19 avril 2024

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Turquie : Art et culture

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Turquie : Art et culture

LA CULTURE ET L’ART TURCS, D’HIER À AUJOURD’HUI

La danse

La Turquie se singularise par une riche tradition de danses folkloriques qui puisent chacune leurs racines dans un passé lointain et qui affichent une grande diversité et originalité en fonction des régions dont elles proviennent. Parmi les danses les plus populaires, nous pouvons citer le “Çayda Çıra”, une danse qui se pratique le soir en Anatolie centrale, dans la région de Sivas et au cours de laquelle des jeunes filles habillées de kaftan brodés d’or et d’argent exécutent des figures dans l’obscurité en tenant dans leurs mains des bougies ; le “Silifke Yoğurdu”, une danse de la région de Mersin sur la côte méditerranéenne qui voit les participants danser en frappant l’une contre l’autre au dessus de leurs têtes des cuillères en bois. La danse dite de “Şeyh Şamil”, originaire de la ville de Kars et qui met en scène un héros légendaire du Caucase est aussi une danse très populaire. Citons également la danse “Kılıç Kalkan”, une danse épique de la région de Bursa qui se danse avec des épées et des boucliers ainsi que le célèbre “Zeybek”, danse traditionnelle virile de la côte égéenne où les danseurs-exclusivement des hommes-exécutent des pas en mettant leurs genoux au sol.

Le folklore a exercé une influence considérable sur le ballet, genre qui fut d’abord importé en Turquie d’Europe et de Russie et qui, par la suite, fut institutionnalisé, en même temps que les autres arts, pendant la période de la république. De nos jours, le Ballet National Turc, qui est redevable de son importance et de son développement actuel à la chorégraphe irlandaise Dame Ninette de Valois met en scène des classiques internationaux, tant à Istanbul qu’à Ankara. Depuis quelques temps, de nouvelles productions étrangères et turques ont été incorporées au répertoire et de nombreuses compagnies prestigieuses de danse moderne comme, par exemple, “Anadolu Atesi”, ont commencé à donner des représentations dans le monde entier.

La Musique

La musique turque qui, avec le développement de la culture du Palais, a évolué de ses bases folkloriques en direction d’une musique que l’on pourrait qualifier de classique, a atteint sa maturité au 16ème siècle, avec le compositeur “İtri”. “Dede Efendi”, “Hacı Arif Bey” et “Tamburi Cemil Bey” prennent place parmi les figures importantes de la composition classique turque. De nos jours encore, ce genre musical est pratiqué par les professionnels et recueille l’intérêt d’un large public. La musique classique turque, appelée également en Turquie “Türk Sanat Müziği” et dont les instruments principaux sont le Tambur, le Ney et le Kanun, occupe une place importante dans la tradition musicale nationale.

La musique folklorique, quant à elle, s’est développée pas à pas pendant des siècles dans les régions rurales de la Turquie. Dans les archives musicales sont conservées pas moins de 10 000 chansons, aux rythmes et thèmes différents, appartenant à ce genre. La musique religieuse (turque), dont l’exemple le plus abouti est la musique soufie (mevlevi) et qui est généralement interprétée sous forme de chants, est riche d’une tradition multiséculaire.

C’est grâce aux cérémonies organisées au Palais (à la cour), auxquelles étaient invités des orchestres européens, que les Turcs firent connaissance avec la musique classique occidentale. Le grand compositeur italien Donizetti a dirigé pendant de nombreuses années l’orchestre de la cour ottomane. Le premier ensemble de musique militaire a été fondé au 19ème siècle. Pendant la période de la République, l’orchestre symphonique présidentiel, fondé en 1924 et l’orchestre du conservatoire de la ville d’Istanbul, ont grandement contribué à faire connaître la musique classique occidentale au public turc. Les compositeurs turcs, quant à eux, ont puisé leur inspiration à la fois dans la musique folklorique et dans la musique classique turque et ont contribué au développement de ces deux genres. De nos jours, des personnalités telles les chefs d’orchestre Hikmet Şimşek et Gürer Aykal, les pianistes İdil Biret ainsi que les soeurs Güher et Süher Pekinel, ou encore le violoniste Suna Kan sont des virtuoses reconnus au niveau international. Chacun des concerts que Leyla Gencer, qui est l’une des sopranos les plus connues de la Scala de Milan, donnait dans sa ville natale d’Istanbul rencontrait un grand intérêt de la part du public.

