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Grand bal de l’amitié franco-turque, interview avec Öznur Küçüker

Publié le | par Turquie News | Nombre de visite 1688

Info Turquie News - www.turquie-news.com - Nous continuons notre série d’interviews avec les organisateurs du Grand Bal de l’amitié franco-turque qui aura lieu le 30 mars 2012 à l’Espace Venise de Sarcelles.

Dans ce deuxième volet nous partons à la découverte de Melle Öznur Küçüker qui met son expérience et son savoir faire au service d’un évènement exceptionnel.

Rencontre...


« Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. »
Octavio Paz

Turquie News : Bonjour Melle Küçüker. Pourriez-vous brièvement vous présenter ?
Öznur Küçüker : J’ai été diplômée du Lycée Saint Benoît d’Istanbul en tant que major de la promotion en 2004 et ensuite du Master Affaires Internationales de l’IEP de Paris en 2009. Je suis turque et je vis à l’étranger depuis maintenant huit ans. J’ai eu des séjours dans différentes villes du monde comme Paris, Dijon, Prague, Rabat et Istanbul pendant ces huit ans. Je suis donc une grande passionnée des voyages et je suis constamment à la quête de nouvelles découvertes humaines, spirituelles et intellectuelles.
Actuellement, j’ai une vie professionnelle très active car je suis quelqu’un de très engagée dans divers domaines et j’aime beaucoup diversifier mes initiatives. Essentiellement je donne des cours particuliers en sciences sociales aux étudiants turcs en licence et en master et j’organise des événements culturels visant à rapprocher les peuples et les cultures. En 2009, j’ai également publié un livre de poésie intitulé « Pyromania » et je publierai prochainement de nouveaux livres.

T.N. : Comment vous est venue l’idée d’organiser le Grand Bal de l’Amitié Franco-turque ? Aviez-vous déjà de l’expérience dans ce domaine ?
Öznur : Avant d’arriver en France, mon but était de faire des études en commerce international à Paris. Depuis mon enfance, je me suis toujours intéressée à l’histoire des hommes et des peuples mais comme j’étais très littéraire, je ne me voyais pas engagée dans le monde politique. Quand je suis arrivée en France en 2004, je n’avais que 19 ans et la première question que les Français que je rencontrais m’adressaient était la suivante : « Vous avez un petit accent Mademoiselle. Vous venez d’où ? ». Quand ma réponse était « la Turquie », je comprenais de leurs expressions de visage qu’ils étaient très surpris et parfois même effrayés. C’est donc en France que j’ai commencé à me poser des questions sur mon identité de turque, de femme et de musulmane. Les préjugés et les stéréotypes qui circulaient notamment autour de la Turquie m’ont beaucoup étonnée. J’étais encore trop jeune pour être influente et changer le regard des personnes qui m’entouraient.
Mais un jour, j’ai décidé de prendre une toute autre voie dans ma vie en laissant de côté mon projet de commerce international. J’ai tenté le concours de l’IEP de Paris et j’ai été admise au campus est-européen de l’IEP de Paris à Dijon. J’ai ainsi été la première étudiante turque de ce campus. C’est parmi les nombreux étudiants de haut niveau, originaires des pays de l’Europe Orientale et Centrale de ce campus que j’ai ressenti pour la première fois un véritable besoin de « faire quelque chose » en faveur de mon pays et de mon peuple que j’aime et que j’admire tant.
A Dijon, en 2005, j’ai organisé un premier projet intitulé « Regards Croisés sur la Civilisation et la Culture Turques » avec un ami tchèque Filip Kostelka et une autre amie franco-allemande Anne-Sophie de Groër. Ce projet qui m’a permis de faire connaître les différentes facettes de la culture turque aux Dijonnais à travers des conférences, des spectacles de danses, de théâtre et de concerts fut un grand succès et fut accueilli très favorablement par la communauté turque de Dijon qui m’a d’ailleurs fortement soutenue tout au long de mon initiative. Ce projet fut le premier pas pour moi vers le monde de l’événementiel, ce monde tellement merveilleux qui unit à la fois l’art et la diplomatie.
Après avoir travaillé pendant un an avec un homme fascinant, Gad Weil qui se nomme comme créateur d’art de rue, dans divers projets notamment un projet de taille colossale, Nature Capitale, en tant que chargée de communication, j’ai décidé de m’engager encore une fois dans des actions visant à changer l’image des Turcs en France.
Le 6 novembre 2010, j’ai ainsi organisé à Epinay-sur-Seine « le Grand Bal de la République de Turquie » avec le soutien de l’Association des Originaires de Trabzon, de nombreux médias et sponsors. Mon idée était de célébrer le 87e anniversaire de la République de Turquie en rassemblant tous les Turcs de France sans faire aucune discrimination liée à leur ethnie, religion, sexe, âge etc. L’organisation d’une telle soirée époustouflante qui a accueilli 750 invités français et turcs fut une aventure et une expérience incroyables pour moi. Je n’avais que 25 ans quand j’ai assumé la responsabilité de cet événement et j’ai vécu de nombreuses difficultés tout au long des préparations du projet. Je me suis rendue compte à quel point il était encore nécessaire de changer la vision que les Français avaient des Turcs mais aussi et surtout les mentalités des Turcs de France qui vivent encore très souvent dans une Turquie imaginaire qui n’est plus d’actualité. Grâce à cette initiative, j’ai également rencontré des personnes extraordinaires avec qui je n’ai jamais rompu le contact et qui m’ont donné l’envie et surtout le courage de poursuivre mes actions pacifiques en faveur de la communauté turque en France.
C’est ainsi qu’en fin 2011, j’ai proposé à trois jeunes exceptionnels, Ülker Akyol, Aurélien Denizeau et Suzan Akyol de m’accompagner dans une toute nouvelle aventure, celle de fêter l’amitié franco-turque autour d’une soirée féerique…

