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Ihsan al-Djabri et les Arméniens

Publié le | par SibiryaKurdu | Nombre de visite 352
Ihsan al-Djabri et les Arméniens

"L’épisode arménienne", La Nation arabe (revue de Chekib Arslan ), n° 2, avril 1930 :

"La population de Deirezzor , ville située au sud-est d’Alep, a adressé une dépêche au Haut Commissaire français en Syrie pour protester contre l’immigration arménienne dans le haut Al-Djezira.

Nous traiterons, dans notre prochain numéro, cette importante question sous ses différentes faces."

Ihsan al-Djabri, "Les Arméniens en Syrie", La Nation arabe, n° 3, mai 1930 :

"Il n’y a pas un homme de cœur qui ne soit affecté par les terribles malheurs qui ont frappé la race arménienne avant et surtout pendant la grande guerre. Elle n’a pas encore cessé d’en subir les contre-coups, et malgré les efforts déployés, elle continue à en éprouver les conséquences. Les Arabes de Syrie, touchés par la grandeur des sacrifices consentis pour l’indépendance, ont été les premiers à apporter leur concours empressé aux éprouvés de cette nation.

Pendant que les Alliés laissaient mourir de faim et de misère des milliers de chrétiens du Liban, pour avoir refusé d’envoyer les approvisionnements dont ils avaient besoin [le blocus franco-britannique avait pour but de pousser les populations arabes affamées à se révolter contre l’Etat ottoman], les Syriens, malgré les difficultés du moment s’acquittaient vaillamment de leurs obligations humanitaires vis-à-vis des exilés arméniens, en sauvant des milliers d’hommes expédiés en Syrie pour être simplement mis à mort [Mis à mort par qui ? Par des bandits kurdes et arabes , qui n’hésitaient d’ailleurs pas à s’en prendre aux escortes de gendarmes...]. Tous ceux qui ont pu être sauvés furent, jusqu’à la fin de la guerre, entourés de soins les plus empressés [le gouvernement ottoman a facilité la distribution de l’aide humanitaire étrangère (notamment américaine) , après avoir surmonté la menace insurrectionnelle arménienne ]. Tous les Arabes, fonctionnaires ou autres, dans l’Empire ottoman, étaient animés des mêmes dispositions humanitaires [Celal Bey et Bekir Sami (vali successifs d’Alep en 1915) ont critiqué les déportations et se sont efforcés d’améliorer le sort des déportés dans leur vilayet : aucun des deux n’était arabe, et rien ne prouve qu’ils ont agi sous une influence arabe]. Nous avons nous-mêmes déployé des efforts extraordinaires auprès du défunt sultan Mohamed Rachad, pour attirer l’attention de son gouvernement sur la gravité des actes inqualifiables qui étaient en train d’être perpétrés [par des Kurdes et des Arabes]. Des démarches sérieuses furent entreprises et des ordres énergiques furent donnés aux gouverneurs d’Alep et de Damas, pour « subvenir aux besoins des exilés et d’assurer leur entretien » [1) dès le début des déportations, Talat Paşa avait donné des instructions claires qui enjoignaient aux autorités locales de garantir le ravitaillement et la sécurité des convois d’Arméniens (sur la route comme dans les lieux de réinstallation) ; 2) en juillet-août 1915, ces instructions secrètes ont été réitérées et complétées (enquêtes et poursuites judiciaires ) après plusieurs remontées d’informations préoccupantes dans la hiérarchie administrative (notamment grâce à Tahsin Bey , vali d’Erzurum et homme de confiance de Talat), concernant la survenue de massacres dans certains endroits (les massacres n’ayant jamais été généralisés ) ; 3) une fois ces précisions chronologiques faites, on retiendra que Djabri (une figure importante et "respectée" du nationalisme arabe de l’entre-deux-guerres) admettait l’existence de ces ordres, leur authenticité et leur valeur pratique (même s’il s’en attribuait tout le mérite de manière inexacte), un demi-siècle avant le travail documentaire de Kâmuran Gürün]. Plusieurs de ces infortunés ont pu être sauvés à la suite de ces ordres [1) Ihsan al-Djabri était un notable sunnite d’Alep, et un haut responsable de l’administration municipale : s’il avait effectivement l’oreille de Mehmet V (monarque constitutionnel), il exagère sa capacité d’influence (ce qui ne remet pas du tout en cause ses bonnes intentions) ; 2) car celle-ci était très secondaire par rapport à la politique protectrice et humanitaire de Cemal Paşa (attestée notamment par les archives diplomatiques allemandes et les témoignages arméniens ), dans la zone de la IVe armée : Cemal était alors un personnage d’une tout autre envergure que Djabri, et il avait déjà suivi auparavant une telle ligne de conduite lors de la déportation des Arméniens de Zeytun et Dörtyol (vers Konya ) ; 3) la raison de cette occultation du rôle central de Cemal (encore aujourd’hui) est évidente : le reconnaître mettrait à mal les images d’Epinal sur "les Arabes qui ont accueilli et sauvé les Arméniens", et cela dénoterait avec la diabolisation mémorielle de Cemal dans les milieux syro-libanais (recherche d’une difficile cohésion nationale à travers l’exécration d’un "ennemi" symbolique)]. Nous écrirons un jour cette page tragique de l’histoire de l’Empire ottoman. Nous nous contenterons pour le moment de signaler que la nation arabe, qui n’a ni parenté de race ni lien de religion avec le peuple arménien, ne lui a marchandé ni ses sympathies ni son appui moral et matériel [vision idyllique et partielle, comme on l’a vu]. C’est un fait qui a son importance. On sait comment nos amis Arméniens ont payé leur dette de gratitude à l’égard des Arabes dès que l’armistice fut proclamé. Nous nous abstiendrons de revenir sur les choses du passé. Car nous supposons qu’il est possible d’essayer de justifier, par exemple, la conduite de la soldatesque arménienne enrôlée en 1919 dans l’armée française. Nous croyons qu’il n’est pas impossible non plus de trouver une excuse aux attaques isolées ou communes entreprises contre nos nationaux en Cilicie et au nord de la Syrie en 1919-1920 et de 1925 à 1927 [une allusion pudique aux attaques de bandes arabes contre les convois d’Arméniens et au massacre d’Alep (1919) ?]. Mais nous pensons qu’il est difficile de justifier le projet que poursuivent aujourd’hui, d’accord avec la France, les dirigeants arméniens.

