Après 50 ans d’inactivité pour cause de tensions ethniques entre Turcs et Grecs, la maison d’édition grecque Istos, basée à Istanbul, va reprendre ses activités et redémarrer ses presses. Les fondateurs, sept Grecs et Turcs, souhaitent publier des ouvrages bilingues sur la communauté grecque orthodoxe d’Instanbul, et sur l’héritage culturel qu’elle a laissé à la métropole turque.

« Notre première publication sera un livre du patriarche grec orthodoxe Dositheos Anagnostopoulos, consacré aux problèmes auxquels les Grecs furent confrontés lors de leur arrivée en Turquie » révèle Haris Rigas, un éditeur de chez Istos. Tout un programme : si la maison d’édition a pu renaître, c’est surtout parce que les tensions entre les deux communautés se sont adoucies.

Pour en trouver les causes, il faut remonter jusqu’en 1923, quand la Turquie était encore l’Empire Ottoman, qu’elle avait perdu la Première Guerre mondiale et qu’elle signait avec la Grèce le traité de Lausanne qui prévoyait un échange de populations. 1 300 000 Grecs quittent la Turquie, 385 000 Turcs s’éloignent des rivages grecs. De fréquents massacres pendant la guerre gréco-turque avaient fini d’aiguillonner le ressentiment dans les deux camps. La crise de Chypre, en 1964, a fini par réduire le nombre de Grecs à Istanbul à 3000 individus.

« Les Grecs sont plus confiants aujourd’hui. Un grand changement s’est opéré dans les coeurs et les consciences » explique Rigas : mais la communauté est encore très réduite, et il est parfois difficile de dénicher un traducteur capable de transcrire en turc. Mais « il y a une volonté croissante des Turcs pour apprendre le Grec. Et Istos y participera. » Istanbul va peut-être accueillir de nouveaux expatriés grecs, marasme économique oblige.

Sources : Actualitté

The Guardian

Greek Reporter