29 mars 2024

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Diyap Ağa et Kamer Genç

Publié le | par Engin, Özcan Türk (Facebook) | Nombre de visite 198
Diyap Ağa et Kamer Genç

Tel Janus, cette province turque alévie de l’est anatolien possède 2 visages, l’un tourné vers le passé, Dersim et l’autre vers l’avenir, Tunceli.

Une facette moyenâgeuse avec les « aşiret » et un système républicain civique et égalitaire.
Son identité ethnique est également bicéphale avec des Zazas et des Kurdes.

Ses personnalités s’inscrivent également dans cette dualité. D’un côté, Seyit Rıza qui choisit la violence armée contre la jeune République turque en 1937 et lance un affrontement sanglant et de l’autre Diyap Ağa et Kamer Genç, deux vaillants députés de la Grande Assemblée Nationale de Turquie.

D’un côté des sécessionnistes armés, souvent manipulés par des pays étrangers (Lettre de collusion de Seyit Rıza dans les Archives nationales de Londres sous le n° FO 371/20864/E5529) et de l’autre, des dirigeants responsables qui luttent pour l’unité de la Turquie.

Aujourd’hui encore, cette image de bifrons perdure. Il y a quelques jours, Fatih Mehmet Maçoğlu, le nouvellement élu maire communiste du chef-lieu Tunceli a fait voter à son conseil municipal un retour à l’appellation Dersim pour sa commune.

Vous l’aurez compris cette incurable dualité hante la cité.

J’ai déjà publié à propos de la violence sanglante dirigée par Seyit Rıza en 1937.

Cette fois, je souhaite rendre un hommage républicain à Diyap Ağa et Kamer Genç, deux fervents activistes de l’intégrité territoriale turque et de la fraternité au sein de la population en Turquie.

*** DIYAP AĞA ***

Diyap Ağa est le chef zaza emblématique du clan (aşiret) Ferhatuşağı, il a siégé comme député de Dersim entre 1920 et 1923 à la Première Assemblée nationale de Turquie.

Le 27 juillet 1931, le célèbre historien Enver Behnan Şapolyo publie, dans le journal Yeni Gün, une interview qu’il a réalisée avec Diyap Ağa : « Notre député centenaire ». Voici un extrait.

« -Savez-vous lire et écrire ?

 Je l’ignorais jusqu’à ce que je devienne député. Qu’Allah protège le grand Atatürk, grâce à sa réforme de l’alphabet, j’ai appris.

 Comment êtes-vous devenu député ?

 L’ennemi avait envahi le pays. Nous sommes revenus à l’essentiel. La religion et le culte, l’honneur et la patrie.
L’identité turque était en danger. On a ouï dire qu’un Pacha, aux environs d’Erzurum, s’était soulevé pour nous sauver.
Qu’il allait réunir une Assemblée. On l’a guetté impatiemment. J’ai appris que ce Pacha se nommait Mustafa Kemal.
Je rêvais de voir son beau visage. Mais, à ce moment-là, ça n’a pas été possible.
Ensuite, il est venu à Sivas puis, il est passé à Ankara. Il a demandé 2 représentants de notre région.
Tout le monde avait peur en pleine guerre. Je n’ai pas hésité malgré mon âge avancé, ma place était aux côtés de ceux qui se battent pour le pays, j’ai couru pour donner ma vie.
Ils m’ont dit : n’y vas pas, tu vas mourir. j’ai répondu : « Tout le monde est déjà en train de mourir, j’y vais, je les rejoindrai et je mourrai avec eux ». »

Lorsque l’armée grecque se rapproche d’Ankara en 1921, certains suggèrent de délocaliser le parlement d’Ankara à Kayseri, sur quoi Diyap Ağa proteste énergiquement : « Sommes-nous ici pour fuir ou pour nous battre ? Moi, je ne fuirai jamais, je me battrai jusqu’à la dernière goutte de mon sang ». La polémique cesse aussitôt et les députés surmotivés par la verve de Diyap Ağa reprennent le combat.

Lors des pourparlers pour la conférence de Lausanne, des séparatistes kurdes demandent à être représentés à la table des négociations. Diyap Ağa prend la parole pour la seconde et dernière fois à la tribune de l’Assemblé nationale turque avec ses paroles longuement applaudies :
« Notre assemblée est la même, notre religion est la même, notre nation est la même. Nous ne sommes pas kurdes, nous sommes turcs. Nous avons professé notre foi en l’islam. Est-ce que maintenant vous voulez séparer notre religion et notre nation ? Je dis Non ! Nous sommes frères, nous sommes un ! ».

« Hep biriz ; kardeşiz. Ama düşmanlar bizi birbirimize saldırtmak için tuzaklar kuruyorlar. Sen şöylesin, ben böyleyim filan diye hile yapıyorlar. Ülke ne kadar ileri giderse o kadar iyidir. Bizim dinimiz diyanetimiz birdir. Bazıları bilmiyorlar, birçok şey söylüyorlar. Lailahe İllallah Muhammedin Resulallah ! İşte bu…’ »
*** DIYAP AĞA ***

Atatürk et Diyap Ağa à Ankara (22 Mart 1921)
Atatürk et Diyap Ağa à Ankara (22 Mart 1921)

***

Kamer GENÇ
Kamer GENÇ

Lors d’une émission à la télé, face à l’acrimonieux Sırrı Sakık, élu pro-PKK, qui lui reproche avec virulence de « trahir Dersim en soutenant Atatürk et la République », le député Kamer Genç rétorque :

 « Dersim est le nom d’une vaste région, ma province s’appelle Tunceli et je suis député de Tunceli.

Les évènements de Dersim sont un soulèvement armé contre un jeune Etat qui n’a eu d’autre choix que de se défendre.

Le chef des rebelles, Seyit Rıza a été manipulé par les Britanniques comme l’est aujourd’hui le PKK.

Ceux qui l’ont utilisé à l’époque utilisent aujourd’hui le PKK contre la Turquie. Le véritable dirigeant de nos concitoyens de Tunceli n’a jamais été Seyit Rıza mais c’était Diyap Ağa, ami et fidèle d’Atatürk.

Moi, c’est grâce à Atatürk et à la République que j’ai fait des études et que je suis devenu député. Sans la République, je serais un vassal ! »

Hommage !


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