T.N. : Que représente pour vous cette amitié franco-turque ? Pourquoi est-il si important de la préserver d’après vous ?
Öznur : Quand j’étais encore une jeune élève du Lycée Saint Benoît d’Istanbul, j’ai connu la France à travers les chansons d’Edith Piaf, les images de la Tour Eiffel et de l’Avenue des Champs-Elysées, les fêtes de la Francophonie organisées minutieusement au lycée. Comme beaucoup de Turcs, j’étais donc, moi aussi, un peu décalée de la réalité française. Quand je suis arrivée à Paris, j’ai connu la vraie France dans les métros et dans les rues. Mon français soutenu de type Voltaire que j’avais appris dans les livres de littérature du Moyen Age n’était pas adapté à la vie quotidienne. Les premiers amis français que j’ai eus à l’Université Panthéon-Sorbonne en première année de mes études riaient beaucoup quand je parlais français car ils me trouvaient « trop polie ». Pour moi, la vie à Paris fut un réel choc mais également une énorme découverte. J’ai vécu des milliers de difficultés et de problèmes liés à mon identité de turque, de femme et de musulmane surtout quand je voulais louer un appartement. Certains propriétaires de studios que j’appelais me raccrochaient le téléphone au nez quand ils entendaient que j’étais turque. J’appelais tous les jours ma mère en pleurant pour lui dire que je ne voudrais pas passer une minute de plus en France et que j’étais extrêmement frustrée. Mais j’ai décidé de rester à Paris pour poursuivre mon combat. Je ne voulais absolument pas rentrer en Turquie avec un échec dans mon bagage. Alors qu’est-ce qui m’a permis de résister aux aléas de ma vie en France depuis tellement d’années ? La réponse est vraiment très simple : l’amitié !
Aujourd’hui, quoique les hommes politiques puissent déclarer à la télé, je peux vous dire que la Turquie et la France sont des pays très similaires sur tous les plans et les peuples s’apprécient mutuellement. Le seul problème c’est qu’il existe une véritable méconnaissance de la Turquie et de la culture turque en France. De mon côté, mes amis français qui étaient très souvent de diverses origines m’ont toujours soutenue dans mes projets et mes problèmes personnels. Sans leur aide, je n’aurais sûrement pas pu réussir tout ce que j’ai construit jusqu’à maintenant. Je me sens donc redevable à toutes ces personnes pour tout ce qu’ils ont fait pour moi et je veux leur exprimer ma reconnaissance en leur offrant une belle œuvre pacifique : le Grand Bal de l’Amitié Franco-Turque.
Paris est une ville des plus cosmopolites. Regardez simplement la richesse des cuisines qui existent dans cette ville. Paris n’est pas seulement la France mais c’est le monde entier aux mille couleurs. Donc je conçois l’amitié franco-turque comme une amitié ayant ses racines dans un passé lointain mais qui se nourrit tous les jours de l’amour des peuples. Tout comme Paris, pour moi, aujourd’hui, le mot « Français » est très vaste. Mes amis français sont d’origine marocaine, géorgienne, chinoise, antillaise, croate…Chacun de mes amis m’ont fait connaître la France autrement et m’ont fait découvrir une deuxième culture en dehors de la culture française. Donc l’amitié franco-turque de nos jours est à mes yeux un concept très riche, c’est tout simplement l’amitié de tous les peuples en entier.

