23 avril 2024

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Politique

Turquie : Le débat sur le voile est relancé

Publié le | par Hakan | Nombre de visite 226

Après l’université, le foulard islamique va-t-il entrer au Parlement ? Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, l’envisage, au grand dam des laïques.

Ça ressemble à un ballon d’essai. Dans l’avion qui le ramenait du Liban, la semaine dernière, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est laissé aller à quelques commentaires sur le port du voile islamique. Interrogé sur la possibilité de voir, après les législatives de juin 2011, une députée voilée à l’Assemblée nationale, il a répondu, sourire en coin : "En politique, tout est possible." L’entourage du Premier ministre ne cache plus son intention de lever définitivement l’interdiction de porter le voile à l’université – déjà fortement entamée – mais aussi dans les administrations. Une prohibition décrétée par les militaires dans les années 1980 au nom de la laïcité.

Du coup, le débat fait rage sur ce sujet hautement sensible en Turquie. Dans la presse et sur les plateaux des émissions politiques, l’affrontement est reparti de plus belle entre partisans d’une "libéralisation du port du voile" et adversaires inflexibles de l’intrusion de cet attribut religieux dans la sphère publique. Entre laïcité et liberté religieuse, la Turquie cherche toujours la bonne formule : la polémique resurgit régulièrement depuis 2002 et l’arrivée au pouvoir du gouvernement aux couleurs de l’AKP (parti de la justice et du développement), dominé par les islamo-conservateurs, dont l’électorat soutient une telle réforme. Environ deux tiers des Turques portent un voile.

Pour le parti au pouvoir, c’est devenu un cheval de bataille

Déjà, à la rentrée universitaire, un tabou a été brisé. Des étudiantes voilées ont pu franchir la grille de l’université sans se découvrir. Jusqu’alors, elles devaient ôter leur couvre-chef et dévoiler leur chevelure. "C’était comme si on devait se déshabiller avant d’aller en cours", estime Tugba, une étudiante en littérature à l’université d’Istanbul. Comme elle, certaines contournaient l’interdiction en portant un bonnet ou une perruque. Mais depuis deux mois, cette jeune femme de 22 ans est autorisée à pénétrer dans les salles de cours avec son fichu satiné. A la veille de la rentrée, le conseil des recteurs d’université (YÖK), a envoyé une circulaire donnant instruction d’autoriser tout étudiant, quelle que soit sa tenue vestimentaire. Une révolution pour cette institution créée par les généraux en 1982 pour mettre en coupe réglée les universités, mais désormais contrôlée par les proches du parti au pouvoir. Cependant, la levée de l’interdiction a rencontré des résistances. Des enseignants mécontents ont pris en photo les étudiantes voilées et dressé des fichiers. Et quelques recteurs refusent toujours d’appliquer la nouvelle règle.

Fin octobre, c’est la première dame, Hayrünnisa Gül, qui était la cible des kémalistes. Depuis l’entrée du couple Gül au palais de çankaya, en 2007, le voile de l’épouse du président cristallise la haine des "laïques" et des militaires. Avant 2007, les femmes des dirigeants de l’AKP étaient interdites de réceptions officielles. Le 29 octobre, jour anniversaire de la fondation de la République, Mme Gül était cachée aux invités pour éviter toute crise institutionnelle. Mais cette année, la présidence a voulu mettre fin à cette anomalie et Hayrünnisa Gül, couverte d’un voile prune assorti à sa robe de soirée, accueillait le gratin turc aux côtés de son mari. Les militaires et les élus du parti kémaliste (CHP) ont préféré boycotter la cérémonie.

La place du voile dans l’espace public divise la classe politique. "Il est temps que la Turquie cesse de gaspiller du temps et de l’énergie avec ce débat", conteste Nilüfer Bulut, présidente de la Tikad, une association de femmes d’affaires qui vient de publier une étude montrant qu’environ 80% des Turcs sont plutôt tolérants sur la question. Mais pour le parti au pouvoir, le voile est devenu un cheval de bataille, une priorité idéologique, ce qui renforce les craintes des laïques.

La prochaine étape pourrait concerner les administrations, voire les écoles. "L’interdiction doit être levée partout en même temps. L’Etat n’a pas à intervenir dans la vie privée. C’est une interdiction faite à de nombreuses femmes de participer à la vie sociale, politique et économique", estime Merve Kavakci-Islam. Cette intellectuelle islamiste, élue députée en 1997, avait été expulsée manu militari du Parlement pour y être entrée voilée. Bannie de la vie politique, elle avait même été déchue de sa nationalité. Elle fait aujourd’hui confiance au Premier ministre turc pour réparer cette injustice. Les propres filles de Tayyip Erdogan sont parties étudier aux Etats-Unis pour pouvoir porter leur voile. Selon la presse turque, l’aînée, Süreyya, pourrait désormais être candidate aux législatives…

Source Le JDD


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