L’Allemagne et la France se seraient évité bien des maux de tête si elles avaient appliqué la recette grecque : le mensonge. En effet, depuis trois ans, ces deux pays se sont fait clouer au pilori pour leur déficit public dépassant le sacro-saint plafond des 3 % du PIB alors qu’il leur aurait suffi de truquer les chiffres des comptes publics et, ainsi, laisser la Commission européenne, gardienne du dogme du Pacte de stabilité et de croissance, dormir tranquille. La Grèce vient de faire la démonstration que Bruxelles n’y aurait vu que du feu. Sans l’audit mené par le gouvernement conservateur grec élu en avril dernier, et révélé le 20 septembre, elle ne se serait pas aperçue que le déficit réel de la Grèce était deux fois supérieur aux chiffres affichés : 4,1 % en 2000 au lieu de 2 %, 3,7 % en 2001 et 2002 au lieu de 1,4 % et 4,6 % en 2003 au lieu de 1,7 %. Pour 2005, le trou des finances publiques hellènes atteindra 5,3 % au lieu des 1,2 % annoncés. Certes, affirme la Commission, cela ne remet pas en cause la qualification de la Grèce pour l’euro puisqu’elle a été admise en janvier 2001 sur la base des chiffres de 1997 à 1999. On peut remarquer que, très opportunément, l’audit ne porte pas sur ces années-là et que tout laisse présager que le mensonge est bien plus ancien. Certes, le mensonge n’est pas total : la Grèce s’est simplement « contentée » de ne pas comptabiliser ses dépenses militaires. Mais si la France avait fait de même et si l’Allemagne avait sorti les dépenses liées à l’unification, ces deux pays ne seraient jamais sortis de l’épure de Maastricht.
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