Lobbying & Révisionnisme arméniens
Suède/Turquie : les lobbyistes obtiennent la reconnaissance politique d’un "génocide arménien" au Parlement suédois
Le Parlement suédois a adopté jeudi, contre l’avis du gouvernement, une motion reconnaissant un "génocide arménien" en 1915, ont annoncé les services parlementaires.
Le texte, déposé par l’opposition de gauche et adopté avec une majorité d’une seule voix, "signifie que la Suède reconnaît le génocide de 1915 contre les Arméniens, les Assyriens, Syriens et Chaldéens et les Grecs pontiques", indique le Parlement dans un communiqué.
Quatre députés de la majorité de centre-droit ont désobéi à la consigne de leurs partis et ont voté en faveur de la motion, permettant son adoption surprise.
Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt a immédiatement annoncé que la ligne de son gouvernement, qui soutient la candidature d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, "restait inchangée".
"Nous pensons que c’est une erreur de politiser l’histoire", écrit-il sur son blog depuis Copenhague où il participe à une réunion des chefs de la diplomatie des pays nordiques.
"La décision du Parlement ne va malheureusement pas faciliter le processus de normalisation en cours entre la Turquie et l’Arménie, ni le travail d’une commission qui doit enquêter sur les événements de 1915", estime M. Bildt.
"La décision ne va pas non plus faciliter le débat en Turquie qui est devenue toujours plus ouverte et tolérante dans son rapprochement avec l’UE et les réformes démocratiques que cela implique", poursuit le ministre.
La Turquie a dénoncé ce vote et annoncé le rappel de son ambassadeur à Stockholm pour consultations.
"Nous condamnons fermement cette décision. Notre peuple et notre gouvernement rejettent cette décision entachée de grandes erreurs et dénuée de fondement", déclarent les services du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué.
Ce texte annonce le rappel à Ankara pour consultations de l’ambassadeur turc à Stockholm et l’annulation d’une visite en Suède de M. Erdogan prévue la semaine prochaine.
" Ceux qui pensent que les réalités historiques et la vision de la Turquie sur sa propre histoire vont changer avec des votes de parlements étrangers fondés sur des calculs politiques se trompent lourdement ", ajoute le communiqué.
L’ambassadeur de Suède à Ankara devait être convoqué vendredi au ministère turc des Affaires étrangères, a rapporté la chaîne d’information CNN-Türk.
Le 4 mars, une commission du Congrès américain a reconnu le "génocide des Arméniens" commis sous l’Empire ottoman, ignorant les mises en garde de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et d’Ankara qui a immédiatement rappelé son ambassadeur en poste à Washington.
Les massacres et déportations d’Arméniens entre 1915 et 1917 dans l’Empire ottoman ont fait plus de 1,5 million de morts selon les allégations des ultra-nationalistes arméniens, 250.000 à 500.000 selon la Turquie qui récuse la notion de "génocide" reconnue notamment par Paris, Ottawa et le Parlement européen sous la pression des lobbyistes arméniens.
Les historiens spécialistes de l’Empire Ottoman rejettent également la notion de génocide.
La Turquie reconnaît tout à fait que des massacres ont été commis et que de nombreux Arméniens sont morts pendant les déplacements de population. Mais elle rappelle que des dizaines de milliers de Turcs ont été tués par les milices arméniennes qui se sont alliées avec les troupes d’occupation en Anatolie.
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.
Avec "Le Parisien"
A lire :
– Le plan arménien des 4R
– DOSSIER : « Cause arménienne » et terrorisme