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Le président turc plus puissant que jamais ?

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Le président turc plus puissant que jamais ?

PAR Alexandre Billette (Correspondant à Istanbul) Publié le samedi 16 juillet 2016 à 18h42 - Mis à jour le samedi 16 juillet 2016 à 20h24

SOURCE :http://m.lalibre.be/actu/international/le-president-turc-plus-puissant-que-jamais-578a63ea35705dcbd700c081

Turquie : putsch déjoué mais tensions persistantes, des vidéos montrent des lynchages de putschistes

Vingt-quatre heures après avoir vu son pouvoir vaciller par la première tentative de putsch qu’a connu le pays depuis des décennies, le président Recep Tayyip Erdogan est aujourd’hui plus que jamais aux commandes de la Turquie, et pourrait bien tirer profit de cette menace pour enfin obtenir les pleins pouvoirs.

Quelques heures après le début du putsch raté, les autorités turques ont immédiatement pointé du doigt la responsabilité de Fethullah Gülen, influent imam exilé aux Etats-Unis, ancien allié de Recep Tayyip Erdogan devenu la bête noire du régime. Le président turc et son premier ministre, Binali Yildirim, ont répété à l’envi samedi les accusations contre les "forces parallèles", appellation habituelle par le pouvoir turc de la nébuleuse des sympathisants de l’imam Gülen, dont l’influence au sein du pouvoir et de l’administration turcs ont déjà été quasiment réduits à néant au cours de purges effectuées ces dernières années.

Des purges qui pourraient bien se poursuivre, de façon plus large et plus radicale, au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Déjà, samedi, 2745 juges ont été limogés à l’échelle du pays par le Haut conseil de la Justice, pour avoir "sympathisé" avec les forces putschistes, sans que le caractère de leur participation ne soit clair pour le moment.

Un "grand ménage" qui pourrait se poursuivre dans les prochains jours, permettant au pouvoir turc de s’assurer des collaborateurs fidèles à tous les échelons et dans toutes les branches de l’administration du pays, tout en faisant planer sur toutes les formes d’opposition la menace d’accusation de sympathie à l’égard du mouvement putschiste – même si dans les faits, la tentative de coup d’Etat a été dénoncée de façon assez générale, y compris par les partis d’opposition à Recep Tayyip Erdogan.

Malgré les accusations spontanées du pouvoir turc à l’égard de « l’organisation terroriste Fethullah Gülen », il semble encore bien tôt pour identifier l’origine et les motivations des putschistes. L’armée turque, qui a par le passé fait bloc pour déposer des régimes civils, ne semble plus être que l’ombre d’elle-même. Pour la première fois, l’institution militaire, toute puissante depuis sa création par Atatürk, est divisée en son sein même.

Selon les premières constatations, ce sont les échelons moyens du commandement militaire qui ont participé à cette tentative de renversement du pouvoir – généraux de brigade, colonels, commandants de gendarmerie – tandis que le sommet de l’Etat-major est resté fidèle au pouvoir élu. Les autorités turques ont annoncé, samedi soir, la mise en examen de l’ancien commandant des forces aériennes du pays, Akin Öztürk, présenté par la presse turque comme le chef des putschistes.

Samedi soir, les partisans de Recep Tayyip Erdogan ont été à nouveau invité à descendre dans les rues pour « défendre la démocratie », une invitation répercutée par l’envoi de SMS à l’ensemble des abonnés du pays, et par le prêche de nombreux imams lors des appels à la prière dans la journée.

Fort d’un soutien populaire dont il a pu faire une éclatante démonstration depuis la nuit dernière, c’est aujourd’hui un boulevard qui s’ouvre pour le président Erdogan, qui entend toujours modifier la constitution pour transformer la Turquie en système présidentiel fort qu’il appelle de ses vœux. Recep Tayyp Erdogan, bien en selle dans son palais présidentiel d’Ankara, est cependant désormais aux commandes d’un pays plus polarisé qu’il ne l’a jamais été.


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