19 avril 2024

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Economie

Tourisme : L’exemple turc

Publié le | par TN-pige | Nombre de visite 1081

Alors que le Maroc peine à atteindre le cap de 10 millions de touristes en 2010, la Turquie s’apprête à en accueillir 30 millions la même année. Elle y va d’un pas assuré. Ce qui en fait un « cas » à étudier.

Jeudi 6 août. Aéroport Atatürk, à 24 kilomètres du centre-ville d’Istanbul. Après 4 heures et 20 minutes dans le ciel, un Boeing 737-800 de la RAM arrivant presque complet de l’aéroport Mohammed V de Casablanca vient d’atterrir. En quittant l’avion, les passagers de ce vol AT 910, Marocains pour la plupart, traversent de longs couloirs puis empruntent des escalators, avant d’arriver vers le hall indiqué pour reprendre leurs bagages dans le terminal I. De là, ils rejoindront, juste une vingtaine de minutes plus tard, les files d’attente qui commencent à s’allonger devant les nombreux guichets donnant vers les portes de sortie. Ici et là, des agents en uniforme vérifient les passeports des arrivants avec à la fois circonspection et agilité. A certains passagers, quelques questions baragouinées en anglais sont posées. A d’autres, il est demandé d’aller payer sur place leur visa dans un autre guichet ouvert à cet effet. Les Marocains sont les seuls à être exempts de cette formalité et épargnés par les questions. Seul un « marhaba » enjoué leur est lancé par certains agents. A la sortie, un employé de l’aéroport explique, avec le sourire, à un couple curieux qui l’a interrogé que l’aéroport d’Atatürk dit aussi nouvel aéroport est quatre fois plus grand que l’ancien. « Nous disposons maintenant de 160 guichets d’enregistrement de bagages, de 64 guichets de contrôle de police, de 34 détecteurs rayon-x, de 8 tapis roulants d’une capacité de 10.000 bagages, de 45 ascenseurs, de 21 escalators et de près d’un kilomètre et demi de trottoirs roulants », déclame l’employé d’un ton fier. « C’est vrai qu’en arrivant dans cet aéroport, le grand aéroport de Casablanca paraît tout à coup étroit », murmure une jeune marrakchie. Elle vient à Istanbul enseigner la langue arabe à des enfants turcs. La jeune fille est une exception, les autres passagers disent, pour la plupart, arriver en Turquie en touristes. Ce n’est d’ailleurs pas la première visite du genre pour quelques uns d’entre eux.

A la sortie, un essaim d’hommes et de femmes attend sans faire de bruit. Au-dessus de leurs têtes flottent différents noms inscrits en grand sur des pages blanches. Des noms marocains sont dans le lot. Au fur et à mesure, les passagers, seuls ou accompagnés, commencent à répondre à ces appels silencieux. Dès lors, on n’entend plus répéter que welcome in Turkey ou « marhaba ». C’est à ce moment que commence déjà la découverte du pays.

Dès que le visiteur marocain foule le sol turc, Istanbul le surprend à la fois par son aspect ordonné, moderne, européen et par l’emprunte musulmane qui la marque. Ce sont d’ailleurs les nombreux minarets des mosquées qui attirent en premier le regard.

L’ancienne Byzance qui avait aussi porté le nom de Constantinople, est pour la Turquie ce que Casablanca est pour le Maroc. Avec plus de douze millions d’habitants (la Turquie en compte quelque 71 millions), c’est à la fois la capitale économique et la plus grande ville du pays (environ 365 km²).

A cheval sur l’Europe et l’Asie, la situation d’Istanbul lui donne un attrait particulier. Surplombant d’un côté comme de l’autre le détroit du Bosphore, elle respire l’histoire. Les Grecs, les Romains et les Ottomans y ont laissé bien des traces. Souvent, le touriste en court séjour sort rarement de cette ville qui est la porte de « la Turquie ». Une dizaine de jours ne lui suffisent pas pour découvrir le tiers de ce qu’il y à voir.

C’est vers l’ancienne ville qu’affluent les visiteurs. C’est là que sont situés les hôtels les mieux prisés par les touristes aux grandes bourses comme par ceux aux bourses moyennes. C’est aussi là que bât le cœur d’Istanbul.

De jour comme de nuit, ici, les rues, toujours propres et bien entretenues, pullulent de monde. Les promeneurs, nombreux, papillonnent à travers bazars, boutiques et petites échoppes. Au passage, des serveurs tentent d’inviter quelques badauds en essayant de deviner leur nationalité. Dans la bonhomie, ils leur lancent quelques mots en différentes langues, y compris arabes. Tout près de là, de temps à autre, un tramway passe, suivi de taxis en jaune et noir et de nombreuses autres voitures. Le tout régulé par une impeccable signalisation.