Nous comprenons que les Arméniens, en plein désarroi, ressemblent, au début, à des naufragés qui sont emportés par les vagues sans pouvoir résister, se laissant désespérément conduire par le destin. Mais aujourd’hui, nous avons l’impression que le temps de l’incertitude est passé et que les dirigeants arméniens sont responsables de ce qui est en train de s’accomplir. Nous reconnaissons, néanmoins, que les Alliés sont la cause et l’effet des bouleversements dont les peuples d’Orient subissent les conséquences. Nous savons que, profitant des circonstances à la fin de la guerre, les Alliés n’ont pas manqué, cette fois encore, de pousser, en excitant leur sentiment de revanche, les survivants de cette nation, tantôt contre les Turcs, en 1919-1920 , tantôt contre les Arabes qui luttaient désespérément contre l’envahisseur.

Il nous paraît que les Arméniens, perdant totalement de vue les leçons du passé, sont, une fois encore, victimes de leur crédulité.

Rappelons brièvement l’historique des relations des Arméniens avec les Puissances durant les soixante dernières années en Turquie.

Ils reconnaissent eux-mêmes qu’ils vivaient auparavant en parfaite harmonie avec les éléments musulmans. Sauf des traitements exceptionnels inhérents à la vicieuse administration ottomane , et qui étaient d’ailleurs appliqués uniformément à tous les éléments , voire même aux Arabes , on peut dire que les Arméniens n’étaient pas les moins favorisés par le gouvernement, qui leur ouvrait la porte de toutes les hautes fonctions dans l’administration , dans la magistrature, dans les finances et dans la diplomatie. Ils étaient souvent l’objet de la confiance des sultans et détenaient bien souvent la gestion des finances de l’empire ottoman.

