Les autorités turques n’ont pas renoncé à leur projet d’aménagement de la place Taksim d’Istanbul, à l’origine de la violente fronde antigouvernementale de 2013, qui figure dans leur plan stratégique pour 2015-2016, ont rapporté mercredi les médias turcs.
Ce projet de la municipalité d’Istanbul, intitulé "reconstruction urbaine de la place Taksim et de la caserne militaire de Taksim", est crédité d’un budget de 12 millions de livres turques (4,3 millions d’euros), a précisé l’agence de presse Dogan.
La reconstruction d’une caserne ottomane en lieu et place du désormais fameux parc Gezi, un petit jardin public qui surplombe la place Taksim, est à l’origine de la plus importante vague de contestation contre l’actuel gouvernement islamo-conservateur turc depuis son arrivée pouvoir en 2002.
Le 31 mai 2013, la répression violente de la mobilisation d’une poignée d’écologistes hostiles à la destruction du parc avait dégénéré en une lame de fond contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd’hui président.
Pendant trois semaines, quelque 3,5 millions de Turcs ont dénoncé dans les rues la dérive autoritaire et islamique de l’homme fort du pays.
Ces émeutes ont fait au moins huit morts et plus de 8.000 blessés, ainsi que des milliers d’arrestations dans tout le pays.
Pour faire baisser la tension, M. Erdogan avait promis un référendum sur le projet contesté, suspendu par ailleurs par la justice turque.
Le document cité par les médias turcs ne mentionne pas le sort réservé au parc Gezi.
Les ONG à l’origine de la mobilisation de juin 2013 ont quoi qu’il en soit déjà promis de s’opposer au projet de la municipalité.
"C’est une insulte aux millions de personnes qui vivent dans cette ville", a dénoncé un médecin membre du collectif Taksim Solidarité, Ali Cerkezoglu.
L’actuel Premier ministre Ahmet Davutoglu avait récemment qualifié la place Taksim, sous sa forme actuelle, de "place la plus horrible au monde".
avec AFP