Même si la ville est très marchande, ce sont surtout les mosquées ouvertes à toutes et à tous, les monuments historiques bien conservés et les musées d’où on sort la tête bien pleine, qui attirent le plus grand monde. En arrivant, les visiteurs marocains affluent dès la première journée de leur séjour vers la célèbre mosquée bleue appelée localement « Sultanahmet camii ». Cette mosquée a été construite sous le règne du sultan Ahmet Ier entre les années 1609 et 1616. Eclairée de l’intérieur par 260 fenêtres, ce lieu de culte qui est des plus visités de tout le pays, doit son nom aux nombreuses faïences de couleur bleue qui l’ornent. Non loin de là, la visite peut s’étendre à la mosquée Süleymaniye, voire à la mosquée Eyüp Sultan… Mais il n’y a pas que les mosquées qui attirent les Marocains, comme tant d’autres touristes.

Autant que le somptueux palais de Dolmabahçe qui surplombe le Bosphore, le palais de Topkapı (Topkapı sarayı) attire aussi les foules. Situé au bord de la vieille ville à la pointe de la Corne d’Or, ce palais des sultans ottomans transformé depuis 1924 en musée, offre une vue imprenable à la fois sur la mer de Marmara et sur le Bosphore. Mais ce n’est pas là le seul secret de son succès surtout auprès des communautés musulmanes. C’est dans un écrin exposé dans l’un des nombreux compartiments de cet immense palais que sont conservés des cheveux du prophète sidna Mohamed. C’est ici aussi que l’on peut observer l’emprunte de son pied, comme on peut voir son épée et celles de ses proches compagnons. On peut même découvrir le bâton de Sidna Souleiman… Les gardiens des lieux se montrent vigilants pour préserver ces objets. Ils interdisent même que quiconque les prennent en photo.

Par ailleurs, il y a tant d’autres lieux cultes à découvrir à Istanbul : les îles des Princes où on ne se déplace qu’en calèches, la très branchée avenue Istiklal que traverse l’antique petit funiculaire, la splendide tour de Galata… Ce n’est pas pour rien que la ville a été choisie comme capitale culturelle de l’Europe pour 2010.

Autre atout majeur : les différents modes de locomotion publics mis en place facilitent la vie. Outre le tramway et les taxis, il y aussi le métro et les bus, en plus des bateaux-navettes. Ce n’est donc pas par hasard qu’Istanbul a attiré, à elle seule, en 2008, plus de sept millions de visiteurs. Soit près du quart des 26 millions de touristes ayant visité la Turquie cette année-là. Un chiffre où le taux des touristes arabes, dont les Marocains, va en augmentant, surtout après le succès du télé-feuilleton turc Noor qui a révélé le pays d’Atatürk au monde arabe. A titre indicatif, au premier semestre de cette année, 500.000 ressortissants arabes dont près de 10% de Marocains, ont visité la Turquie, selon un responsable stambouliote sur le tourisme.

Il faut noter que la Turquie compte dépasser les 30 millions de touristes en 2011 pour atteindre un total de 50 millions de visiteurs internationaux en 2020. Pour ce faire aucune niche n’est négligée : le tourisme balnéaire, culturel, médical, de mode, de shopping… Le Maroc devra en prendre de la graine.

Dans le pays de Mohanned

Au cours de la traversée par bateau du Bosphore, qui constitue une excursion très prisée par les touristes, les guides s’attardent dans leurs explications sur les somptueuses demeures dans lesquelles avaient été tournés différents épisodes de Noor. Ce télé-feuilleton turc a connu un surprenant succès dans tout le monde arabe. C’est d’ailleurs cette série qui a fait connaître les splendides paysages turcs auprès des téléspectateurs arabes.

Aujourd’hui, les Turcs reconnaissent à Mohanned et à Noor le mérite d’avoir boosté le nombre de touristes arabes qui visitent la Turquie. Et les séries télévisées turques (doublées en arabe) se succèdent pour bien entretenir cette niche. Au milieu de l’histoire, souvent banale, qu’elles racontent, toutes mettent en relief, d’une manière intelligence, les plus beaux sites du pays. Le plus souvent, ce sont les beaux paysages et monuments d’Istanbul qu’ils font voir le plus.

Témoignages

 Après ma visite de la Turquie, j’ai failli pleurer en rentrant chez moi au Maroc, sachant que j’allais laisser derrière moi un pays pareil. Et ceci même si je n’avais visité qu’une seule ville. J’ai du mal à imaginer ce qui aurait pu se passer si j’avais pu voir le reste du pays. J’ai été surtout très marqué par la civilisation qu’ils ont, qu’ils ont pu garder, et qu’ils ont élaborée au profit du tourisme.