Le patriarcat arménien jouissait de tout temps des privilèges religieux et constituait, comme disaient quelques mécontents, une sorte de gouvernement dans le gouvernement. C’était presque vrai. Le patriarcat, en fait, avait ses drogmans, ses huissiers qui étaient en relations continuelles avec les départements de l’Etat. Il réglait, indépendamment des tribunaux réguliers de l’Empire, la plupart des affaires civiles de ses ressortissants, selon ses statuts. Depuis le règne du sultan Abdul Hamid, pendant lequel l’ingérence des grandes puissances augmentait à mesure que la puissance ottomane déclinait , les autorités ecclésiastiques s’enhardirent et passèrent du domaine ecclésiastique au domaine politique. Certains patriarches prirent même la tête du mouvement révolutionnaire arménien et firent du patriarcat une pépinière de sédition où les agents étrangers jouaient des rôles considérables, particulièrement compromettants.

On sait que l’Angleterre, dès l’avènement du sultan Abdul Hamid, donna de l’essor à sa politique d’extension en Orient. Elle cherchait à affaiblir l’Empire ottoman pour mettre la main sur les parties des territoires qu’elle convoitait. Au congrès de Berlin, elle marchait, contrairement à son ancienne politique, en parfait accord avec la Russie contre l’Empire ottoman [non, elle a au contraire (de concert avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie ) permis à la Porte de conserver une partie des Balkans, pour contenir la poussée russe]. Elle réussit, avec l’aide de cette dernière, à introduire dans le traité des dispositions concernant l’application des réformes dans les six vilayets de l’Anatolie orientale et les plaça sous la garantie des grandes puissances. Ainsi, le problème arménien fut inscrit solennellement dans la principale page de la grande question d’Orient. Les autres éléments ethniques qui n’avaient pas la situation privilégiée des Arméniens et qui, pourtant, avaient autant de raisons de se plaindre qu’eux ne furent l’objet d’aucune sollicitude des puissances chrétiennes. Certes, le succès encouragea les Arméniens.

Quand l’Angleterre occupa l’Egypte en 1881, le sultan Abdul Hamid développa sa politique de solidarité musulmane (il ne s’agit pas de panislamisme ) aux Indes et ailleurs, politique que l’Angleterre considérait comme un danger pour ses possessions [l’Angleterre n’a pourtant jamais négligé la carte islamique (même au pires heures du philhellénisme lloyd-georgien), et Lord Salisbury avait de la sympathie pour l’entreprise d’Al-Afghani ]. Elle se mit à chercher une occasion pour créer à la Turquie des difficultés en vue d’accélérer sa dislocation [ce revirement date plutôt de Gladstone (1892), turcophobe et arménophile]. C’est précisément dans ce but que ses agents prodiguèrent des promesses à la nation arménienne en faisant miroiter à ses yeux une prompte intervention des grandes puissances, si elle se révoltait contre la Turquie. On lui faisait entendre qu’un pareil acte aurait pour résultat le démembrement de l’Empire et l’indépendance de l’Arménie. Les nationalistes arméniens furent dupes de ces promesses et suivirent ces conseils. On connaît le résultat : il fut tragique : les massacres de Betlis, de Diarbekir, de Zeitoun et de Constantinople furent la conséquence des conseils donnés. On raconte que beaucoup de victimes en poussant le dernier soupir, bégayaient : « Voilà l’escadre anglaise ! » Des centaines de mille victimes tombèrent dans ces luttes [chiffre exagéré ], mais l’intervention de l’Angleterre a fait défaut. Peut-être y a-t-il eu quelques démarches de la part des puissances. Mais le sultan réussit pourtant à faire nommer une commission d’enquête sous la présidence de Chefik Pacha, président de la Cour de cassation, et composée des représentants des grandes puissances. Après six mois de travail, le résultat de l’enquête s’établit au désavantage des Arméniens.

Cet état de choses finit par créer fatalement une haine féroce entre les deux peuples. Les Alliés avaient, hélas ! abusé de la bonne foi et de la crédulité du peuple arménien : mais cette déception ne fut pas la dernière. La grande guerre a été l’occasion d’une nouvelle tentation de la part des grandes puissances, tentation suivie encore de déceptions plus cruelles pour nos amis Arméniens.

L’Angleterre et la Russie revinrent à la charge et réussirent cette fois encore à convaincre — beaucoup disent à « duper » — les dirigeants du mouvement national arménien, pour les décider à prendre les armes contre la Turquie. On se rappelle quelle lutte à mort s’engagea entre l’Arménien et le Turc pendant l’offensive des Russes en Anatolie. C’est ainsi que le signal de terribles massacres fut donné.

