Par Özcan Türk
Au lendemain de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Donald Trump, la « ville trois fois sainte » est source de toutes les inquiétudes. La Ligue arabe d’une part, et l’Organisation de coopération islamique présidée par la Turquie d’autre part ont vivement réagi à la volonté inflexible du président américain.
Pourtant, le monde arabe est bien divisé. Ainsi, le ministère syrien des affaires étrangères qui a condamné la décision américaine n’a pas manqué de dénoncer : « Le président américain n’aurait pas osé prendre cette initiative sans son alliance avec des régimes arabes qui ont comploté et continuent de comploter contre la Syrie et contre la cause palestinienne » en faisant allusion à l’Arabie saoudite, alliée de Washington. En effet, selon le New York Times, le mois dernier, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, lors de sa rencontre avec le chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lui a proposé de renoncer à faire de Jérusalem-Est la capitale du futur État palestinien (au profit d’Abu Dis, localité située au sud-est de la ville sainte).
Cette division et incohérence des pays arabes, partagés entre rivalités ataviques et hostilité primitive, a poussé le chroniqueur turc, Yılmaz Özdil à se souvenir d’un épisode douloureux dans l’histoire des relations entre Turcs et Arabes, qui a mené aux souffrances endurées de nos jours.
Je vous en propose ci-dessous une traduction.
TRADUCTION
Demain, nous serons le 9 décembre 2017.
Ça fera exactement 100 ans que nous avons perdu Jérusalem.
C’était le 9 décembre 1917.
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2 jours plus tard, le général britannique Edmund Allenby, à la tête de l’Egyptian Expeditionary Force (EEF), entre dans la ville sainte à pied en compagnie de ses officiers et des représentants français et italien, à partir de la porte de Jaffa.
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La porte de Jaffa avait été édifiée par le sultan ottoman Soliman le Magnifique.
La Grande-Bretagne défait ainsi l’Empire ottoman et son djihad, lancé en novembre 1914.
L’autorité impériale, exercée pendant quatre siècles par la dynastie ottomane depuis Istanbul (1517-1917), passe désormais aux mains des Britanniques.
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A Londres raisonnent les cloches de l’abbaye de Westminster, véritable symbole de la monarchie britannique tandis qu’à Paris, on célèbre une messe à la cathédrale Notre-Dame. Parallèlement, le Pape envoie un message au monde chrétien menaçant d’excommunier, sur le champ, tout chrétien venant en aide aux Turcs.
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30 milles de nos enfants sont tombés dans cette effroyable bataille !
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Le plus amer, certainement, était de constater que les Arabes étaient ceux qui se réjouissaient le plus que les Turcs aient perdu Jérusalem. Ils priaient littéralement de s’être débarrassés des Turcs et d’accueillir les Britanniques, leur « sauveurs ».
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W.T. Masse, correspondant du journal The Daily Telegraph à Jérusalem rapportait cet exemple criant d’un officier arabe servant sous le drapeau turc qui avait été ramené à l’hospice de la Croix-Rouge, il s’ébaudissait : « Vive les Anglais ! ».
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Les Arabes s’étaient inventés une prophétie selon laquelle « les Turcs seraient expulsés de Jérusalem le jour où le Prophète Al Nebi ramènerait les eaux du Nil jusqu’en Palestine ».
Les Arabes, avec cette prédiction saugrenue, transformèrent le général Allenby qui avait chassait les Turcs de Jérusalem en prophète Allenby-Al Nebi. D’autant plus que les Anglais avaient posé un pipeline qui transportait l’eau du Nil depuis l’Égypte jusqu’en Palestine...
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Allenby entre glorieusement à Jérusalem.
Il fait un discours laconique arguant : « La foule en liesse nous accueille. C’est la fin des croisades ! ».
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A ce moment, Mustafa Kemal se trouve en Palestine où il guerroie le long du Jourdain. Dans ses correspondances avec Istanbul, il conte une bien cruelle réalité : « Ces terres sont devenues une désolation. Il n’y a ni gouverneur, ni commandant. La propagande britannique est omniprésente. Les agents anglais travaillent activement. La population locale est écœurée du gouvernement et guette, avec impatience, l’arrivée des Britanniques. Les Anglais diffusent plus de propagande de leurs avions que de bombes. L’ennemi est bien plus fort en nombre et en armement. Nos forces sont insuffisantes. ».
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Je vous propose de regarder les 8 photos ci-dessous qui en disent long.
La première photo montre l’étendard ottoman à Jérusalem.
Sur la seconde, on voit des cavaliers turcs.
La troisième reproduit un escadron turc équipé de fusil-mitrailleurs à Gaza.
Sur la 4è photo des soldats turcs transportent un bateau vers la mer Morte.
La 5è photo dévoile le four à pain des soldats turcs en Cisjordanie.
Sur la 6è photo, on peut voir nos soldats blessés à Jérusalem.
Sur la 7è, le drapeau turc flotte sur le fort de Jérusalem.
Et sur la 8è se dressent fièrement le général britannique Allenby et Fayçal qui avec son père Hussein, chérif de La Mecque, nous a poignardés dans le dos.
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La situation actuelle de Jérusalem ainsi que le chaos que vit le Moyen-Orient sont la conséquence directe de la rébellion des Arabes contre les Turcs ottomans.
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Tant que cette réalité sera occultée et que l’on ne fera pas face à notre histoire, il est impensable d’espérer résoudre la question de Jérusalem en collaborant avec les pays arabes.
Yılmaz Özdil
8 décembre 2017
©Traduit du turc par Özcan Türk
Source de l’article original en turc : Sözcü