Réponse au CCAF : Vérité historique, droit international et respect des faits

Réponse au CCAF : Vérité historique, droit international et respect des faits
17 avril 2025 – Par Tahsin Tek
Le 24 avril 2025 marquera le 110e anniversaire des événements tragiques de 1915, souvent qualifiés à tort de « génocide » par certaines organisations comme le CCAF. Une fois encore, des accusations infondées, teintées d’une hostilité politique assumée envers la Turquie et l’Azerbaïdjan, sont brandies pour déformer l’histoire, manipuler l’opinion publique et travestir la réalité géopolitique du Caucase.
Afin de rétablir les faits, il est impératif d’apporter une réponse rigoureuse, fondée sur les sources historiques, le droit international et les décisions des instances judiciaires compétentes.
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1. Les événements de 1915 : une tragédie, mais pas un génocide au sens juridique
Contrairement aux affirmations du CCAF, les événements de 1915 ne peuvent être qualifiés de génocide au sens de la Convention des Nations Unies de 1948. Cette définition, juridiquement contraignante, repose sur l’intention de détruire « en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Or, aucun tribunal international, ni la Cour pénale internationale, ni la Cour européenne des droits de l’homme, ni aucun organe de l’ONU, n’a jamais reconnu les événements de 1915 comme un génocide au sens du droit. Le Parlement turc, ainsi que de nombreux historiens indépendants (dont Bernard Lewis, Guenter Lewy ou encore Gilles Veinstein), ont rappelé qu’il s’agissait d’un transfert forcé dans un contexte de guerre civile, de soulèvements arméniens et d’une alliance objective entre les nationalistes arméniens et l’Empire russe, alors en guerre contre l’Empire ottoman.
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2. L’instrumentalisation du mot « génocide » : une construction géopolitique soviétique
Il est intéressant de rappeler que ce récit de « génocide » n’a pas émergé immédiatement après 1915. Ce n’est que dans les années 1960, sous l’impulsion de l’URSS, que la thèse du génocide arménien a été promue à des fins de propagande anti-turque dans le cadre de la guerre froide. En 2021, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a lui-même reconnu publiquement, en Suisse, que l’usage du terme « génocide » avait été introduit dans le discours politique arménien à partir des années 1950 pour des raisons idéologiques, bien plus que sur la base d’une vérité historique ou juridique.
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3. La vérité sur le Haut-Karabakh : une occupation illégale arménienne
L’affirmation selon laquelle l’Azerbaïdjan aurait procédé à un « nettoyage ethnique » dans le Haut-Karabakh est une inversion cynique des faits. En réalité, c’est l’Arménie qui, en 1992, a envahi et occupé militairement le Haut-Karabakh et sept régions avoisinantes, expulsant près d’un million d’Azerbaïdjanais de leurs terres ancestrales.
La résolution 822, 853, 874 et 884 du Conseil de sécurité de l’ONU ont exigé le retrait immédiat des forces arméniennes des territoires occupés d’Azerbaïdjan. Cette occupation, qui a duré plus de 30 ans, est une violation flagrante du droit international.
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4. Le massacre de Khodjaly : un crime contre l’humanité passé sous silence
Le 26 février 1992, à Khodjaly, les forces armées arméniennes ont massacré 613 civils azerbaïdjanais, dont 106 femmes et 83 enfants, dans ce qui est désormais reconnu comme un crime contre l’humanité par de nombreux États et ONG internationales. Ce massacre, documenté par Human Rights Watch et Memorial, n’a jamais fait l’objet d’un procès ou de reconnaissance officielle par l’Arménie.
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5. Une paix durable passe par la reconnaissance mutuelle et la fin de la haine
Plutôt que de perpétuer les rancunes historiques et de promouvoir une version falsifiée de l’histoire, il est temps de construire une paix véritable dans le Caucase, fondée sur la reconnaissance mutuelle, la coopération régionale et le respect du droit international.
La Turquie, tout comme l’Azerbaïdjan, a toujours appelé à l’établissement d’une commission historique conjointe, composée d’historiens internationaux, pour faire toute la lumière sur les événements de 1915. L’Arménie, jusqu’à aujourd’hui, refuse cette initiative. Pourquoi refuser le débat, si l’on croit à la vérité ?
Le devoir de mémoire est sacré. Mais il ne peut être construit sur le mensonge, la manipulation et la haine. Pour honorer les morts, il faut d’abord respecter la vérité, toute la vérité.
Le 24 avril ne peut pas être le prétexte à une haine dirigée contre les peuples turc et azerbaïdjanais. C’est au contraire l’occasion de rappeler que la paix ne se construira pas sur des récits exclusifs, mais sur la justice et la vérité partagée.