Les diplomates turcs ne sont pas les bienvenus aux réceptions arméniennes — Arménie/Turquie
Depuis plusieurs années la Turquie multiplie les gestes amicaux envers l’Arménie mais chaque appel turc reste lettre sans réponse ou essuie un refus catégorique. L’invitation d’Abdullah Gül au match de football Arménie-Turquie à Erevan lancé par Serge Sarkissian fut une première dans la politique étrangère arménienne vis à vis des Turcs. Pour la première fois depuis son indépendance, le gouvernement arménien considérant que la Turquie n’était plus un non-pays mais existait bel et bien sur la scène diplomatique internationale. Les raisons de ce retournement à 180° restent encore floues. véritables bonnes intentions ? Manipulation ? Toutes les hypothèses restent possibles mais on notera que ce revirement coincide avec l’année où la propagande des ultra-nationalistes arméniens à propos des événements de 1914-1922 a essuyé deux cuisantes défaites sur la scène du lobbying politique.
De leur côté, les employés des ambassades turques à l’étranger avaient toute liberté de suivre les réceptions données à l’occasion de la journée de l’Indépendance arménienne la semaine passée. Le jour de l’indépendance arménienne est marqué le 21 septembre qui est tombé cette année un dimanche. Le ministère turc des Affaires Etrangères a laissé les employés des ambassades turques libres de décider s’ils devaient suivre des réceptions marquant cet évènement. Auparavant le ministère turc des Affaires Etrangères publiait, par précaution, des circulaires demandant aux employés des ambassades de ne pas suivre les réceptions organisées par l’Arménie compte tenu de la politique étrangère agressives de la diplomatie arménienne vis à vis des Turcs.
Selon la presse turque cette année, il n’y a eu aucune circulaire publiée par le ministère qui a laissé les ambassades libres de prendre leur propre décision.
Un fonctionnaire du Ministère arménien des Affaires Etrangères a prétendu à l’agence Cihan par téléphone qu’ils avaient envoyé des invitations cette année à tous les pays. Les années précédentes, la Turquie restait le seul pays ne recevant aucune invitation aux célébrations de l’indépendance de l’Arménie. Pourtant la Turquie fait partie des premiers Etats à avoir reconnu l’indépendance arménienne suite à l’éclatement du bloc soviétique.
En attendant, toutes les ambassades contactées par l’agence de presse Cihan ont démenti les propos du MAF arménien et dit que, comme les années précédentes, elles n’avaient pas reçu d’invitation, notant qu’aucune participation au niveau d’un ambassadeur ou vice chef de mission n’a donc pu avoir lieu.
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.