Médias turcs privés d’accès à un procès de néo-nazis : Berlin veut une solution
Les médias turcs ont été refoulés par le tribunal de Munich lors du procès de Beate Zschäpe, 37 ans, qui s’est ouvert mercredi 27 mars, en n’accordant aucune place garantie aux médias turcs pour couvrir le meurtre de huit ressortissants allemands d’origine turc.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Martin Schäfer a déclaré lors d’une conférence de presse gouvernementale régulière "Il serait bon que dans cette affaire, qui intéresse évidemment le public turc et les gens d’origine turque en Allemagne (...) une solution soit trouvée pour que les journalistes aient un accès correct pour couvrir les audiences".
Selon une dépêche de l’AFP, Berlin souhaite qu’une solution soit trouvée pour que les médias turcs puissent couvrir le procès.
"Compte tenu de l’indépendance de la justice, ce n’est pas à moi de dire comment cela serait possible, mais je peux néanmoins le souhaiter", a-t-il ajouté. Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a également souhaité que "l’intérêt médiatique (pour cette affaire) soit pris en compte avec sensibilité".
Membre d’un groupuscule néonazi "Clandestinité nationale-socialiste" (NSU), elle est accusée, ainsi que quatre complices, de participation aux assassinats de huit Turcs et d’un Grec entre 2000 et 2006, et d’une policière en 2007.
La secrétaire d’Etat en charge des questions d’immigration et d’intégration, Maria Böhmer, a appelé le tribunal "à revoir d’urgence sa décision et à trouver une solution" pour faire une place aux médias turcs, ainsi qu’aux médias grecs, eux aussi privés d’accès. Il en va "du respect des victimes de la série de meurtres et de leur proches", a-t-elle estimé dans un communiqué.
Pour Mme Böhmer, il s’agirait d’un geste essentiel pour regagner la confiance des familles de victimes dans les institutions. Après la découverte de la cellule néo-nazie, la police allemande avait été accusée de n’avoir pas su protéger les étrangers installés en Allemagne.
"C’est un scandale et une honte", avait déclaré mercredi le président de la communauté turque d’Allemagne Kenan Kolat. Les médias turcs ne doivent pas être "laissés à la porte", a protesté Ahmet Külahci, correspondant du quotidien turc Hürriyet en Allemagne.
Le quotidien à grand tirage Bild avait offert de céder sa place à un confrère du journal turc Hürriyet, mais le tribunal de Munich a refusé cette solution.