23 avril 2024

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Le Secrétaire d’Etat américain en Turquie

Publié le | par Ilker TEKIN | Nombre de visite 259

Le Secrétaire d’Etat américain, Condoleezza Rice, est arrivé ce vendredi en Turquie, afin de participer à la réunion qui réunit les Ministres des affaires étrangères des pays voisins de l’Irak. Condoleezza Rice rencontrera également le Président et le Premier ministre turcs.

Ces réunions et discussions seront, sur fond de tension Turquie – USA, l’occasion d’aborder la question brûlante actuelle en Irak, qui n’en manque pas, qui est l’organisation terroriste kurde PKK. En effet, ce terrorisme kurde qui depuis ses bases situées dans le Nord de l’Irak organisent et lancent des attaques de plus en plus sanglantes en Turquie, pousse désormais la Turquie à envisager une opération militaire contre ces bases.

Mais pour les Etats-Unis il est hors de question que la Turquie intervienne contre le PKK dans le Nord irakien, car cela risquerait de déstabiliser la région la moins instable de ce pays, où les Américains peuvent encore se maintenir. De plus, cette région est montrée comme exemple d’une réussite (plutôt relative) de la politique US en Irak, et représente donc un argument puissant pour justifier l’invasion et l’occupation américaines de l’Irak.

Il y a néanmoins un double dilemme pour les Etats-Unis, en effet d’une part si les Américains ont traversé le Pacifique pour venir envahir l’Irak, c’était au nom de la « guerre contre le terrorisme », or refuser à la Turquie, qui est victime d’un terrorisme qui s’organise et s’arme chez sa voisine irakienne, de se prémunir contre lui serait politiquement incohérent [1]. D’autre part la Turquie est une alliée de longue date, et accueille sur son territoire des bases américaines par où transitent l’essentiel des équipements militaires US, qui servent aujourd’hui en Irak. Ainsi les Etats-Unis ne peuvent pas prendre le risque de se passer ou de perdre complètement l’alliée turque, mais ne peuvent également pas lui apporter un soutien sans faille, au risque de fâcher les Kurdes irakiens qui continuent d’afficher une solidarité kurde et nationaliste avec les terroristes du PKK.

C’est dans ce contexte troublé que Condoleezza Rice vient en Turquie, pour dire les inquiétudes américaines quant à une possible opération militaire turque : « il ne faut pas que la Turquie compromette la stabilité du Nord irakien », a t-elle déclaré. Dans le même mouvement Rice a envoyé un message au Président du gouvernement autonome kurde Massoud Barzani, lui disant qu’il était « vital que le gouvernement régional kurde prenne ses distances avec le PKK », confirmant par là, les liaisons entre l’autorité kurde irakienne et le PKK. Le Secrétaire d’Etat américain a enfin assuré du soutien, du moins formel, des Etats-Unis envers la Turquie, affirmant que le : « PKK est autant l’ennemi des Etats-Unis que de la Turquie », et ajoutant : « nous avons un ennemi commun, et nous allons agir ensemble avec les autorités irakiennes pour régler ce problème ».

Côté turc les promesses, répétées mais non tenues, américaines concernant la lutte contre le PKK ne semblent plus faire effets. D’autant moins que la résurgence du PKK est en grande partie due à la politique des Etats-Unis dans la région. En effet alors que l’organisation terroriste était sur le déclin, l’invasion de l’Irak par les Américains a créé un sanctuaire pour les terroristes kurdes, depuis lequel ils ont recomposé leur force. D’autre part, dans les préparatifs de guerre contre l’Iran, les Etats-Unis utilisent, comme à leur habitude, des groupes locaux pour fomenter des troubles, ainsi ont-ils entraîné et armé les terroristes du Pejak contre les Iraniens. Or le Pejak et le PKK sont un seul et même groupe, qui partage les mêmes activistes et qui agit sous un unique commandement. Le scandale des armes américaines disparues – selon les sources officielles US près d’une arme sur 25 envoyée par les Etats-Unis en Irak a disparu [2] –, dont une partie a été retrouvée entre les mains du PKK dans leurs opérations terroristes contre la Turquie, montre à quel point les Etats-Unis sont compromis dans cette affaire.

La situation est donc compliquée a souhait, et le message determiné du Ministre des affaires étrangères turc Ali Babacan affirmant que « la clé de voûte de la lutte contre le PKK sont les Etats-Unis », et que le « temps des paroles est révolu, il faut maintenant agir » [3], va contraindre les autorités américaines à devoir choisir entre leur soutien au terrorisme kurde, ou leur alliance avec la Turquie. Dans la chaîne d’erreurs US depuis l’invasion de l’Irak en 2003, il n’est pas dit qu’on sache d’avance la réponse.


[1Quoique les médias US ont trouvé un moyen pour contourner ce dilemme, ne parlant pas de « terroristes » mais de « rebelles » ou de « guérilleros ».

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