FESTITOURISME : UNE ODE A L’AMITIÉ FRANCO-TURQUE !
L’équipe de Turquie News a eu l’immense joie de participer au « Salon de la Turquie - Festitourisme », qui vient de se dérouler du 1er au 4 novembre à Villefranche sur Saône, dans la capitale du Beaujolais.
Une initiative citoyenne est lancée pour la première fois, par des Français et Turcs, se défendant courageusement de n’être liés à aucune organisation politique, religieuse ou idéologique, et ayant tout simplement pour ambition de promouvoir l’amitié franco-turque, et tenter par ailleurs de briser les préjugés de part et d’autre afin d’instaurer un dialogue serein et bienveillant. Animée par le désir de faire se rencontrer et de croiser les deux cultures, cette équipe déterminée se jette corps et âmes dans cette extraordinaire aventure.
Je suis dans mes pays – memleketime geldim
Aussitôt franchi l’entrée du site, c’est une frontière imaginaire que nous passons et nous voilà en Turquie mais... sur le territoire français. A l’entrée à droite, des kilims étendus sous des minder (gros coussins) symbolisent à merveille l’hospitalité turque, O combien précieuse !
Autre symbole de la culture à quelques pas, on aperçoit émerveillé les centaines de nazar boncuğu (amulette contre le mauvais œil) suspendues aux branches d’un arbre. L’amulette sert à repousser le sort et le mal donc à protéger celui qui la porte ou l’accroche dans son foyer. Ouf, nous voilà rassurés, le lieu est préservé !
Dans l’immense salle, plusieurs vidéoprojecteurs diffusent en continu des films sur les trésors naturels de Turquie. Ainsi on peut admirer le patrimoine naturel et culturel sur grands écrans et avoir la sensation agréable d’y être, les cheminées de fées de la Cappadoce, Pamukkale (le château de coton) magnifique lieu thermal et d’autres merveilles qui font la richesse du pays, tout en se délectant d’une spécialité turque avec un thé ou un ayran (boisson froide à base de yaourt).
Le salon est une véritable invitation au voyage à travers un programme très riche, articulé entre conférences, culture, arts, gastronomie, danses, humour, concerts… A ce propos, de nombreux spécialistes de l’artisanat traditionnel turc ont été adressés par l’un des partenaires du festival, le Ministère de la Culture et du Tourisme de Turquie dont la présence était également marquée par le stand de l’Office turc du Tourisme de Paris.
L’art et l’artisanat turc au rendez-vous
Dans les allées des exposants, commerçants, artisans sont présents : Ayfer Çimen Balaban, artiste, experte en miniature, Mustafa Ates, maître-peintre d’Ebru [1] ainsi que Tülay Ates présentant les parures et bijoux faits main selon les traditions ancestrales turques. Nukhet Alp est, quant à elle, spécialiste de la céramique ou encore Metin Celebi, artisan tailleur de jais, et enfin Behçethan Aktas, sculpteur d’écume de mer exposent leurs œuvres originales réalisées avec passion et minutie.
Des associations sont également présentes, notamment nos amis de Radio Made in Turkey, la Jeune Alliance des Amis du Kazakhstan, Ataturquie, la Maison de l’Azerbaïdjan « kardeş ülke » (pays frère) mais aussi la Mairie de Villefranche-sur-Saône tiennent des stands.
Dès la première heure, les visiteurs fourmillent en famille autour des stands colorés et tous plus alléchants les uns que les autres : les milles et une saveurs d’Anatolie ne laissent pas insensible au voyage gastronomique : çiğ köfte, börek, lokum, tatlı et autres pâtisseries….
A l’extérieur, ce sont les délicieux fumets de gözleme, lahmacun ou kebap qui nous font hésiter, ou même céder à notre gourmandise… De grandes tables sont disposées pour les pique-niques familiaux ou entre amis. Tout autour, des stands de jeux et un manège de poneys sont dressés pour la grande joie des plus petits. Absolument personne n’a été exclu de ce festival, l’ambiance est vraiment festive et joyeuse.
L’effervescence croît d’heure en heure tandis que sur la scène centrale conférences et spectacles s’alternent à rythme régulier et sans temps mort.
Des conférences pertinentes
Le choix des conférences est approprié et traduit la volonté d’une implication citoyenne dans l’espace public tout en gardant sa particularité turque.
Dans la première conférence, Laurent Decourselle, délégué du préfet honoraire, expose les valeurs de la République française afin de mieux les saisir. Il insiste sur la loi de 1905 sur la laïcité, mettant en vigueur la séparation de l’état et du religieux.
Sebahat Erol, du prestigieux lycée Galatasaray d’Istanbul, quant à elle nous renseigne sur les Turcs dans la littérature française, on pense instinctivement à l’alliance franco-ottomane entre François Ier et Soliman le Magnifique en 1536 ou encore à la figure du Turc dans certaines pièces de Molière.
Patrick Dollat, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Strasbourg, nous ramène dans le présent en mettant en avant l’identité européenne de la Turquie. Il rappelle que la Turquie est membre fondateur du conseil de l’Europe depuis 1950 et bien qu’elle ne soit pas membre de l’union, elle a un rôle essentiel de par sa position géographique et des multiples accords signés entre les deux entités.
Les thèmes traités mettent l’accent sur cette combinaison entre l’identité « turque » et « française » de la diaspora. Elle peut même être une valeur ajoutée. A ce sujet, la conférence de Mehmet-Ali Akıncı, enseignant-chercheur à l’université de Rouen aborde les avantages du bilinguisme.
