L’opposition hostile à toute négociation avec le PKK
« Je suis prêt à boire du poison pour y parvenir », « Nous avons promis à toutes les mères qui souffrent en Turquie, (...) que nous allons régler cette question », C’est avec c’est mot que le Premier ministre Recep Tayip Erdogan à martelé mardi devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP)
Ce n’est pas ce qu’il pensait en 2010, lorsque le Premier ministre promettait de « noyer dans le sang » les terroristes qui avaient tué onze soldats turcs, puis en novembre dernier encore, il agitait la menace d’un retour de la peine de mort pour Abdullah Öcalan. Le ton à-t-il changé aujourd’hui ? En tous les cas, le chef du PKK s’est imposé comme un interlocuteur avec le gouvernement actuel.
En prenant à bras le corps la question kurde, le chef du gouvernement turc répond aussi à tous ceux qui critiquent les failles démocratiques de son pays. Les Kurdes d’Irak disposent désormais d’une large souveraineté et ceux de Syrie ne masquent plus leurs velléités d’autonomie.
L’opposition
L’opposition du gouvernement, voient dans son ouverture kurde un calcul politique. « Il veut rentrer dans les annales de l’Histoire en devenant l’homme qui a réglé la question du PKK », estime également M. Demirtas, « comme ça, il pourra se vanter aux prochaines présidentielles en se présentant comme le candidat de la paix ». En pleine discussion sur la future Constitution, M. Erdogan échangerait la reconnaissance de droits aux Kurdes contre le soutien de leurs députés à un renforcement des pouvoirs du président, un mandat qu’il souhaite briguer en 2014.
« Si tout ceci est fait pour de petits calculs, des bénéfices électoraux ou la présidence, le processus de paix » n’avancera pas d’un pouce », met en garde Oguz Ender Birinci, rédacteur en chef du quotidien pro-kurde Ozgur Gundem.
Le Premier ministre « doit utiliser cette rare chance (de paix) avec précaution », écrivait lundi Murat Yetkin dans Hürriyet Daily News. « S’il réussit à convaincre qu’une solution au problème kurde est sur les rails et que le conflit peut s’achever, alors il a une chance d’être le Lincoln (ardent partisan d’une politique de réconciliation entre le Nord et le Sud des Etats-Unis au 19ème siècle) de la Turquie ».
« Si Erdogan échoue, il pourrait au contraire rester dans l’histoire comme le Gorbatchev de la Turquie », le président de la dissolution de l’Union soviétique, note M. Ozcan.
Le pari du Premier ministre est risqué, notent toutefois les observateurs qui font état de l’opposition d’une partie de l’opinion à tout dialogue avec le chef du PKK.
avec AFP