Cadre de coopération pour le partenariat Afrique-Turquie
Les chefs d’Etat et de gouvernement et chefs de la délégation d’Afrique représentant le
continent et l’Union africaine et ses institutions et le Président de la République de
Turquie réunis pour le premier Sommet dans le cadre de la Coopération Afrique-Turquie
du 18 au 21 août 2008 à Istanbul (Turquie).
Décident d’adopter le présent Cadre de coopération pour la mise en oeuvre de la
Déclaration d’Istanbul sur la Coopération Afrique-Turquie.
I. Coopération inter-gouvernementale
Reconnaissant l’importance de la coopération inter-gouvernementale dans la promotion
du Partenariat entre l’Afrique et la Turquie et à cet égard, les efforts déployés par le
gouvernement turc pour fournir une aide au développement aux pays africains
notamment à travers l’ouverture de trois bureaux régionaux de l’Agence turque de
coopération internationale et de développement en Afrique (TIKA) à
Addis-Abeba, à Khartoum et à Dakar et sa volonté d’en ouvrir dans d’autres pays
africains ;
Les deux parties conviennent de :
1. renforcer leurs liens au niveau des gouvernements, explorer de nouveaux domaines de
coopération, suivre de près les progrès réalisés dans les domaines actuels de coopération
et échanger leurs expériences afin de renforcer leur partenariat dans l’intérêt des deux
parties ;
2. encourager l’échange de missions de haut niveau et instaurer un dialogue et une
coopération au niveau des gouvernements afin de créer et d’entretenir un environnement
propice aux échanges économiques entre l’Afrique et la Turquie ;
3. promouvoir des projets de développement fondés sur l’utilisation des ressources
locales, la création d’emplois locaux et la mise en valeur des ressources humaines ;
4. favoriser le transfert des technologies, l’assistance technique, le renforcement des
capacités, l’échange d’ expériences et de meilleures pratiques.
II. Commerce et investissement
Reconnaissant le rôle crucial que le commerce et l’investissement doivent jouer dans le
cadre de ce partenariat en tant qu’agents du développement, nous prenons note des
progrès réalisés dans les domaines du commerce et de l’investissement :
Nous
1. nous engageons à créer un cadre juridique et conjoncturel propice à la coopération
économique, socle de la coopération entre l’Afrique et la Turquie ;
2. nous engageons à promouvoir des échanges commerciaux équilibrés et accrus tout en
veillant à l’accroissement des capacités de production et à la diversification des
exportations africaines ;
3. convenons d’initier et d’oeuvrer à la finalisation d’un cadre légal approprié appropriés
pour la promotion et la protection d’activités commerciales et d’investissements dans le
cadre de la coopération économique, commerciale et technique ;
4. convenons que le présent cadre de coopération tienne compte des accords bilatéraux et
multilatéraux déjà existants entre plusieurs pays africains et la Turquie et que sa mise en
oeuvre ne porte aucunement préjudice à ces accords bilatéraux qui doivent être considérés
comme un encouragement à des relations économiques plus approfondies et complètes
entre le continent africain et la Turquie ;
5. encourageons la coopération entre les institutions financières de l’Afrique et de la
Turquie et à cet égard, saluons l’admission de la Turquie en tant que membre non
régional de la Banque africaine de développement et Etat contribuant au Fonds africain
pour le développement. Nous nous félicitons également de la volonté de l’Eximbank
turque et du gouvernement turc d’accorder des prêts pour le financement des projets de
développement en Afrique, notamment pour le réseau d’infrastructures du continent
africain ;
6. nous félicitons de l’intérêt croissant manifesté par les milieux d’affaires turcs à investir
en Afrique et du désir d’accroître les investissements directs Turcs vers l’Afrique et dans
ce cadre, encourageons la partie turque à inciter, grâce à des mesures appropriées, les
entrepreneurs turques à investir en Afrique et à leur accorder son appui dans ce sens ainsi
que la partie africaine à précéder de la même façon ;
7. reconnaissons le rôle de premier plan joué par le secteur privé dans l’amélioration et la
promotion du commerce et dans les relations économiques entre les pays africains et la
Turquie. Nous encourageons par conséquent, la participation de ce secteur aux Foires
commerciales organisées en Afrique et en Turquie. Dans ce contexte, nous notons avec
satisfaction la participation de nombreux pays africains à la Foire commerciale
internationale traditionnelle ‘Izmir’ ainsi qu’au Forum commercial annuel organisé par
TUSKON à Istanbul ;
8. nous engageons à encourager la mise en place de Conseils économiques mixtes
Afrique-Turquie.