Le Salon de la Turquie a également invité des conférenciers venus de Turquie, notamment le célèbre écrivain, professeur pédagogue Alişan Kapaklıkaya qui, par une approche originale, en s’appuyant sur ses propres expériences donne des conseils aux familles sur la parentalité bienveillante et une éducation positive des enfants ou encore comment vivre heureux en couple et en famille. La compréhension de l’autre, l’empathie, l’amour seraient la base d’une famille solide. Ses récits de vie renvoient à une dimension plus émotionnelle, probablement plus adaptée à un public turc.
Et enfin l’archéologue Rüstem Aslan présente le site archéologique de Troie, une colline située dans la province de Çanakkale dont les fouilles ont débuté au XIX siècle. Depuis 1998, l’UNESCO l’a inscrit sur la liste de son patrimoine mondial.
Des spectacles épatants
A côté de la portée intellectuelle de l’évènement, Festitourisme a invité des personnalités turques du monde du divertissement et de la télévision afin d’animer ce salon sous la coordination du talentueux DJ et entertainer Yasin Beyaz. On en a plein la vue ! Le public est enchanté de prendre des photos en compagnie de « Huseyin, le serveur de thé », du célèbre animateur By-Kus ou encore l’humoriste Umut Oğuz : des personnalités fort sympathiques et à l’abord facile visitant le Festival "comme à la maison" se mêlant facilement à la foule.
L’humour ne manque pas non plus dans ce festival : le one man show, en turc, du comédien Umut Oğuz a été fortement applaudi par les spectateurs qui en avaient mal aux zygomatiques. Il n’est pas question de faire l’impasse évidemment sur l’humoriste en herbe Kevin Ozgoz, qui se produira prochainement dans le Djamel Comedy Club.
Les amoureux de soufisme ont eu le privilège d’assister chaque jour à une cérémonie de Sema avec des derviches tourneurs. De même que les afficionados de danses folkloriques ou traditionnelles ont pu apprécier les représentations des « Couleurs d’Anatolie », troupe de danseurs professionnels arrivés tout droit de Turquie pour les transporter dans toutes les régions de Turquie et bien plus loin : Zeybek , Halay, Horon, Kılıç Kalkan, Bursa yöresi, Kırklareli, Roman, Gavallı def dansı, Teke, Çayda çıra, Tokat, Kütahya, Artvin, Seymen Silifke, Balkan…
Que serait un festival franco-turc sans les türkü (chants populaires) ou les chansons arabesques… L’artiste Huseyin Uğurlu a autant fait pleurer la foule qu’il ne les a fait danser. Cette dernière s’est trémoussée tout en claquant des doigts sur le rythme des chansons de Veli Erdem Karakulah, plus alaturka. Quant aux ados, ils ont eu le bonheur de rencontrer leur idole Özel et de se déchaîner pendant son concert.
Et enfin, l’apothéose est atteinte avec le concert de Cem Adrian. Pour une première, on peut ne peut que féliciter la ténacité des organisateurs d’avoir programmé un concert de ce virtuose et éclectique chanteur turc. La capacité de l’auteur-compositeur-interprète à chanter de la basse au soprano impressionne les professionnels et fait l’admiration de tous. Le concert donné en est la preuve, le chanteur a choisi cette fois le registre des türkü (chants populaires), réjouissant amplement l’auditoire. Certains l’écoutent religieusement, d’autres chantent avec lui, on peut apercevoir quelques personnes essuyer des larmes, submergées par l’émotion.
Emotion, joie, admiration nous viennent à l’esprit devant la performance inouïe de l’artiste. Refusant de donner des interviews depuis quelques années "parce que tout a été dit" selon le chanteur, qui a néanmoins consenti à un échange convivial avec l’équipe de Turquie News.
L’objectif de satisfaire un large nombre est atteint. Une manifestation s’articulant entre conférences, artisanat, art, lecture de poèmes en français et en turc par Nermin Girisit, concerts, danses, spectacles, animations très variés souligne nos cultures plurielles et par là révèle nos identités plurielles.
« FestiTourisme, c’est la rencontre plurielle, c’est le dialogue avec l’autre, c’est le vivre-ensemble, c’est la République dans sa gloire, ce sont des citoyens qui veulent participer à une douce musique d’amitié et de découvertes pour des lendemains d’espoir », peut-on lire sur la page de Festitourisme. Ces propos synthétisent formidablement les quatre journées du Salon de la Turquie . La mission est prodigieusement réussie pour une première édition, c’est un franc succès !
L’aspiration à faire vivre ces deux cultures, cette interculturalité que nous vivons de fait, apporte une nouvelle dimension à la notion de citoyenneté. Ainsi être Français n’est pas nécessairement de renoncer à sa culture d’origine mais de pouvoir vivre en harmonie et sereinement dans son identité plurielle.
Pour conclure, nous saluons sincèrement et profondément le travail surprenant et admirable des organisateurs et notamment de leur président Özcan Türk. Ils ont réussi en toute humilité à mener une action aussi périlleuse, en de si courts délais. Ils nous ont promis de nous faire voyager, ils ont tenu leur promesse. Et nous attendons déjà avec une grande impatience la seconde édition du Salon de la Turquie – Festitourisme. Longue vie à cette initiative !
Et MERCI ! TEŞEKKÜRLER
Dilek Karağaç - Pakize Temel
[1] L’ebru est l’art traditionnel turc qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l’eau à laquelle on a ajouté des substances grasses dans un récipient, puis à transférer ce motif sur un support tel que le papier, la soie, la céramique…