T.N. : Vu le programme étoffé de la soirée, l’organisation ne doit pas être facile. Rencontrez-vous des difficultés ? Si oui, lesquelles ?
Öznur : Oui, nous rencontrons des difficultés, chacun de notre côté. Certains Turcs de France m’ont même qualifiée de « traîtresse » en me confirmant que l’amitié franco-turque n’existait pas et que le fait d’organiser une soirée pour les Français qui n’aiment pas les Turcs dans une telle conjoncture politique était une très mauvaise action. Je pense sincèrement que certains membres de la communauté turque de France devraient s’interroger sur leur rôle individuel et social en France et éviter ces types de généralisations qui sont extrêmement dangereuses. L’ouverture d’esprit, l’amitié, la paix, la solidarité, le rapprochement des cultures et des peuples, ce sont seulement les mots d’ordre qui peuvent faire disparaître les malentendus et les préjugés qui existent sur la Turquie en France mais à condition que mes compatriotes turcs partagent cette vision du monde avec moi. Mais je peux vous assurer que le soutien que nous recevons de nos amis et sponsors sont d’une telle grandeur que nous surmontons ensemble toute sorte de difficultés, d’où l’expression « l’union fait la force ».

T.N. : Justement, à ce sujet, sur qui avez-vous pu compter dans l’organisation de ce Grand Bal de l’amitié franco-turque ?
Öznur : Ma liste de remerciements est trop longue pour la citer ici car j’ai justement beaucoup d’amis ! Mais je souhaite remercier tout d’abord nos artistes, Güray Basol, Serkan Uyar, le groupe de Gülay Hacer Toruk, le groupe d’El Turquito, Erdogan Artan, Özlem Bayramoglu, DJ Burak Aydost et DJ Raki Sounds Balkan System, de nous accompagner dans cette aventure. Nous remercions ensuite tous nos sponsors, Le Lycée Saint Benoît d’Istanbul, Turkish Airlines, Is Bankasi, AYGUN&ASSOCIES, Omrat, Kenza Gold, le Restaurant Le Sultan, CLC Media, Net Copy Center, qui nous permettent de financer notre initiative ainsi que nos sponsors de média donc les équipes de Turquie News et de Radio MIT, qui médiatisent notre soirée. Je souhaite également remercier de tout mon cœur mes milliers d’amis –comme je vous le dis, la liste est trop longue- Guy, Saadet, Claude, Chantal, Pascal Collin, Nicolas Cluzeau, Tülay, Nart, Cem Bulat, Ali Sarica, Firat, Fatin, Güray, Laurent, Ahmet Artan, Ümit Kaya, Bogdan, Ayhan, Resmiye Aysun Otgunlu, Ömer Yilmaz, Neslihan Ay, Demet et Derya et tous les autres noms que je n’arrive pas à citer ici mais qui nous aident jour et nuit dans la mise en œuvre de notre projet. Bien sûr un dernier clin d’œil à ma famille et aux familles d’Ülker et d’Aurélien dont le soutien est indispensable pour nous.

T.N. : Je vous remercie de nous avoir accordé cet interview. Un dernier mot pour inciter nos lecteurs à participer à cet évènement ?
Öznur : Il y a cinquante ans, Martin Luther King avait dit qu’« il avait un rêve ». Moi aussi j’ai un rêve comme lui. C’est un rêve qui grandit en moi comme un incendie : celui de l’amitié franco-turque, celui de l’amitié tout court. Cette vision de l’amitié que j’ai dans mon esprit, j’essaierai de la transmettre de la manière la plus poétique et la plus féerique qui soit le 30 mars à l’Espace Venise avec Ülker, Aurélien et Suzan. Et ainsi notre soirée ne durera pas seulement jusqu’à 3h du matin mais toute l’éternité. Si vous voulez ajouter un souvenir inoubliable de plus dans votre tiroir, ne ratez pas la plus belle soirée conçue pour l’année 2012 !


Lire également :
 Partie 1 : Grand bal de l’amitié franco-turque, interview avec les organisateurs : Ülker Akyol
 Partie 3 : Grand bal de l’amitié franco-turque, interview avec Aurélien Denizeau et Suzan Akyol


Le Grand Bal de l’Amitié Franco-turque
vendredi 30 mars 2012, 19h30
Espace Venise de Sarcelles

Pour plus d’informations : http://www.grandbal2012.com
Sur Facebook : Le Grand Bal de l’Amitié Franco-Turque


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