La Turquie utilise son droit à la légitime défense dans l’opération de Jérablus
La Turquie utilise son droit à la légitime défense dans l’opération de Jérablus
Publié par Ümit Dönmez le 24 août 2016.
Ankara souligne que son opération militaire vise à débarrasser la ville syrienne frontalière, du groupe terroriste Daech.
ANKARA - La Turquie a lancé une opération transfrontalière en Syrie contre l’organisation terroriste Daech, les autorités turques ont déclaré, mercredi, à l’Agence Anadolu.
L’opération vient en réponse aux attaques terroristes sur le sol turc et aux tirs d’artillerie par les membres de Daech depuis la Syrie voisine sur des cibles à l’intérieur de la Turquie.
Les forces armées turques répondent aux tirs d’artillerie et mettent en oeuvre des frappes aériennes contre les éléments de Daech à Jérablus - partie du gouvernorat d’Alep. "Ce sont des frappes de représailles", ont indiqué les autorités.
L’opération est en ligne avec les droits à l’auto-défense portés par les traités internationaux et avec le mandat donné aux forces armées par le Parlement turc en 2014, qui a été prolongé d’une année en septembre 2015, selon les autorités.
Les menaces à la sécurité nationale le long de la frontière sud ont augmenté drastiquement, avec une hausse significative du nombre de terroristes en Syrie et en Irak ainsi que de leurs attaques transfrontalières.
La Turquie tente ainsi de prévenir les risques de migration de masse qui s’étaient matérialisées lorsque l’année dernière elle fut confrontée à l’arrivée de dizaines de milliers de civils fuyant Alep empêtrée la violence, en plus des millions de réfugiés déjà présents dans des camps d’accueil et dans diverses villes du pays. La situation humanitaire à Alep s’est détériorée atteignant un plancher alarmant et incitant à un zèle renouvelé pour une action internationale par les Nations Unies dans le contexte d’un mécanisme d’acheminement de l’aide dysfonctionnel obstrué par un échec de la diplomatie.
La législation internationale justifie l’opération de Jérablus
Les résolutions des Nations Unies sur la lutte contre Daech confirment les droits de la Turquie pour mener l’opération transfrontalière de mercredi.
Dans la résolution 2249, adoptée à l’unanimité en novembre dernier, les 15 membres du Conseil de sécurité ont condamné dans les termes les plus forts " les violations brutales, généralisées et systématiques des Droits de l’Homme, ainsi que la destruction et le pillage du patrimoine culturel » par Daech.
Les responsables d’actes terroristes ou de violations des Droits de l’Homme - dont Daech, Al-Nosra et des groupes liés à al-Qaïda - doivent être tenus responsables et combattus, à déclaré le Conseil.
La Turquie se dit engagée dans un acte de légitime défense, qui est l’une des deux exceptions à l’inviolabilité de la souveraineté nationale consacré par la Charte des Nations Unies. Le second est un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU pour une action militaire.
Conformément à l’article 51 du chapitre 7, dans le cas d’une attaque armée contre un Etat membre, cet Etat a le droit à l’auto-défense ou à la défense collective jusqu’à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU prenne des mesures pour maintenir la paix et la sécurité internationales, et aucun article des Nations Unies ne peut annuler ce droit inhérent.
L’opération de mercredi, qui a commencé à environ 4 heures, heure locale (0100 GMT), vise à effacer les groupes terroristes des frontières turques et d’œuvrer à renforcer la sécurité frontalière ainsi que de soutenir l’intégrité territoriale de la Syrie, ont indiqué les sources.
Prévenir un nouveau flux de migrants et fournir de l’aide à la population civile de la région dans le besoin sont également parmi les objectifs, ont-elles ajouté.
L’opération vient en réponse à une série de bombardements au mortier, à partir du mardi matin, d’une zone résidentielle turque le long de la frontière syrienne, des sources de sécurité ont déclaré. Il y a eu un certain nombre d’attaques mortelles de Daech en Turquie au cours des deux dernières années, qui ont tué des dizaines de civils et agents de sécurité.
Personne n’a été blessé mardi à Karkamış, qui se trouve à environ 1 km à travers la frontière, de Jérablus, où les forces de l’Armée Syrienne Libre se battent pour prendre le contrôle de la ville des mains de Daech.
Les opérations par les forces armées turques, qui se battent activement contre Daech, ont contribué de manière significative aux efforts continus de la coalition internationale soutenue par les Etats-Unis contre le groupe terroriste.
Une autre question importante que le Conseil de sécurité met en évidence est la menace posée par des combattants terroristes étrangers. Le Conseil a pris des mesures en 2014 concernant la question et a depuis publié des décisions visant à endiguer le flot de combattants rejoignant des groupes terroristes.
Le fait que quelque 25.000 combattants terroristes étrangers, originaires de plus de cent nations aient rejoint Daech, a été inclus dans les documents du Conseil de sécurité, en tant que conséquence du conflit en Syrie et en Irak.
Pour trouver une solution à ce problème, il a été souligné à plusieurs reprises que les pays d’origine devraient appréhender les combattants terroristes "indigènes" alors qu’ils sont dans le pays et ne pas leur permettre de quitter le territoire.
La Turquie a pris des mesures cruciales à cet égard et placé plus de 37.000 personnes sur une liste d’interdiction d’entrée entre 2011 et février 2016. Plus de 3.000 étrangers qui étaient entrés en Turquie par des moyens illégaux, ont été déportés pour des liens présumés avec des organisations terroristes.
En outre, 7.500 étrangers ont été contrôlés par les Centres d’Analyse des Risques mis en place, et plus de 1.700 renvoyés dans leurs pays d’origine respectifs.
En outre, dans le cadre des opérations menées dans le cadre de la loi turque contre les groupes terroristes, 2.433 personnes - dont 1.030 sont étrangères - ont été arrêtés, et 808 d’entres elles ont été arrêtées pour avoir des liens avec Daech.
La Turquie a également accru ses mesures de sécurité physiques le long de sa frontière avec la Syrie.