19 avril 2024

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Economie

Gaz à effet de serre : Le dilemme économique de la Turquie

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 252

Le niveau des émissions de gaz à effet de serre ne cesse d’augmenter en Turquie, malgré la signature par le gouvernement de M. Erdogan du protocole de Kyoto. Une situation due au développement économique turc encore basé sur l’exploitation des énergies fossiles.

Entre 1990 et 2009, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 98 % en Turquie. Selon un récent rapport de l’université Bahçeşehir, le pays n’a pris encore aucun engagement en faveur de leur réduction. Ce rapport, rédigé par le chercheur Barış Gençer Baykan, compare la Turquie avec d’autres pays développés et en voie de développement. Selon ce rapport, l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans les pays en voie de développement s’est faite en fonction de l’augmentation de la population et de la demande énergétique. Des pays ont connu des augmentations encore plus importantes pendant cette période : 152 % d’émissions en plus pour l’Inde, 186 % pour la Chine, 137 % en Iran. Ce taux a également augmenté de 6 % aux Etats-Unis et de 30 % en Australie. Selon le rapport, la différence entre les pays ayant un fort taux d’émission et ceux ayant un taux plus bas s’expliquerait par l’absence d’accords contraignants. La Turquie fait partie des pays qui n’ont pas d’accord pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En effet, même si elle a récemment signé le protocole de Kyoto, Ankara n’a pas l’obligation, comme la plupart des pays en voie de développement, de mettre en place des réductions quantifiées. La première phase d’engagement arrive à sa fin en 2012 et la Turquie semble peu déterminée à changer sa politique dans ce domaine.

« Le gouvernement devrait prendre la question au sérieux »

Toujours d’après le rapport, le refus de la Turquie de modifier sa politique en matière de changement climatique s’explique économiquement. « La réduction des émissions aura des répercussions sur l’économie du pays. Les dirigeants ont affirmé que cette décision entraverait la compétitivité. » Selon M. Baykan, la hausse des émissions en Turquie est due en grande partie au secteur de l’énergie qui représente 75 % de cette augmentation. En 2010, l’importation nette d’énergie a représenté près de la moitié des 75 milliards de dollars du déficit du commerce extérieur. « Le gouvernement devrait néanmoins prendre la question du changement climatique au sérieux. Il devrait réfléchir aux effets à long terme sur la Turquie et la région, se pencher sur le développement de l’économie verte et mener plus de projets de recherche et de développement sur les énergies renouvelables » confirme l’étude turque. « Si la Turquie souhaite réduire ses émissions de gaz à effet de serre, cela doit avoir lieu au Sommet sur le climat de l’ONU à Durban en décembre prochain. Si un accord contraignant est proposé, la Turquie devra s’engager » soutient le rapport. Il ajoute qu’un système énergétique centré sur les énergies fossiles et les ressources non renouvelables est mauvais pour l’environnement, mais aussi mauvais pour l’économie, car les coûts d’adaptation aux changements climatiques n’en seront que plus importants.

Le nucléaire n’est pas la solution !

L’Etat turc cherche pourtant des sources d’énergie alternatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour diminuer la dépendance énergétique du pays. Trois nouvelles centrales nucléaires sont prévues pour 2023 au moment où d’autres pays tournent le dos au nucléaire. « A mon avis le nucléaire n’est pas la solution. C’est cher, risqué et la question des déchets nucléaires n’est pas réglée » conclut le professeur Baykan.


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