La guerre terminée, les survivants réclamèrent la réalisation des engagements pris vis-à-vis de la nation arménienne par les Alliés, qui se montrèrent disposés à réaliser ses revendications. Ils n’ont pas tardé, en fait, à reconnaître l’Arménie comme Etat indépendant et allié dans la limite des territoires qu’on leur avait promis avant et pendant la guerre. Mais quand le moment de la réalisation fut venu, la face des choses changea complètement. La carence des puissances fut complète. Les engagements ne valent, à leurs yeux, que les avantages qu’ils peuvent comporter et ne doivent impliquer aucun sacrifice. Hélas ! le cas des Arméniens ne promettait pas d’avantages aux Alliés et pouvait même leur réserver des dangers. Exécuter les engagements contractés aurait coûté beaucoup de sacrifices aux Alliés, peut-être une guerre contre la Turquie et même contre la Russie ; alors, c’était plus facile d’accorder aux Arméniens des territoires arabes où la France, par exemple, avait des intérêts et des visées coloniales évidentes pour la réalisation desquels elle devait se servir d’un élément quelconque non arabe. Or, les Arméniens étaient là pour se prêter à ces desseins. C’est dans ce but qu’on encourage les Arméniens pour les amener à quitter leurs foyers actuels en Anatolie [Djabri souscrit donc au fait que le régime kémaliste a accepté de maintenir les populations arméniennes sur son territoire ].

Nous constatons donc que rien n’a changé. On est, une fois de plus, en train de jouer les mêmes rôles. Hier, c’étaient l’Angleterre et la Russie : aujourd’hui, c’est la France qui, secondée par la Société des Nations, veut se servir de la nation arménienne pour la besogne d’avant-garde de ses conquêtes. Elle compte trouver dans ce peuple le support qui soutiendra son prestige, le soldat qui glorifiera son nom et défendra sa politique. Elle veut essayer de former une sorte d’Etat-tampon qui serait capable de recevoir le choc des Turcs. Elle sait pertinemment qu’elle ne pourra pas compter sur les soldats arabes, lesquels ne combattront jamais le Turc pour la France qui occupe si injustement leur patrie [Chekib Arslan , très souple en matière de combinaisons politiques, n’excluait pourtant pas une entente franco-arabe contre les revendications kémalistes].

Les autorités françaises veulent donc faire des survivants arméniens de la chair à canon pour les Turcs. Ce qui est attristant, c’est que la majorité des chefs nationalistes arméniens sont en parfaite connivence avec les autorités françaises. Non seulement ils ne voient pas les inconvénients et les périls de la formation du home national arménien en Syrie, mais ils sont persuadés de son opportunité, de son utilité et de son urgence, sans se soucier des vrais maîtres du pays. Ils oublient que c’est une question de droit, de prestige, d’intérêts et d’existence pour la nation arabe.

Les patriotes syriens s’imposaient jusqu’à présent la circonspection et préféraient le silence pour ne pas froisser les sentiments de leurs anciens compatriotes éprouvés. Ils espéraient qu’on finirait par comprendre que l’hospitalité a des limites qu’indiquent les droits sacrés d’une vieille et glorieuse nation qui renaît à la vie.

Mais on finit par s’apercevoir que c’est conformément à un plan arrêté que les deux parties marchent en parfait accord dans cette voie périlleuse. L’émotion produite dans tous les pays arabes par cette constatation pénible est bien compréhensible et justifiée. Certes, on pouvait tolérer l’hospitalisation d’un nombre de réfugiés proportionnel à la capacité économique, et sociale et surtout en harmonie avec les revendications légitimes du pays. Agir dans ces limites était un devoir humanitaire. Mais il est absolument impossible de tolérer une politique d’immigration en masse cherchant à fonder sur le territoire syrien une patrie nationale en y appelant les Arméniens dispersés en Turquie et ailleurs.

Comment peut-on qualifier l’acte consistant à admettre des étrangers qu’on naturalise sans la consultation d’un pays, dont la souveraineté est indiscutable, autrement que par une violation flagrante du droit et des principes établis ?... Il n’y a pas de collectivité ni de société organisée qui, au sujet de l’admission et de la naturalisation des étrangers, n’ait le droit d’édicter les lois rigoureuses que dicte le souci de ses intérêts, de sa sécurité et de sa dignité. Tous les peuples — excepté le peuple arabe — usent de ce droit élémentaire.