III. Agriculture, Agro-industrie, Développement rural, Gestion des ressources en eau et
petites et moyennes entreprises (PME)
Reconnaissant le rôle important joué par l’agriculture, l’agro-industrie, le développement
rural et la gestion des ressources en eau dans le développement économique du continent
africain, nous nous félicitons de l’assistance croissante fournie dans ce domaine par
l’Agence turque de coopération internationale et de développement (TIKA) à des Etats
africains, sur le plan de l’expertise, de la formation et de l’initiative du gouvernement turc
d’étendre et d’accélérer les programmes de la TIKA à la formation professionnelle pour
la création de petites et moyennes entreprises (PME) en Afrique.
IV. Santé
Nous avons pris note des initiatives de la Turquie destinées à appuyer l’Afrique dans le
domaine de la santé et des secteurs connexes et de sa volonté de fournir davantage d’aide
et d’expertise dans ce secteur et, à cet égard, décidons de :
1. Intensifier nos efforts en vue de combattre la malnutrition et les maladies
transmissibles et les épidémies ;
2. Consolider les efforts déployés par les pays africains et la communauté internationale
dans la lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose, le paludisme et autres maladies
infectieuses ainsi que les actions entreprises pour éliminer la pauvreté. A cet égard, nous
explorerons ensemble les voies et moyens de faciliter le renforcement des capacités de
l’Afrique à fabriquer des médicaments génériques sur le continent pour qu’ils soient
faciles à obtenir à des coûts plus abordables.
V. Paix et Sécurité
Etant donné que la Paix et la Sécurité sont des conditions sine qua non pour le
développement et la coopération et reconnaissant la contribution de la Turquie aux
opérations du maintien de la paix en Afrique, nous :
1. prenons note du cadre de coopération existant entre l’Afrique et la Turquie aux plans
bilatéral et multilatéral en reconnaissons la nécessité d’étendre et de renforcer cette
relation, notamment à la coopération dans la mise en place de l’architecture de paix et de
sécurité de l’Union africaine et en particulier la force africaine d’attente et à cet égard,
d’améliorer la formation des forces visées ;
2. reconnaissons l’expérience de l’Afrique de la Turquie dans la lutte internationale
menée contre le terrorisme et saluons son engagement à partager cette expertise et son
expérience avec les parties intéressées en Afrique. A cet égard, nous félicitons
particulièrement du travail « du Centre d’Excellence pour la défense contre le terrorisme
(COE-DAT) » et recommandons que des modalités de coopération entre le COE-DAT et
le Centre africain de recherche et d’étude sur le terrorisme soient explorées.
VI. Infrastructures, Energie et Transport
Compte tenu de la nécessité de développer l’infrastructure du continent en vue de
soutenir d’autres secteurs de développement pour la réalisation des OMD dans ce
domaine, nous nous engageons à :
1. Echanger les expériences et les meilleures pratiques pour le développement des
sources d’énergie renouvelables et durables du biocarburant non-agricoles et d’autres
sources d’énergie alternative ;
2. Améliorer l’accès à la production et à l’utilisation des énergies propres, la production
et l’utilisation de sources d’énergie durables respectueuses de l’environnement et
promouvoir l’intégration régionale et les réseaux d’interconnexion ;
3. Développer l’infrastructure dans les domaines des transports terrestres, maritimes et
aériens ainsi que les liaisons aériennes entre les pays africains et la Turquie, et de ce fait,
encourageons les partenariats économiques entre l’Afrique et la Turquie en vue
d’exécuter des projets d’infrastructure matérielle.