Quelle fut grande ma surprise quand j’ai découvert la mosquée bleue, même si je portais un short ! Ma réflexion : « open mind ». Contrairement à nous, Marocains coincés par les symboliques…

Le premier lieu culturel que j’ai visité, était l’« Istanbul modern », un musée d’art contemporain comprenant les œuvres les plus osées que la Turquie a pu avoir depuis la fin du 19ème siècle. C’est à travers ce lieu culturel que j’ai remarqué que les turcs donnent beaucoup d’importance à la culture, qu’ils ont un art de vivre, contrairement à nous. Un art de vivre que j’ai senti auprès d’un mendiant, auprès d’un serveur, auprès d’un vendeur, auprès d’un rabatteur, auprès de tous ! Même auprès des policiers que je croisais à l’Istiklal Cadessi ou au Taksim Square et qui n’ont jamais dérangé mon sens et mon envie de la découverte.

Et puis je ne me suis pas senti étranger puisque chez l’épicier ou au supermarché, on me prenait pour un turc.

Istanbul est une ville cosmopolite, où les gens respectent les étrangers qui se sentent chez eux. Là, je me suis rappelé le harcèlement qu’exercent nos commerçants de la place Jamâa El Fna. Du n’importe quoi, en comparaison avec le vrai accueil chaleureux et la vraie hospitalité que m’ont offert les Turcs. Et quelle mentalité ! Quel esprit ! Quel sens de l’organisation ! On est à des années lumières si l’on veut comparer notre pays au leur.

Dernièrement, j’ai eu l’occasion et pour la première fois de mettre les pieds au Chellah à Rabat. Là j’ai pu encore voir qu’en comparaison avec la Turquie, le Maroc sous-estime la culture marocaine...

Ce qui m’a aussi vraiment marqué à Istanbul, c’est le respect de l’autre, peut-être que c’est à cause de la laïcité qui a permis au peuple turc de vivre dans l’émancipation totale sans qu’aucun ne porte un jugement sur l’autre.

Par ailleurs, ce qui m’a frappé le plus c’est de voir ces guichets ouverts dans les musées spécialement pour les citoyens turcs à 1 lire turque. Oui, des guichets que pour les Turcs. Quel respect pour les citoyens.

Je ne jurerai dans la vie que par Istanbul.

Ahmed Madkouri

 La Turquie est un pays superbement beau, superbement organisé. Les gens sont ouverts et très gentils. Tous les monuments et tous les musées sont à voir. La ville est très romantique et à visiter en couple. La cuisine est très bonne. Les prix sont vraiment abordables. Les hôtels ne sont pas chers et très confortables. Le transport est disponible et tout est bien desservi. Les différents palais, la croisière sur le Bosphore, les îles des princes... Que de choses à faire !

La différence de culture et d’attitude et d’architecture entre le côté européen et le côté asiatique est aussi frappante.

Amine Kochlef

 La Turquie est un très beau pays. J’ai eu l’occasion de visiter Istanbul au cours d’une semaine enrichissante, très enrichissante ! Je souligne que le fait d’y aller sans visa m’a beaucoup plu car j’ai décidé ce voyage sur une prise de tête. Je récidiverai dès que l’occasion se présentera. J’ai beaucoup appris sur les Ottomans : visiter le Topkapi a été un vrai privilège pour moi. Voir les objets personnels du prophète et des autres prophètes comme le bâton de Sidna Moussa m’a donné la chaire de poule. J’ai même pleuré. Le fait de savoir qu’à Istanbul, il y a 2800 mosquées est magnifique, impressionnant. En Turquie, j’ai appris qu’il y en a plus de 25.000. J’ai aussi apprécié l’histoire de la mosquée sainte Sophie qui a été pendant plusieurs années une église. En gros, visiter l’ancienne médina de la ville m’a beaucoup apporté… Le palais du sultan Abdou el Aziz est aussi une vraie merveille ! C’était aussi impressionnant de découvrir les objets personnels des sultans et de voir les salons, les parures en diamants, les rubis, les caftans… J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cette ville. Pour comparer la Turquie au Maroc, je dirais que les Turcs sont chaleureux et très gentils… Mais, il faut juste faire gaffe quand on fait des achats. C’est le même esprit que les Marocains avec les touristes. Bonjour l’escroquerie. Du reste, il y a beaucoup de sécurité. On n’a jamais eu de problème à ce niveau là : tout le contraire du Maroc, parfois. Esprit d’intégrité et de fierté chez les stambouliotes : ils favorisent la musique, les films, les chaînes de télé et les produits turcs, contrairement à ce qui se passe au Maroc… Pour ce qui est du niveau de vie : les gens disent que ce n’est pas cher, mais la vérité c’est le même niveau qu’au Maroc. Par contre, le Maroc reste le Top concernant l’art culinaire ! Je n’ai pas du tout aimé la cuisine turque ! Mais, vivre pendant quelques mois en Turquie ne me dérangerait pas du tout

Widad Faiz

Par : Mohamed Zainabi

Source : lereporter.ma


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