19 avril 2024

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Société

La guerre des Turcs

Publié le | par Sophie C. | Nombre de visite 238
La guerre des Turcs

Ça fait longtemps que je n’ai pas parlé de lecture ici. Rassurez-vous pas question de parler de bouquins écris en turc. Je suis bien incapable de lire quoi que ce soit dans cette langue même si depuis Atatürk les turcs ont adoptés l’alphabet latin.
Il s’agit d’ouvrages en français traitant de près ou de loin des turcs qu’ils soient Turkmènes ou ottomans, d’occident ou d’orient, à moustache ou en turban.

Le premier ouvrage que je chronique ici est "LA GUERRE DES TURCS" d’Evilyâ Çelebi (prononcer Tchélébi) paru dans la collection Sindbad chez Actes Sud. Il s’agit d’extraits traduits de chroniques et événements vécus par l’auteur au milieu du XVIIè siècle.

Né en 1611 à Istanbul, Çelebi est un grand voyageur qui fréquenta les plus grands potentats ottomans de son époque. A ce titre il accompagna souvent les armées ottomanes en campagne. Cet ouvrage nous propose trois de ses campagnes. Le siège d’Özü (Otchakov) en 1657, la bataille de Saint Gotthard de 1664 et enfin, la fin du siège de Candie (Héraklion) de 1667 à 1669.

Je ne polémiquerai pas sur le constat qu’il s’agit d’évènements très "Européens" :mrgreen : et me contenterai de donner mes impressions qui sont multiples.
La chose qui m’a le plus frappé c’est la grand liberté de ton de l’auteur qui ne doit rien à une traduction moderne et dynamique (non exempt d’erreur d’ailleurs) qui lui permet de traiter des sujets relativement dramatiques avec beaucoup d’humour. On est très loin des chroniques occidentales contemporaines. On est même très éloigné du style d’un voltaire traitant du roi soleil. On dirait un récit éminemment moderne digne d’un néo-cynique très à l’aise dans son époque et dans sa société prête à tolérer sa liberté de ton. Bien sûr, pour l’apprécier pleinement il faut s’y connaitre un peu sur la société ottomane mais le texte se lit facilement et les idées y sont clairement exposées.

C’est très agréable de voir certains événements sous un angle assez différent de ce qu’on a l’habitude. Ce livre m’a beaucoup apporté lors de la rédaction de l’article sur la bataille de Saint Gotthard 1664 paru dans Vae Victis il y a deux ans. Il m’a permis de rehausser quelques aspects minimisés par Ferenc Toth dans son livre traitant du même sujet aux éditions Lavauzelle. Hongrois, Ferenc Toth ne peut se démarquer de la position de l’occident chrétien et son regard sur ces évènements (surtout qu’il est chaperonné par les éminents polémologues français), sans être aucunement partisan, ne lui permet pas de mettre en valeur certains aspects de l’événement.
Lire Çelebi en miroir permet de se faire une meilleure idée de la situation.

A ce propos, le récit de Çelebi est certainement celui qui se rapproche le plus de l’analyse de l’historien moderne qu’est Ferenc Toth. Il est bien différent de ce que j’ai pu lire de la part d’autres acteurs de la bataille qui se trouvaient sur l’autre rive et en particulier les généraux français et Montecuccoli le général en chef impérial. Comme d’habitude, à lire tout ce beau monde, on n’a pas l’impression qu’ils aient participé à la même bataille ; mais dans tout cela, le récit de Çelebi est le plus pertinent et aussi le plus marrant car il n’hésite pas à chambrer ses collègues quitte à les taxer d’incompétence.

A travers tous cela, on peut comprendre en filigrane l’attrait que pouvait exercer l’empire ottoman sur certains hommes plus portés sur les choses de la vie que sur la religion ou le paraitre courtisan. Une certaine liberté individuelle, où la rigidité sociale était assouplie par une relative douceur de vivre dont on tolérait beaucoup d’excès à condition qu’ils ne dégénèrent pas en vices. Bien sûr, il faut relativiser compte tenu du contexte mais après tout est-ce bien étonnant pour une société où l’ambition suprême était de devenir esclave (de la porte : Kapu Kulari) ?

Bref, on regrette que le reste de son œuvre ne soit pas traduite en français. On regrette aussi que d’autres auteurs "exotiques" ne le soient pas également.
Pour ce qui est des turcs, c’est sûr, cela ne peut que déplaire à certains qui refusent de voir leur apport dans notre monde moderne et peuvent continuer à argumenter et déblatérer sur eux. En apprendre plus sur cette culture et sa promiscuité pour ne pas dire proximité avec notre univers "occidental", risquerait d’effondrer pas mal de leurs argumentaires comme un château de carte sous le souffle du vent, pour ne retenir que ce qui compte réellement.

Pour le plaisir un très bref extrait :
"Ensuite, les canons à long fût et les "Balliamezza" firent feu, provoquant l’ébranlement de la terre et des cieux, comme le fracas du tonnerre. Il y eut à trois reprises des salves de mousquets et de canons qui éblouirent la ville d’une telle intensité lumineuse qu’on aurait dit qu’une vieille femme se remariait et entrait dans la nuit des noces de bonheur."
Stéphane


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