L’un des plus grands procès lié au néo-nazisme depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale s’est ouvert ce lundi à Munich.
Elle a été surnommée « la fiancée nazie » par la presse allemande. Beate Zschäpe, seule survivante de la cellule terroriste du groupuscule néonazi NSU (Clandestinité national-socialiste), comparaît à partir de ce lundi devant le tribunal de Munich.
Des crimes non élucidés pendant une décennie
De 2000 à 2007, le groupuscule Clandestinité nationale-socialiste (Nationalsozialistischer Untergrund, NSU), animé d’une xénophobie et d’un radicalisme jamais vus dans les milieux néo-nazis allemands, a tué dix personnes (dont huit étaient turques ou d’origine turque et un policier), perpétré deux attentats à la bombe dans des quartiers à forte population immigrée de Cologne et commis une quinzaine de braquages de banques.
Composé de Beate Zschäpe, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, originaires de l’ex-RDA, ce groupe de néo-nazis a réussi l’ « exploit » d’agir pendant toutes ces années sans jamais attirer l’attention des forces de l’ordre. Son existence ne sera révélée que de façon fortuite en novembre 2011. De retour d’une attaque de banque manquée, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt mettent le feu à leur caravane avant de se suicider à Eisenach.
La police, qui enquête dans le simple cadre de l’incendie, découvre alors dans le véhicule calciné l’arme ayant servi pour les dix meurtres et une profession de foi enregistrée sur DVD dans laquelle les trois néonazis revendiquent leurs crimes. Beate Zschäpe se livrera à la police d’Iéna quatre jours plus tard. « Je suis celle que vous cherchez », dit-elle simplement.
De nombreuses questions restées en suspens
La Cour de Munich devra notamment répondre à plusieurs questions qui hantent l’Allemagne depuis 2011 : comment ces trois néonazis, dans le collimateur des services de renseignements intérieurs dès la fin des années 90, ont-ils pu vivre si longtemps sans jamais être inquiétés ?
Comment une série de meurtres de petits commerçants immigrés, perpétrés avec la même arme, a-t-elle pu rester inexpliquée pendant plus d’une décennie ?
Pourquoi la police a-t-elle privilégiée la piste islamiste ou celle des règlements de compte, et non la piste xénophobe ? Et pourquoi personne ne s’est insurgé, sur le plan moral, sur ces actes visiblement racistes ?
Les attentes créées par le procès -77 parties civiles, 600 témoins- pourraient cependant ne pas être comblées. Beate Zschäpe, aujourd’hui âgée de 38 ans, s’est en effet murée dans le silence. Et elle entend continuer à ne rien dire pendant les débats, qui pourraient durer plusieurs mois. La lumière pourrait donc venir des quatre autres personnes, soupçonnées d’avoir fourni une aide logistique à NSU, qui se tiendront aussi sur le banc des accusés.