19 avril 2024

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Economie

Turquie : une conjoncture mi-figue, mi-raisin

Publié le | par TN-pige | Nombre de visite 580

Par Ingrid Labuzan

Notre voisin turc résiste-t-il mieux à la crise que prévu ? Difficile de s’y retrouver entre tous les chiffres et les opinions qui sortent, de démêler le subjectif de l’objectif. La prudence reste de mise, au moins pour le semestre à venir.

La Turquie dispose d’armes certaines et, en premier lieu, d’une capacité à rebondir après les crises. En 2001, elle a traversé une grave crise financière, qui a entraîné une contraction de 9% de son économie. Le pays s’en est sorti et a ensuite connu une croissance moyenne de 7% au cours des années 2002-2006.

Mais, surtout, cette crise aura forcé le secteur bancaire à se réorganiser, à se concentrer, passant de quatre-vingt-six banques à quarante-six, et à gagner en transparence. Des transformations dont les effets sont aujourd’hui visibles, le secteur étant relativement épargné par la crise actuelle.

La Turquie a représenté un marché séduisant pour les investisseurs étrangers, attirés, entre autres, par sa proximité avec l’Union européenne. De sa période de croissance, le pays sort également avec un PIB par habitant élevé, de 9 310 $. De plus, la population est jeune – la moitié environ est en effet âgée de moins de 25 ans. Autant de cibles rêvées pour les entreprises qui misent sur le développement de la société de consommation.

Parallèlement, le gouvernement est parvenu à faire baisser son ratio d’endettement, le faisant passer de 76% du PIB fin 2001 à environ 40% fin 2008, selon Fitch.

La Turquie est également l’un des grands bénéficiaires de la chute des cours du pétrole. Ces solides bases incitent à ne pas détourner son attention du pays, mais, méfiance, il comporte tout de même nombre de facteurs d’instabilité.

Un pays sur la corde raide
Le FMI vient d’accepter de fournir à la Turquie des fonds de sauvetage. Mais certains facteurs d’instabilité pourraient retarder le retour des investisseurs et le redémarrage de sa Bourse. Le premier élément à prendre en compte est la stabilité politique. L’AKP, parti islamique modéré, est au pouvoir pour un second mandat. Mais la Cour constitutionnelle a été saisie d’une demande d’interdiction de ce parti, sous prétexte qu’il menace le principe de la laïcité de l’Etat. En juin 2008, la Cour s’est prononcée contre cette interdiction, mais l’AKP a tout de même été privé de la moitié de son financement public.

La Turquie n’échappe pas non plus au ralentissement qui frappe le commerce mondial. En 2007, elle a réalisé pour 107 milliards de dollars de ventes à l’étranger, dont 56% vers l’Union européenne. Ses exportations ont déjà reculé de 25% par rapport à celles de décembre 2007. Cela pénalise fortement la croissance du PIB, que Fitch estime à 1,8% pour 2008 et qu’il prévoit même négative pour l’année en cours, à – 0,5%.

"Une reprise pour l’économie globale est prévue pour début 2010 [...]. La crise globale n’est pas un processus qui a un début et une fin ; c’est en fait une spirale, et la Turquie se trouve au centre de cette spirale", a indiqué Mehmet Büyükeksi, président de l’Assemblée des exportateurs turcs.

Tous les indicateurs économiques sont dans le rouge, attestant le peu de chance d’une reprise en 2009. En novembre, la production industrielle a reculé de 13,9%, tandis que la consommation n’a pas dépassé 0,3% au dernier trimestre 2008, selon l’Institut turc de la statistique TÜIK. Le chômage est la première conséquence de ce ralentissement : en décembre 2008, le nombre de demandeurs d’emploi était de 90% supérieur à celui affiché un an auparavant. Il est donc un peu tôt pour se placer sur le marché turc.

Toutefois, trois facteurs, indépendants de l’économie, pourraient venir modifier ce tableau : une accélération dans le processus d’adhésion à l’Union européenne, une prise de position active de la Turquie dans la résolution du conflit au Proche-Orient et dans la reconstruction de Gaza, une avancée dans le projet de gazoduc Nabucco, qui fait transiter par la Turquie du gaz venu de la mer Caspienne et du Moyen-Orient vers l’Europe.

Il est toutefois peu probable que ces projets politiques de longue haleine se débloquent durant ce semestre.

Source : http://www.moneyweek.fr/conseils/00758/turquie-crise-exportation-pib-chomage.html


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