Emission Politika du 4 mars 2014 Spécial Clermont–Ferrand : Affaire Havva Isik
Ce mardi 4 mars 2014, la radio des turcophiles « Radio Made in Turkey (MIT) » en préambule de son émission Politika lance un appel à lutter contre la turcophobie.
L’animateur de Politika se basait sur la parution ce lundi 3 mars 2014 d’un article du site Turquie-News.com révélant un courrier de Serge Godard, maire actuel de Clermont-Ferrand confirmant des propos racistes anti-turcs à l’encontre de l’adjointe clermontoise Havva Isik.
Cette dernière aurait démissionné de ses fonctions d’adjointe en raison de stigmatisations, d’humiliations et d’insultes subies du fait de ses origines de la part de son collègue Philippe Bohelay, actuellement sur la liste du candidat PS Olivier Bianchi qui brigue la mairie de Clermont-Ferrand.
Dénonçant le racisme odieux dont a été victime Mme Havva Isik, l’insulte et le harcèlement étant intolérables en démocratie, Radio Made in Turkey demande à Olivier Bianchi l’exclusion de Philippe Bohelay de son équipe. L’animateur rappelle que « nous sommes tous citoyens, les origines des individus ne comptent pas, seul compte l’intérêt supérieur de la République française » .
Il précise également que les deux principaux candidats à la mairie de Clermont-Ferrand ont été invités à s’exprimer sur cette affaire mais que M. Olivier Bianchi n’a pas donné suite.
Alors qu’il se présente face à Olivier Bianchi, le candidat UMP pour Clermont-Ferrand Jean-Pierre Brenas a bien voulu intervenir au téléphone sur les ondes de Radio Made in Turkey.
Jean-Pierre Brenas constate que « les bonnes paroles et les valeurs prêchées dans les discours ne se retrouvent pas dans les actes » .
Jean-Pierre Brenas dit être « choqué » et « scandalisé » par cette affaire, le choix et l’utilisation à des fins électoralistes d’une personne en raison de ses origines et non pour ses compétences d’une part et l’attitude de la ville à l’égard de Mme Havva Isik d’autre part. Il explique que « Clermont n’est pas une ville raciste, c’est une ville généreuse et accueillante. Et si les propos sont avérés, ils sont tout à fait honteux et je les condamne avec virulence » . Ne contestant aucunement les compétences de Havva Isik, que Jean-Pierre Brenas dit soutenir entièrement, le candidat UMP parle de Mme Havva Isik comme étant « une personne remarquable et pleine de qualités ». Les insultes dont elle a été victime sont « totalement incompréhensibles » pour Jean-Pierre Brenas et il les condamne fermement, il déclare même être « surpris » que M. Olivier Bianchi maintienne leur auteur sur sa liste car c’est endosser la responsabilité de ces propos. Jean-Pierre Brenas précise que la liste UMP « défend des valeurs d’amitié et d’amour entre les peuples ».
Bien que n’ayant que de « vagues souvenirs » de l’affaire qui date de 2010, Jean-Pierre Brenas se souvient néanmoins que celle-ci avait évoquée en conseil municipal et que l’ensemble des élus avaient condamné Philippe Bohelay.
Özcan Bey indique que même si dans son courrier, le maire Serge Godard condamne ces insultes, cela ne s’est pas traduit pour autant par des faits concrets puisque, selon l’article cité en référence, Mme Havva Isik déclare « J’ai été laissée seule, sans moyens, j’ai été attaquée, insultée, humiliée, sans jamais être défendue… ». Jean-Pierre Brenas s’exclame « si c’est avéré, c’est totalement inadmissible il faut le dénoncer, c’est intolérable » et déclare être prêt à dénoncer dans sa campagne les discriminations qu’a subies Havva Isik « on ne peut pas à la fois prôner des valeurs, de la générosité, faire de grands discours humanistes, servir des gens, et en même temps avoir des attitudes racistes, c’est intolérable. »
Özcan Bey précise qu’il a également invité M. Bianchi afin qu’il livre sa version, cependant au terme de plusieurs échanges téléphoniques, cette demande n’a pas reçu de réponse positive. Il précise que ces insultes sont avérées puisque M. Godard les reconnaît dans son courrier. Et l’auteur de ces insultes figure toujours sur la liste de M. Bianchi. Et ce dernier ne se prononce pas sur cette affaire.
Jean-Pierre Brenas exprime son plaisir d’avoir témoigné : « comme j’aurais toujours beaucoup de plaisir à échanger avec mes amis clermontois d’origine turque ».
Interviewés dans la suite de l’émission, les deux invités de Politika, Michel Havard et Mercedes De Sousa déclarent eux aussi condamner ces propos et cette attitude de la part d’un adjoint.
Michel Havard condamne cette attitude : « les actes de racismes, quels qu’ils soient, et d’où qu’ils viennent doivent être condamnés avec la plus grande fermeté, surtout lorsqu’on est responsable politique » . Il rappelle également que « le rôle du politique est d’apaiser les situations plutôt que de créer le conflit et la stigmatisation. »
Mercedes De Sousa quant à elle exprime une totale incompréhension face à l’attitude de cet adjoint Philippe Bohelay, elle déclare « ne pas l’accepter et le condamner. Il faut condamner toute forme de racisme, de rejet ».