VII. Culture, Tourisme et Education
Reconnaissant le rôle important que peuvent jouer la culture, le tourisme et l’éducation
dans le développement des partenariats entre les pays africains et la Turquie, nous :
1. Nous engageons à conclure des accords permettant la coopération dans les domaines
de la culture, du tourisme, de l’éducation, de la science et de la technologie, des activités
des jeunes et des sports, notamment à travers des programmes d’échanges culturels ;
2. Exprimons notre gratitude pour les bourses d’études octroyées par la Turquie aux
étudiants africains dont le nombre est actuellement supérieur à 300 dans l’enseignement
supérieur et convenons de la nécessité d’accroître ce nombre dans les années à venir ;
3. convenons de la nécessité de faciliter une coopération élargie et renforcée entre les
universités et les institutions de recherche africaines et turques ;
4. convenons également d’élargir le programme de jumelage de villes africaines et
turques et de favoriser plus d’échanges et de coopération entre les autorités municipales
de ces villes ;
5. convenons par ailleurs de renforcer le partenariat avec toutes les parties prenantes en
vue de promouvoir le développement du tourisme entre les deux régions ;
6. nous engageons à coopérer dans la lutte contre le trafic illicite des biens culturels, de
faciliter et d’oeuvrer au retour, dans leurs pays d’origine, des biens culturels illégalement
acquis comme préconisé dans les instruments internationaux appropriés.
VIII. Médias, Communications et Technologies de l’Information
Reconnaissant l’importance de la communication et de l’information comme moyens de
promouvoir la connaissance des différentes cultures et sociétés en Afrique et en Turquie,
d’éliminer les stéréotypes et de promouvoir des relations avantageuses entre nos deux
peuples, nous :
1. nous engageons à planifier et à mettre en oeuvre conjointement les initiatives
convenues pour communiquer avec les médias africains, turcs et internationaux et mieux
faire connaître l’Union africaine et les priorités et les réalisations africaines et turques ;
2. convenons de promouvoir les initiatives favorisant une interaction plus poussée et
l’échange d’expériences entre le personnel des médias d’Afrique et de Turquie à travers
des programmes d’échanges qui permettront de sensibiliser aux préoccupations et défis
auxquels l’Afrique et la Turquie sont confrontées, en vue d’instaurer un cadre de
collaboration susceptible de relever ces défis ;
3. convenons de nous entraider dans l’exploration des nouvelles technologies qui
permettront une communication plus efficiente et une diffusion plus rapide de
l’information ;
4. convenons également d’appuyer le renforcement des capacités dans le domaine de la
technologie de l’information ;
5. convenons par ailleurs de coopérer dans la mise en oeuvre des conclusions du Sommet
mondial sur la Société de l’information tenu à Tunis (Tunisie) du 16 au 18 novembre
2005.
MECANISME DE MISE EN OEUVRE ET DE SUIVI
Afin d’assurer la mise en oeuvre effective des programmes et des politiques convenus
dans le présent Cadre de coopération, nous décidons de mettre en place un mécanisme de
suivi à plusieurs niveaux :
1. Le Sommet Afrique-Turquie se tiendra tous les cinq (5) ans, en Afrique et en Turquie à
tour de rôle ;
2. Le deuxième Sommet Afrique-Turquie se tiendra en Afrique en 2013 ;
3. Une Conférence ministérielle d’évaluation se tiendra tous les trois (3) ans entre les
sommets pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du programme d’action
et pour préparer le Sommet ;
4. Une réunion de hauts fonctionnaires se tiendra deux fois entre les sommets pour
évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des programmes et des projets
convenus, disséminer l’information sur les accords de coopération, proposer de nouvelles
initiatives, rendre compte à la Conférence ministérielle d’évaluation et la préparer ;
5. Les réunions ministérielles et des hauts fonctionnaires seront organisées, à tour de rôle,
en Afrique et en Turquie dans le cadre défini par le premier Sommet sur la coopération
Afrique-Turquie ;
6. Ces domaines de coopération seront mis en oeuvre dans le cadre d’un programme que
nous élaborerons d’ici un (1) an et du Mécanisme de suivi cité dans le présent Cadre de
coopération ;
Fait à Istanbul, le 19 août 2008