Le théâtre et le cinéma

On considère généralement que le théâtre turc est né avec Hacivat et Karagöz, théâtre d’ombres qui peut être appréhendé comme un mélange entre la farce moralisatrice telle que représentée par Punch et Judy et le comique grossier de Laurel et Hardy. Par la suite, l’art théâtral a poursuivi son développement avec des pièces perpétuant la tradition orale, interprétées principalement par des hommes et mises en scène dans des lieux ouverts au public comme les cafés et les parcs.

Atatürk a accordé beaucoup d’importance à l’art sous toutes ses formes, a fermement soutenu le théâtre, la musique et le ballet et a encouragé la création d’institutions artistiques. De nos jours, la Turquie peut s’enorgueillir de son théâtre professionnel, de son ballet et de son opéra, de ses réalisations artistiques éblouissantes ainsi que de son industrie cinématographique en plein développement.

En Turquie, c’est à l’approche des années 50 qu’un cinéma indépendant de la tradition théâtrale, possédant son langage propre voit le jour. Le premier réalisateur à utiliser ce langage fut Ömer Lütfi Akad. A partir des années 60, la production s’accélère et des réalisateurs tels Metin Erksan, Halit Refiğ, Ertem Göreç, Duygu Sağıroğlu, Nevzat Pesen et Memduh Ün tournent des films réussis en prenant pour sujets les problèmes sociaux de leur époque. Les années qui suivirent les années 60, années où l’influence négative de la télévision sur le cinéma se fit sentir avec de plus en plus d’acuité, furent témoins de l’apparition d’une nouvelle génération de réalisateurs parmi lesquels Yılmaz Güney, Atıf Yılmaz, Süreyya Duru, Zeki ÖkteÖkten, Şerif Gören, Fevzi Tuna, Ömer Kavur et Ali Özgentürk.

Actuellement des artistes comme Nuri Bilge Ceylan, Fatih Akın, Ferzan Özpetek, Abdullah Oğuz et Semih Kaplanoğlu occupent, avec leurs œuvres talentueuses, le devant de la scène du cinéma turc. Le film de Nuri Bilge Ceylan “Uzak” a remporté, en 2003, le grand prix du Festival de Cannes. En 2007, le film (sur le rivage de la vie) “Yaşamın Kıyısında (2006)”, dont la narration avait été écrite par Fatih Akin, a remporté le prix du meilleur scénario, toujours au même festival. Le film de Semih Kaplanoğlu “Yumurta” qui, au festival du film d’Antalya, a battu le record des prix remportés, a été choisi deuxième meilleur film du festival du film d’Estoril au Portugal et s’est vu décerné, par le jury du festival du film de Séville, le prix Eurimages. Citons également, parmi les films turcs primés, “Mutluluk” (le Bonheur) (Abdullah Oğuz, 2007), film qui a été honoré du “prix des droits de l’homme” par le Conseil de l’Europe ainsi que le film de Nuri Bilge Ceylan,“Üç Maymun” (Trois singes) qui a gagné le prix du meilleur réalisateur.

Tout au long de l’année, de nombreux festivals d’arts visuels sont organisés en Turquie, parmi lesquels le festival du film international d’Istanbul et le festival du film d’Antalya, manifestations qui jouissent d’une grande reconnaissance internationale.

