Selon le témoignage d’une détenue de la prison dans laquelle se trouve Beate Zschäepe, seule survivante du groupuscule néonazie, cette dernière serait accueillie comme une reine.
Beate Zschäpe, au centre de l’un des plus importants procès néonazis de l’après-guerre en Allemagne, est apparue lundi, élégante et détendue devant ses juges, loin de l’image d’une dangereuse meurtrière d’extrême droite, présentée par les médias comme « l’incarnation du mal ».
« Elle était habillée comme une femme d’affaires se rendant à une conférence d’investisseurs », a jugé Mehmet Daimagüler, l’avocat d’une des familles de victimes. « Elle était très confiante, trop arrogante, jouissant de la situation », a-t-il ajouté lors d’une interruption de séance.
La femme caméléon de 38 ans, aux douze identités en treize ans, est poursuivie pour les meurtres xénophobes de neuf personnes d’origine étrangère et d’une policière. Mais aussi pour deux attentats et une quinzaine de braquages entre 1998 et 2011.
Elle opérait avec ses acolytes Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, au sein de leur groupuscule néo-nazi Clandestinité national-socialiste (NSU). Mais elle est la seule suspecte présumée à comparaître, hormis quatre co-accusés soupçonnés de complicité. Ses deux comparses, eux, se sont suicidés en novembre 2011 lors d’un braquage raté.
Accueillie comme une pop star dans la prison
Le quotidien allemand Bild révèle le témoignage d’une ex-détenue voisine de Zschäepe. Manika M., 31 ans, qui a été libérée il y a quelques jours de la prison de Stadelheim, où elle purgeait sa peine pour vol.
« Les autres détenues se comportaient avec Beate comme si elle était une star. Certaines l’a craignaient beaucoup tandis que d’autres la considéraient comme une pop star », explique cette ancienne détenue. « Une détenue immigrée lui avait fait un gâteau, tandis qu’une Grecque lui procurait des cigarettes », ajoute la jeune femme.
Beate Zschäepe recevait plusieurs lettres chaque jour. « Parmi ces lettres, se trouvaient des propositions de mariage et des photos d’hommes ».
La terroriste dispose d’un ordinateur portable, contrairement aux autres détenus, afin qu’elle puisse lire les centaines de documents liés à son procès.
« Elle écoutait la chanson ‘Bomberpilot’ du groupe Böhse Onkelz. Elle ne parlait jamais des crimes qu’elle avait commis », raconte Manika. Prête à affronter un procès qui devrait durer au moins deux années, Beate répétait qu’elle « ne montrera jamais ses faiblesses ».