Istanbul et un peu partout en Turquie
A Istanbul, les joueurs de tambour qui rythment le mois saint s’inquiètent pour l’avenir de la profession, relate The Guardian. Ils sont les héritiers d’une tradition ancienne, qui consiste à réveiller les jeûneurs pour le dernier repas de la nuit.
Il est plus de 2 heures du matin. Carli arrange une dernière fois son costume de velours rouge. “Le premier soir, on est toujours nerveux", avoue-t-il. Carli est l’un des derniers joueurs de tambour du ramadan. Gardiens d’une tradition qui remonte à l’époque de l’Empire ottoman, ces hommes parcourent les rues de la ville pour réveiller les habitants au son de leur instrument, à temps pour le sahour. C’est le dernier repas de la fin de la nuit qui commence avec l’appel de la prière.
Carli s’acquitte de cette tâche depuis plus de vingt ans. Dans le quartier d’Elmadag, à Istanbul, les habitants l’accueillent comme un vieil ami quand ils le voient passer devant chez eux. Le premier soir du ramadan, explique Carli, il chante un mâni. Ce court poème de quatre vers salue le début du onzième mois, qui est le plus saint du calendrier musulman. "Mon répertoire sera beaucoup plus varié après ; ce soir, je veux que les gens soient heureux de l’arrivée du ramadan", confie-t-il. Au roulement du tambour, les lumières s’allument dans les appartements. Les occupants passent la tête par la fenêtre ou par la porte, des enfants agitent la main. De temps à autre, la musique déclenche l’alarme d’une voiture. Le bruit en agace-t-il parfois certains ? Carli secoue la tête.
Lui et ses collègues craignent que la tradition ne meure. Les vieux quartiers d’Istanbul cèdent progressivement la place aux tours. Par ailleurs, sur les 32 municipalités que compte la ville, neuf ont interdit les tambours pour cause de pollution sonore. A l’époque de la télévision, du téléphone portable et des horloges électriques, personne ne risque d’oublier de se lever à temps pour le sahour, se justifient-elles. A en croire Carli, cette occupation saisonnière ne représente pas uniquement pour lui une source de revenus vitale – les habitants lui laissent au total jusqu’à 500 euros de pourboires. C’est aussi un élément essentiel de l’histoire de la ville. “C’est l’une des pus importantes traditions qui soient. Le ramadan sans le son des tambours, c’est impensable."
Sources : Courrier international