WiKiLeaks : La Turquie n’adhérera pas à l’Union Européenne

Des notes secrètes révélées par WikiLeaks, publiées par le journal allemand Der Tagesspiegel, rapportent de nouvelles vérités relatives au refus de l’Union Européenne d’accepter une adhésion de la Turquie, ainsi que la colère grandissante des Turcs envers l’Europe, qualifiant le Président Sarkozy "d’obsédé" par son inimitié envers la Turquie.

Selon les notes, des responsables américains avaient abouti à la conclusion, à l’issue de nombreuses réunions qu’ils ont tenues avec des diplomates européens, que la Turquie n’a pas d’espoir de se rallier à l’Union européenne, signalant que les tentatives des Etats-Unis de convaincre les pays européens d’accepter la Turquie au sein de l’Union, ont été toujours accueillies par une vive de consternation de la part des Européens.

Washington demeure persuadé, ajoutent les télégrammes diplomatiques, que l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, est à même d’approfondir ses relations avec l’Occident, et de contribuer à convaincre le monde que l’Union des démocraties européennes n’est pas un club limité aux seuls chrétiens.

Der Tagesspiegel a considéré que les appels réitérés de Recep Tayyip Erdogan envers les Européens, afin qu’ils annoncent clairement s’ils refusaient l’adhésion de son pays à l’Europe, reflètent une atmosphère de consternation grandissante de la Turquie, à l’égard de l’Allemagne, la France, l’Autriche qui constituent une pierre d’achoppement à ses tentatives de rejoindre l’Europe.

Les Français sont ceux qui expriment le plus ouvertement leur position à ce sujet, selon le responsable des affaires européennes au département d’Etat. Un diplomate américain avait ainsi rapporté avoir entendu dire de la bouche de Jean David Levi, conseiller du Président Sarkozy, lors d’une réunion tenue en septembre 2009 : "nous espérons que les Turcs abandonneront d’eux-mêmes leur tentative d’adhérer à l’Union européenne, et s’ils réussissent malgré les oppositions à remplir les conditions exigées à cette adhésion, ce sera un scénario horrible pour Paris, qui fera face à cette situation par l’organisation d’un référendum populaire, à travers lequel les Français exprimeront leur refus à l’entrée de la Turquie en Europe".

Les diplomates américains ont relevé dans leurs câbles secrets la vive colère des gouvernements européens envers la tentative d’Ankara de jouer le rôle de la voix du monde musulman au sein de l’OTAN au début de 2009, et son opposition à l’époque à l’élection de l’ancien Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, en tant que SG de l’alliance atlantique, pour sa position envers les caricatures blasphématoires du prophète Mohamed (paix et grâce sur lui).

Par ailleurs, des responsables israéliens ont exprimé leurs réserves auprès de Paris, quant à la position européenne de refus de la Turquie, considérant que le fait que "l’Europe fasse montre de sentiments de bienvenue à l’endroit d’Ankara, conduira cette dernière à renoncer au renforcement de ses relations arabo-musulmanes aux dépens de ses rapports avec Israël".

Les diplomates américains ont tenu le Président Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel pour responsables pour l’exacerbation des sentiments de choc et de colère chez les Turcs envers l’Europe, et ont dévoilé les réserves de l’aile conservatrice du Parti de la Justice et du Développement (AKP) envers les tentatives de rapprochement de l’Europe, pour leur crainte qu’une telle adhésion ne conduise à l’effacement de l’identité musulmane du pays.

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