ailleurs l’inventeur du terme “Françafrique”. Célébré comme un héros des indépendances africaines, il a aussi revendiqué une très grande proximité avec l’ancienne puissance coloniale, au point d’être parfois accusé d’être la tête de pont des réseaux françafricains sur le continent. (...)
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