Les beaux arts

Jusqu’au 18ème siècle, en Turquie, l’art pictural, qui s’exprimait sous la forme de la miniature et principalement de la d’illustration de manuscrits, a entretenu un rapport étroit avec les livres. Les nouvelles tendances apparues au 18ème dans la représentation picturale firent glisser le centre d’intérêt vers la peinture à l’huile, dont les premiers exemples furent constitués par les peintures murales. Par la suite, sous l’influence venue d’Europe, on commença à enseigner le dessin dans les écoles militaires ; c’est la raison pour laquelle, en Turquie, les premiers peintres étaient issus de la classe militaire. La modernisation de la peinture turque et l’apparition de la représentation humaine commença avec la fondation, par Osman Hamdi Bey, l’une des figures principales de la peinture turque, de l’Académie des Arts. Après la proclamation de la République en 1923, la société de peinture moderne de Turquie fut créée. Elle joua un rôle précurseur dans la fondation de nombreux organismes similaires. Avec le temps, dans les villes, les expositions de peinture se multiplièrent et un nombre sans cesse grandissant de personnes se tourna vers l’acquisition de peintures. De plus, les banques et les sociétés privées commencèrent à investir dans le secteur de l’art.

La littérature

Depuis un passé très ancien, la littérature, qui offre le reflet du passé, des légendes, du mysticisme du peuple turc et des changements politiques et sociaux qui, au cours de sa longue histoire, influencèrent le destin des territoires où il s’enracina, fait partie intégrante de la société turque. Le plus vieil héritage littéraire appartenant à la période pré-islamique sont les inscriptions de l’Orkhon, dans le Nord de la Mongolie, un ensemble de 135 vers gravés sur deux stèles et relatant les hauts faits d’un souverain turc et de son frère. Pendant l’époque ottomane, c’est la poésie qui constitue le genre littéraire prédominant. Les thèmes principaux des œuvres écrites en turc d’Anatolie ou en dialecte ottoman sont l’amour et la beauté. La littérature courtoise ottomane était fortement influencée par la culture persane et sa langue d’écriture était constituée d’un mélange d’Arabe, de Turc et de Persan. A la différence de ce qui se passait à la cour, en Anatolie, la littérature populaire “folklorique”, dans laquelle des troubadours exprimaient, dans un turc simple, leur dévotion à la nature, à l’amour et à Dieu, prévalait.

A l’entame du 20ème siècle, la langue littéraire se simplifia et l’on vit apparaître des thèmes plus politiques ou sociaux. A la fin des années 30, le grand poète Nazim Hikmet, qui fut au centre des oppositions politiques, s’inspirant du poète russe Maïakovski, introduisit le vers libre dans la littérature turque. De nos jours, la figure emblématique du roman populaire est sans conteste Yasar Kemal, maître dans l’art de la description authentique, colorée et vivante de la vie anatolienne. Les écrivains de la jeune génération, outre le thème du féminisme, exploitent la thématique chère aux intellectuels, de l’opposition Orient/Occident, qui leur permet de dépasser les thèmes sociaux traditionnels.

Entre 1950-1990 les figures de la littérature turque les plus connues et les plus appréciées par le public sont les suivantes : Tarik Dursun K., Atilla lhan, Yasar Kemal, Orhan Kemal, Kemal Tahir, Tarik Buğra, Aziz Nesin, Mustafa Necati Sepetçioğlu, Firuzan, Adalet Ağaoğlu, Sevgi Soysal, Tomris Uyar, Selim Ileri, Cevat Şakir (Halikarnas Balıkçısı), Necati Cumalı, Haldun Taner. Couvrant la même époque mais pour la poésie, nous pouvons citer : Behçet Kemal Çaglar, Necati Cumalı, Oktay Rifat, Melih Cevdet Anday, Cemal Süreya, Edip Cansever, Özdemir İnce, Ataol Behramoğlu, İsmet Özel, Ece Ayhan, Turgut Uyar, Sezai Karakoç, Bahaettin Karakoç, Ümit Yasar Oğuzcan. En 2006, le prix Nobel de littérature fut attribué à l’écrivain Orhan Pamuk qui ” parti à la recherche de l’âme de sa ville natale, a découvert de nouveaux symboles figurant les déchirements et les rapprochements entre les cultures”.

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