Imposer des milliers et des milliers d’étrangers à un peuple qui ne connait ni leurs mœurs , ni leur langue ni leur moralité et qui n’a rien de commun avec leur culture et leur idéal, n’est-ce pas une injustice et un non-sens inqualifiable ?

Cette manière d’agir qu’on justifie par le mandat qu’on a refusé définitivement et dont on a, d’ailleurs, abusé jusqu’à présent pour asservir les peuples, n’est-ce pas attentatoire au prestige et à la dignité d’une nation ?

L’établissement d’immigrés en Syrie est également une question d’intérêt autant que de droit et de prestige. Car l’état d’extrême pauvreté des immigrés doit avoir fatalement des répercussions sur la situation économique des populations déjà dépourvues de moyens d’existence. Les nouveaux arrivants devront se jeter forcément comme des parasites sur les ressources médiocres des travailleurs nationaux. Vivant à moins de frais que les travailleurs arabes, les nouveaux arrivants accapareront facilement leurs métiers et leurs professions et se substitueront à eux. Faute de capital et, par conséquent, de possibilité de production, ils augmenteront le total de l’importation, ce qui pèsera lourdement sur l’économie générale du pays.

Le moment est bien grave. Il est de notre devoir de faire appel à la sérieuse attention de nos amis Arméniens pour leur faire comprendre qu’il est urgent de changer de voie et de s’efforcer de trouver d’autres solutions conciliables avec les intérêts des deux peuples. Nous croyons que ni les Arméniens ni leurs protecteurs n’ont intérêt à ne pas entendre notre cri d’alarme. Le devoir de la S. D. N. qui faiblit de plus en plus devant les mandataires, est de ne pas permettre qu’on impose une solution bâtarde de nature à mettre en conflit deux peuples qui se sont témoignés jusqu’à présent de l’amitié et des sentiments de fraternité humaine.

L’exemple de la Palestine est suffisant pour décourager ceux qui préparent des solutions aussi monstrueuses. Nous nous croyons en droit d’attendre de nos amis Arméniens un geste prouvant que notre appel sera entendu d’eux."

Ihsan al-Djabri, "Les minorités religieuses", La Nation arabe, n° 8-9, janvier-avril 1936 :

"Dans notre article paru dans le Journal de Genève du 28 février dernier, nous nous sommes efforcés de prouver à notre contradicteur, M. P. B., correspondant dudit journal, à Paris, que la Syrie n’avait pas précisément de minorités nationales, excepté celles installées depuis l’occupation par la France : les Arméniens et plus récemment les Assyriens.

Nous avions souligné avec satisfaction que les Arméniens avaient pris part à la grève générale déclenchée dernièrement en Syrie, ainsi qu’à la fermeture des magasins dans tout le pays, fermeture qui a duré cinquante jours sans arrêt, battant le record de sacrifice et de l’endurance d’un peuple manifestant sa volonté inflexible de conquérir son indépendance. Ce témoignage de loyauté des immigrés arméniens à la cause commune vient d’être confirmé par la bouche de leurs chefs spirituels et politiques, qui ont affirmé solennellement vouloir se solidariser avec la population arabe de Syrie et appuyer ses revendications quant à l’unité et à l’indépendance du pays, en se plaçant au rang des citoyens, ayant comme eux les mêmes devoirs et les mêmes droits.

Quant aux Assyriens , malgré les perturbations dont ils ont fait preuve en Irak , ils ont envoyé une délégation aux représentants du bloc national, les assurant également de leur intention de loyauté proclamant leur attachement à la patrie syrienne. Par conséquent, on ne peut pas craindre des surprises de leur part parce qu’ils ne peuvent réclamer des privilèges que les autres éléments de la nation ne possèdent pas. Nous sommes déjà presque certains qu’ils ne se permettront pas de formuler les mêmes prétentions formulées auprès du Gouvernement de l’Irak."

Sur Chekib Arslan et Ihsan al-Djabri, et notamment leurs relations avec Jean Longuet (ancien secrétaire de rédaction de Pro Armenia) : L’émir Chekib Arslan et les Arméniens

L’émir druze Chekib Arslan, la Turquie et les impérialismes

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